Jane Fonda et Virginie Despentes : même combat de privilégiées contre le privilège blanc

Jane Fonda

De son salon cossu, Jane Fonda dénonce le « privilège blanc ». Comique de situation. Pour cet interview télé de CNN, relayée en France par Marie Claire, la dame s'est toute de noire vêtue. Béret noir de privilégiée, pull noir de privilégiée. Sobriété dans l'action. Compassion fashion. De cette tenue de paramilitante émerge un visage très pâle. Les événements récents ont affecté l'actrice et accentué sa blancheur.

Oubliant de s'excuser pour cette soudaine dégradation de son épiderme, l'actrice se dénonce : « Parce que nous sommes blancs, nous avons bénéficié de privilèges », déclare-t-elle à son questionneur, un journaliste noir très bien payé, mais sans doute opprimé par un rédacteur en chef suprémaciste.

Les affirmations de Jane Fonda plongent le téléspectateur dans un abîme de perplexité. Selon son raisonnement, en allant au bout de sa logique, ses Oscar, ses Golden Globe et autres cachets mirobolants seraient dus, pour une part, à sa couleur de peau. Privilège oblige. Son statut de star aurait été, en quelque sorte, usurpé en raison d'un racisme dont elle a bénéficié. L'aveu sous-jacent est de taille. Pourquoi ne pas nous l'avoir dit avant ? Nous ne serions pas allés au cinéma pour cautionner cela. Nous aurions décroché dare-dare les posters de nos chambres d'adolescent. Une vedette qui triomphe alors qu'elle n'a fait que bénéficier d'un régime de faveur. Halte au scandale ! Mais faisons notre mea culpa. Le fait que la scène artistique soit totalement dépourvue de comédiens et de musiciens noirs aurait dû nous mettre la puce à l'oreille.

Même fatalisme victimaire chez Virginie Despentes, qui clame sa souffrance dans une « lettre écrite à ses amis blancs qui ne voient pas où est le problème ». Un animateur de France Inter s'empresse de lire la missive avec des larmes dans la voix.

Si Jane Fonda doit, en partie, sa réussite à sa couleur de peau, d'après la réalisatrice-écrivain, les prisons françaises sont également remplies d'Arabes et de Noirs (dixit V. Despentes) selon une discrimination raciale odieuse. Il y aurait – si l'on en croit l'affirmation - un quota de personnes de couleur que les gouvernements s'efforcent de respecter pour les admissions dans les centres de rétention. De ce quota raciste semble exclus, comme par miracle, les citoyens asiatiques. Ne serions-nous pas en pleine théorie du complot ?

Sans doute lors d'un voyage à Lourdes, il est apparu à Jane Fonda des lois américaines discriminatoires. « On a l'élection qui arrive, une crise sanitaire, une crise écologique, une crise raciale... Il est temps de prendre des décisions. » Par chance, le bout du tunnel est proche. Virer Trump (par qui le chômage chez les Noirs fut au plus bas) verra l'avènement d'un paradis terrestre. Avant lui régnaient la paix et le mélange harmonieux des populations. Nous y voilà. Votez Joe Biden ! Ces tortillements humanistes ne cachaient qu'un banal discours électoraliste.

Dans un tweet, Éric Naulleau rappelle les propos humanistes de Virginie Despentes lors de la tuerie de Charlie Hebdo : « J’ai aimé ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. » Des gens si bien élevés se retrouvent parfois montrés du doigt. Mais dans quel monde Vuitton ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/06/2020 à 18:16.
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Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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