Le jambon-beurre, CAC 40 du pouvoir d’achat français

Les Français ne sont pas égaux devant le sandwich jambon-beurre. D’après la société de marketing de la restauration Gira, son prix serait un bon indicateur du pouvoir d’achat des consommateurs selon la ville où ils résident. 2.48 € à Tulles, 3,34 € à Lyon et le plus cher à Paris, avec 4 € tout rond, soit une augmentation de 15 % en un an.

En boulangerie, le jambon-beurre est en forte hausse (+5,9 % en un an) alors que, dans les grandes surfaces, le bougre s’effondre de 9 %. À ce rythme, le sandwich Leclerc pourrait passer sous la barre du zéro dans les deux années qui viennent.

Le secteur connaît quelques extrémistes, des radicalisés de la baguette comme Lidl, qui bradent le produit à 0,75 € pièce. Trop occupés à s’arracher des pots de Nutella®, les clients n’ont pas encore découvert l’incroyable promotion. Des barbelés ont été installés autour du rayon. À titre préventif.

À l’inverse, le chef ultra-étoilé Éric Fréchon se lâche et affiche tranquillement 7,50 € pour le même produit qu’il annonce revisité. Est-ce un morceau de pain entre deux tranches de jambon ou un repas complet boisson comprise, le tout compressé dans une baguette ? L’enquête ne le dit pas mais, à coup sûr, tout a été repensé.

Curieusement, une autre étude annonce que le sandwich jambon-beurre est désormais supplanté par le hamburger… Comparaison étonnante, puisque l’un suppose de s’attabler alors que l’autre touche une clientèle plus pressée qui, bien souvent, consomme le produit tout en continuant à vaquer à ses occupations. Comme s’il fallait ne rater aucune occasion de déprécier un produit de tradition française… L’explosion de la formule fast-food qui voit tout et n’importe quoi placé dans du pain explique sans doute plus pertinemment les parts de marché perdues par le bon vieux jambon-beurre. Le pain de viande qui tourne sur une broche en plein soleil pendant des heures est désormais préféré. Le goût du risque, la dimension roulette russe expliquent cet engouement. Et l’abondance de gras. Le régime fast-food commencé dès le plus jeune âge multiplie les chances d’atteindre une obésité respectable. De celles qui font ressembler à une motte de beurre enveloppée dans un jogging. Le look qui fait rage.

Le responsable de l’agence de marketing affirme que les nouvelles restaurations rapides occasionnent des dépenses moyennes de 25 à 30 €. Des prix identiques, voire plus élevés que la restauration assise et servie à table. Morale de cette enquête culinaire : le pigeon se cuisine à toutes les sauces.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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