« Je ne veux plus me mentir ! » : Nicolas Hulot démissionne, flingué par les chasseurs ?

Nicolas_Hulot_2015

C’est une première : un ministre qui démissionne en direct à la radio (sur France Inter) sans en avoir prévenu l’exécutif, pas plus le Président que Matignon. Sans doute avait-il peur qu’une fois de plus, on le retienne par le fond du pantalon ?

Nicolas Hulot était une capture d’écran. Une prise médiatique. Un "Vu à la télé" récupéré en Macronie et raflé à la barbe des écologistes qui, en leur temps, lui avaient préféré Eva Joly. Une prise de guerre sur laquelle Sarkozy et Hollande avaient louché sans succès mais que les enjôleries de Macron avaient finalement réussi à convaincre.

Le ministre de la Transition écologique et solidaire s’était donné un an pour juger de son utilité dans le gouvernement, estimer son poids et sa marge de manœuvre. Il y sera resté quinze mois. Quinze mois à avaler des couleuvres et son chapeau, quinze mois qu’on lui entend des trémolos dans la voix sans que sa cote de "ministre préféré des Français" (il est vrai qu’ils ne connaissent pas les autres) ne parvienne à lui remonter le moral. Quinze mois, surtout, qu’il se défend d’être sur le départ. Ainsi, en octobre dernier, où il confiait au JDD : « Je ne sais pas d'où vient cette légende urbaine. Quand on annonce mon départ, je suis toujours le dernier informé ; en général, c'est ma femme qui me l'apprend par SMS… » Cette fois, c’est le président de la République qui l’a appris par SMS. Pas très courtois…

Nicolas Hulot part donc, mais – le premier moment de surprise passé – d’une façon qui met mal à l’aise. Un coup de tête, un coup de blues ? À l’évidence, une susceptibilité à fleur de peau, des larmes à peine rentrées… Voilà une sensibilité bien malvenue en politique où il faut garder, plus qu’ailleurs, la tête froide. Au point qu’on se demande si le ministre n’a pas pris sa décision, là, dans le studio de France Inter, emporté par une émotion qu’il ne sait pas contenir.

Il est manifestement plus difficile de tenir en politique que sur un ULM et Nicolas Hulot s’est fait flinguer par les chasseurs. La réunion qui s’est tenue à l’Élysée, ce lundi 27 août, a été pour lui l’humiliation de trop. Une réunion houleuse, à ce qu’il paraît, surtout en présence de Thierry Coste, le très influent patron du lobby des chasseurs, figure imposée ce jour-là, si l’on en croit le ministre. L’humiliation de trop dont on connaît l’issue : autorisation de chasser des espèces étendue, diminution par deux du prix du permis de chasse (200 euros au lieu de 400 précédemment). Ô clientélisme, quand tu nous tiens !

Alors, vexé sans doute, humilié peut-être, Hulot s’est décidé à balancer et confesser son mal au cœur : « Je vais prendre pour la première fois la décision la plus difficile de ma vie. Je ne veux plus me mentir… Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie que nous sommes à la hauteur des enjeux. Je prends la décision de quitter le gouvernement. »

La classe politique salue un acte courageux, Mélenchon envoie des fleurs, de gauche à droite on se réjouit de cette « démission-sanction » fichée comme un couteau entre les omoplates d’un Macron tout-puissant.

Pour la forme, ça ressemble plutôt à la fuite en rase campagne du gibier traqué par les chasseurs… à moins que ce ne soit l’amoureux déconfit qui s’enfuit par la fenêtre !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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