« Je suis fiché parce qu’abonné au Figaro » : ambiance délétère, à Sciences Po

© Capture écran UNI (sur X)
© Capture écran UNI (sur X)

« Free Palestine », « À bas le colonialisme ! » Drapeaux palestiniens brandis à bout de bras, keffiehs palestiniens sur les épaules, mégaphone à la main… Ce mardi 1er octobre, des étudiants de Sciences Po ont transformé la Péniche (hall principal de l’établissement) en une salle de meeting pro-Palestine. « Le hall était plein à craquer de militants, rapporte, auprès de BV, un étudiant présent sur les lieux. Ils sont ensuite sortis sur le parvis. Les chants pro-Palestine ont alors laissé place à des slogans antifascistes comme "Pas de quartier pour les fachos" ou "Siamo tutti antifascisti". »

Des scènes comme celle-ci sont désormais récurrentes au sein de l’institut de la rue Saint-Guillaume, depuis la rentrée. Les jeudis, habituellement, ces étudiants militants se réunissent à la Péniche pendant une quinzaine de minutes pour manifester. « C’est assez bien banalisé. Il y a moins de débordements qu’au printemps, concède Louise Garnier, responsable de l’UNI Sciences Po. Mais depuis le blocus de la fin d’année dernière, l’ambiance a changé. Si pendant les cours le calme est revenu, le sujet de la Palestine reste omniprésent. Il n’y a pas un jour sans que l’on croise un keffieh palestinien dans les couloirs. »

 

 

Une cérémonie de remise des diplômes perturbée

Depuis plusieurs mois, le sujet de la Palestine s’impose en effet dans la vie des étudiants de Sciences Po. En juillet dernier, lors de la cérémonie de remise des diplômes - un moment solennel et attendu par les étudiants -, une quinzaine de militants sont montés sur l’estrade avec des pancartes aux messages explicites tels que « ce n’est pas une guerre, c’est un génocide ». Dans la salle, des drapeaux palestiniens ont été agités pendant que des étudiants scandaient le désormais célèbre « Free Palestine ». En avril, alors que l’école était en proie à de récurrents blocages, on pouvait aussi entendre, dans les couloirs de l’école : « Israël assassin, Macron complice ». Et pendant les blocages du printemps dernier, plusieurs slogans pro-Hamas ont également été dénoncés.

Autant d’événements qui conduisent plusieurs personnalités à s’indigner et en appeler à Patrick Hetzel, nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La chercheuse au CNRS Florence Bergeaud-Blackler demande ainsi à faire « respecter les lieux de savoir, de recherche et d’enseignement ». Laure Lavalette, députée RN du Var, ajoute : « Année après année, Sciences Po Paris s’enfonce dans le néant et fait la honte de l’enseignement supérieur français. Des milliers d’étudiants subissent cet enfer : puisque les directions n’ont jamais rien fait, qu’attend l’État pour y mettre un terme ? » Contacté par nos soins, le ministère de tutelle n’a pas encore répondu à nos sollicitations.

Fichage des étudiants

Mais plus que les rassemblements pro-Palestine, Louise Garnier, responsable de l’UNI Sciences Po, s’inquiète surtout du climat de l'intolérance qui s’installe rue Saint-Guillaume. Lors de la rentrée des élèves de première année, au cours de la présentation des associations, la prise de parole des membres de l’UNI a ainsi été perturbée par des étudiants-militants masqués qui avaient prémédité leur action. Une banderole « Fachos hors de nos facs » et slogans antifascistes ont empêché le syndicat étudiant de réaliser sa présentation dans le calme. Récemment, encore, à Sciences Po, des affiches en hommage à Philippine ont même été arrachées. « Le problème est l’uniformisation de la pensée à Sciences Po », dénonce Louise Garnier. « Pour beaucoup, ça paraît inaudible qu’un étudiant puisse être plus à droite qu’Emmanuel Macron, poursuit la jeune fille. Il y a une stigmatisation et un vrai travail de fichage sur les étudiants soupçonnés d’être de droite. » Louise Garnier nous rapporte, ainsi, l’exemple d’un étudiant de première année qui « a été stigmatisé dès la rentrée parce qu’il est abonné à la page du Figaro et à celle de l’UNI sur les réseaux sociaux ».

Une ambiance délétère et militante qui n’est pas sans conséquence sur le valeur du diplôme, qui a pourtant été pendant longtemps un sésame précieux pour faire ses premiers pas dans la vie professionnelle. « C’est un sujet qui nous inquiète beaucoup, explique la responsable de l’UNI Sciences Po. Les étudiants qui rentrent à Sciences Po ont travaillé pendant plusieurs années, c’est un véritable investissement pour, finalement, réaliser que les métiers qui, pendant longtemps, étaient réservés aux diplômés de Sciences Po ne nous sont désormais plus accordés… » Mais « l’administration et les syndicats nient encore le problème… », conclut l’étudiante.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

3 commentaires

  1. En agissant de la sorte les étudiants politisés ultra gauche semblent ne pas comprendre qu’ils obèrent grandement leur avenir professionnel au motif que leur diplôme ne vaut plus rien. Les entreprises ont besoin de personnel sérieux et responsable et non de manifestants permanents.

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