J’ai jeté mon steak haché…

steak haché

Il avait pourtant bonne mine, mon steak haché, bien emballé sous vide et en atmosphère contrôlée, avec tout un tas de labels et de codes-barres, une date limite de consommation et tout ça.

Un steak haché acheté chez un « grand distributeur », un steak haché d’une marque connue.

Mais quand j’ai vu « dans le poste » que de la vilaine viande bien avariée venue de Pologne circulait dans la chaîne alimentaire, je me suis dit « méfiance, méfiance, ne prends aucun risque et jette ton steak haché ».

Alors j’ai mangé des œufs bio de poules élevées en plein air. Des œufs achetés chez un autre grand distributeur. Un grand distributeur qui n’est pas sur les ronds-points, il reste aux carrefours. Mais en mangeant mes œufs, je me demandais si, eux aussi, ils n’avaient pas une provenance bizarre : la coquille était bien mince et le jaune plutôt pâlot !

Pas comme les œufs que de temps à autre me donne mon voisin qui élève quelques poules. Mais qui élève des poules dans des conditions d’hygiène désastreuses ! Des poules qui picorent absolument n’importe quoi dans la cour, des poules qui ne sont pas vaccinées, des poules qui se font bouffer régulièrement par le renard qui rôde ! Le renard ! Une sale bête pleine de toutes sortes de « maladies naturelles » qu’il doit refiler aux poules de mon voisin et donc aux œufs.

Mais Dieu que les œufs des poules de mon voisin sont magnifiques, avec une coquille bien dure, un jaune bien jaune et un blanc bien solide. Avec le blanc d’œuf d’une poule de mon voisin, je fais autant de neige qu’avec trois beaux œufs bio !

Mais je ne suis pas raisonnable de consommer ainsi des produits pas contrôlés du tout : s’ils me rendent malade, je ne devrais pas être remboursé par la Sécu !

Si j’avais mangé le steak fabriqué avec de la viande polonaise avariée et si j’étais tombé malade, nul doute que toutes les télévisions seraient venues me voir sur mon lit d’hôpital en espérant mon trépas futur pour rendre hommage à la qualité de la traçabilité ! C’est vraiment chouette, la traçabilité et tous ces règlements sanitaires européens : on retrouve n’importe quoi à toute vitesse. Mais on retrouve encore trop souvent des cochonneries…

Finalement, je préfère prendre le risque de consommer les œufs des poules de mon voisin en attendant qu’on « tue le cochon » ensemble, comme dans le temps chez ma grand-mère.
Mais chut, c’est interdit et il n’y aura aucune traçabilité !

Patrick Robert
Patrick Robert
Chef d'entreprise

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