Jamel Debbouze aime la France, lui : et les autres « enfants d’immigrés » ?

jamel debbouze

Alors que Jamel Debbouze se prépare à fêter la dixième édition du Marrakech du rire, le festival qu’il a créé, l’artiste de 47 ans s’est confié au Parisien (16/7/2022), martelant notamment l’importance du rire en ces temps troublés. Plus la situation est dramatique, plus l’humour s’impose pour se dépêtrer du pessimisme ambiant. L’occasion, pour l’humoriste, de réaffirmer également son amour pour la France, intégrant dans cette profonde affection tous les enfants d’immigrés présents sur le sol français : « Si vous saviez combien on aime la France, nous, enfants d’immigrés, combien ce n’est pas un sujet, combien on est reconnaissant qu’elle nous ait éduqués, soignés, permis de vivre de notre passion. Avec l’humour, on construit un pont pour passer au-dessus de l’indifférence que nos parents ont subie, qu’on a subie un peu. » Une parole qui fleure bon l’assimilation et reprend des propos tenus par l’humoriste il y a sept ans déjà, sur le plateau de TF1. À propos des défis que doit relever l’école de la République, Jamel Debbouze avait ainsi affirmé au micro de Thierry Demaizière : « Cela passe par plein de choses. Par avoir affaire à des adultes concernés, avertis, qui les raccrochent [les élèves] aux valeurs de la République. Qui les font re-aimer la France. Qui font que la France, moi, je l'aime de toutes mes forces. La France, c'est ma mère, on ne touche pas à ma mère ! »

Si cette déclaration passionnée a de quoi remplir de joie les Français qui ont accueilli Jamel Debbouze et sa famille, il se pourrait toutefois que l’artiste ait parlé de manière un peu téméraire à la place de ces « enfants d’immigrés ». Soyons clair : il ne fait pas l’ombre d’un doute que de nombreux immigrés sont conscients de l'accueil chaleureux réservé par la France et qu’ils se sentent incités comme les autres à son développement économique et culturel, autant qu’à son rayonnement.

Mais cet état d’esprit n’est pas commun à tous ceux qui débarquent sur le sol français. En témoigne l’exemple du rappeur Nick Conrad, fils d’un diplomate camerounais arrivé en France dans les années 70, qui s’était fait remarquer à l’automne 2018 lors de la sortie de son clip « Pendez les Blancs ». Une création d’une violence extrême où le chanteur lançait notamment : « J’ai brûlé la France, j’ai baisé la France jusqu’à l’agonie », après avoir appelé à « tuer les bébés blancs ». Autre exemple, celui du rappeur Youssoupha, originaire du Congo, qui qualifie la France de « pays d’escrocs », les Blancs de « niqués condescendants » et qui clamait, en 2007 : « Bientôt, j’me taille au bled dépenser l’argent de tes allocs. » Le premier a été relaxé en appel du délit de provocation à commettre des meurtres alors qu’il avait été condamné à 5.000 euros d’amende en première instance. Le second a été choisi pour composer l’hymne officiel des Bleus lors de l’Euro 2021...

Il est fort possible, en effet, que des « stars » comme Nick Conrad et Youssoupha soient tombées amoureuses de la France, mais plutôt de son laxisme judiciaire, des marques de distinction tombées du ciel, du public écervelé qui chante en chœur des paroles qui le visent lui-même. Effectivement, la France les a « éduqués, soignés, permis de vivre de [leur] passion ». Quant à eux, à part en la couvrant d’insultes et de mépris, comment l’ont-ils remerciée ?

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

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