Darmanin à Mayotte : fin du droit du sol. On progresse, mais à voir…

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La situation sécuritaire à Mayotte est catastrophique, et cela, depuis des années. Et s'il fallait encore faire la démonstration aux idéologues qu'insécurité et immigration sont liées, il suffirait de les envoyer sur l'île. Les commentateurs parlent d'un laboratoire de ce qui nous attend (et qui a déjà commencé) en métropole. Ces derniers jours, les reportages d'Erik Tegnér pour Livre noir ont rappelé l'ampleur du défi et la députée Estelle Youssoupha, interviewée par Jordan Florentin sur BV, a relayé la colère et les attentes des élus et de la population. Au premier rang des revendications : la fin des actes de délinquance et des affrontements ou le démantèlement d’un camp de fortune autour du stade de Cavani, à Mamoudzou.

C'est donc une nouvelle fois sous la pression des faits, comme pour les agriculteurs, que le gouvernement est acculé à agir. Et, donc, revoilà Gérald Darmanin dans une « Opération Wuambushu 2 », dix mois après la première qui était censée mettre un terme à ces maux endémiques. Sur BV, on avait même eu l'espoir d'un véritablement ressaisissement de l'État... Visiblement, la révolte de la population montre que ce premier acte n'a pas éradiqué la délinquance quotidienne.

Que propose de nouveau Gérald Darmanin pour ce second acte ? Des moyens en plus, très médiatisés : « Je viens d’ailleurs avec 15 hommes du GIGN supplémentaires dans l'avion. » Et de nouveaux moyens techniques pour empêcher la submersion migratoire de l'île : « bientôt un rideau de fer dans l'eau qui empêchera le passage des kwassa kwassa et des bateaux et des filières d'immigration irrégulière venant, notamment, de l’Afrique des Grands Lacs » ainsi que « beaucoup plus de moyens d’interception, des nouveaux radars ». Très bien, même si on demande à voir et si on aimerait davantage d'anticipation.

Mais ce que l'on retient aussi, c'est la vidéo postée sur les réseaux sociaux par laquelle le ministre a fait ses annonces samedi, avant de décoller pour Mayotte. Pas vraiment de la communication musclée d'un ministre de l'Intérieur qui serait enfin décidé à mener une vraie guerre à l'immigration, pas non plus les tripes de ce président du Salvador souhaité par Dominique Jamet et tant de Français (car Mayotte est, précisément, dans l'état où le président Bukélé a trouvé son pays). Non, une vidéo qui, par son anaphore (« Je suis venu vous dire »), fait plutôt penser à Gainsbourg. Un ministre qui transpire l'impuissance et appelle à l'aide : « Aidez-moi. »

Un ministre qui fait pitié, en fait. Pour combien de temps, encore ?

En arrivant ce dimanche matin sur l'île, Gérald Darmanin a fait une autre annonce : la fin du droit du sol à Mayotte. Une mesure qui est dans les tuyaux depuis un moment mais qui ne peut passer que par une révision constitutionnelle. Reste à savoir si cette révision, que LR et RN devraient plébisciter, sera soutenue par la majorité. Le double jeu de Macron et Darmanin a durablement entamé leur crédibilité sur ces sujets.

Une autre annonce devrait ravir les Français métropolitains, car ça, Darmanin sait faire et tient toujours ses promesses dans ce domaine : les (nombreux) demandeurs d'asile acceptés à Mayotte vont immédiatement être transportés en France métropolitaine : villages de France, ouvrez grand vos centres d'accueil !

Mais la fin du droit du sol à Mayotte est une nouvelle victoire idéologique pour la droite et le RN. Et si Mayotte est un laboratoire de l'horreur migratoire, il en est - enfin !- devenu un pour la réforme du Code de la nationalité.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Il faut rappeler que le droit du sol a été mis en place à l’époque pour pouvoir avoir le plus possible d’hommes à enrôler en cas de guerre , et non dans un but humaniste .
    La France est une exception , le droit du sol n’est pas le système majoritaire dans tous les pays et même en Europe .
    Il faut supprimer le droit du sol sur tout le territoire national , le supprimer dans un seul département se heurte à plusieurs textes fondamentaux, qui appartiennent au bloc de constitutionnalité auquel se réfère le Conseil constitutionnel .
    La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 .
    Article 1 : les hommes naissent libres et égaux en droit .
    La Constitution de 1958 .
    Article 1 : La France est une République indivisible … Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens …
    Article 73 : Dans les départements et régions d’outre-mer les lois et règlements sont applicable de plein droit . Ils peuvent faire l’objet d’adaptations aux caractéristiques et contraintes de ces collectivités. … Ces règles ne peuvent porter sur la nationalité , les droits civiques , les garanties des libertés publiques , l’état et la capacité des personnes …

  2. Pour bien comprendre ce problème, il faut déjà se souvenir clairement des performances de notre spécialiste ès référendum : Nicolas Sarkozy.
    D’abord, en 2007, il fait inverser les résultats du référendum populaire sur la constitution européenne, manoeuvre qui supprime de fait l’indépendance de l’exécutif français.
    Puis en 2009, sur sa lancée, il fait bricoler le référendum sur Mayotte en limitant le vote au seul territoire de l’ïle.
    Conséquence, ce référendum qui engage finalement la nation toute entière, n’est voté que par 43.831 voix de Mahorais, la voix de la France et des 65 millions de français étant réduite au silence !
    Et maintenant, voilà où nous en sommes aussi bien (ou plutôt aussi mal ) à Mayotte qu’en France !!!

  3. En attendant, pendant tous ces bla bla bla, on pourrait quand même envoyer une ou deux frégates de notre Marine Nationale et 500 fusiliers marins pour couper la route maritime des Comores et mettre de l’ordre à l’intérieur de Mayotte…. et réexpédier à Comores les indésirables arrivés à Mayotte… Point Barre./

  4. Avec Wuambushu 2 il va tout régler. N’était-ce pas déjà le but de Wuambushu 1 ? J’attends avec intérêt l’épisode 3.

    • Sans compter que le principe du rideau de fer maritime impensable partout ailleurs, et en particulier à Marseille, devient subitement recommandable à Mayotte !
      La logique en marche ?

  5. Avant de perdre du temps sur ce sujet, commençons d’abord par supprimer le Conseil constitutionnel,…. sinon, après nous avoir fait rêver, celui-ci va censurer les bonnes dispositions (comme à son habitude).

  6. Comment lutter contre l’immigration quand idéologiquement on est pour , comment tracer des frontières quand idéologiquement on est contre.

  7. Comment lutter contre l’immigration quand idéologiquement on est pour , comment tracer des frontières quand idéologiquement on est pour .

  8. Pourquoi la fin du sol à Mayotte et pas en France ? Darmanin se fout de notre g…, une fois de plus. Peut-on supprimer le droit du sol à Mayotte et pas dans toute la France ? Encore de la poudre aux yeux, des promesses qui ne seront jamais tenues. Quand mettra t’on enfin, tous ces politicards, en face de leurs responsabilités. D’ailleurs, tous ces politicards, on devrait les envoyer en stage 1 mois à Mayotte : bien sûr, sans leurs gardes du corps, chauffeurs et autres larbins, évidemment. Ils pourront découvrir ce que sera la France entière dans 20 ans, grâce à leurs incompétences, leurs trahisons, leur idéologie mortifère pour notre France, qui était un grand pays avant leur règne.

  9. Fin du droit du sol à Mayotte? Mais non. C’est au niveau national qu’il faut le faire…
    Quand la France fera t’elle comme l’Italie ou l’Espagne, pour aider les pays,
    grâce aux fonds de Frontex, à contrôler les points de départ chez eux? Mais c’est vrai que pour LFI et nos ONG soutenues financièrement par le gouvernement, ce n’est pas sexy… Et sans LFI? Pas de Macron…

    • Deux poids et deux mesures, c’est comme pour les gendarmes et blindés contre les paysans et leur absence totale dans les « quartiers difficile »…

  10. …et quand après plusieurs mois de houleux débats parlementaires, l’inscription dans la Constitution de la fin du droit du sol à Mayotte aura été péniblement acquise, le Conseil Constitutionnel se fera un devoir de « retoquer » tout ça…

  11. Vers une fin du « droit du sol » pour Mayotte.
    En voulant faire de l’ombre à Marine Le Pen, Darmanin a mis le doigt dans un engrenage qui va lui emporter la main.
    Maintenant, les partis de droite vont militer pour l’élargir à l’ensemble du territoire national !

  12. Refuser le droit du sol, n’est pas « idéologique », mais une question pratique pour éviter en France les mêmes dérives que nous constatons à Mayotte. Contre cela, Macron, car c’est lui qui gouverne, ne prend que des mesurettes qui sont des leurres pour les français. Citoyens réveillons nous!

  13. La fin du droit du sol, sur le département français de Mayotte, me fait penser à ce qu’il se passe dans les écoles : on y interdit les vêtements de propagande islamiste et, parallèlement (« en même temps »), on expérimente les « uniformes » dans quelques établissements publics d’enseignement volontaire et si l’expérience porte des effets positifs on étend l’uniforme à tous les établissements publics de France et de Navarre. A Mayotte on expérimente la suppression du droit du sol dans ce département seulement, dans un an on fait le point sur les conséquences de cette expérimentation, si ces conséquences sont favorables pour « faire nation », on l’étend à l’ensemble de la France. Faut pas rêver ?

  14. Un pas en avant, trois pas en arrière ! Il y en a marre du moon walk du pantin de Beauvau ! Les demandeurs d’asile de Mayotte vont débouler en métropole et toujours aux frais et dépends des Français.

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