Jean Messiha : « Emmanuel Macron supprime l’ENA par pure démagogie et pour aligner les gens vers le bas au lieu de les tirer vers le haut par le mérite »
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Emmanuel Macron a annoncé, le 8 avril, la suppression de l'ENA (École nationale d'administration), symbole de l’élite française, dans le but de diversifier les profils de la haute fonction publique.
Au micro de Boulevard Voltaire, réaction de Jean Messiha ancien élève de l'ENA.
Emmanuel Macron l’a annoncé, il va supprimer l’ENA, l’École nationale d’administration. Cette école est prestigieuse et formait les hauts fonctionnaires de ce pays. Vous avez vous-même fait cette école, que pensez-vous de la décision du chef de l’État ?
Je pense qu’Emmanuel Macron n’est pas à un reniement près. Les Français gardent le souvenir d’un Emmanuel Macron qui disait qu’il allait soutenir l’ENA et la réformer, mais au contraire la rendre plus performante et plus accessible. Il a changé d’avis sous le coup de plusieurs facteurs.
D’abord, un facteur démagogique, puisque la crise des gilets jaunes était l’une des réclamations d’un certain nombre de personnes. Démagogiquement parlant, le débat n’est pas sur la suppression de l’ENA, mais plutôt sur la perte du pouvoir du politique. La nature ayant horreur du vide, quand le politique se retire et joue lui-même le pouvoir administratif, il y a une sorte de porosité et d’osmose de la haute administration qui a tendance à cannibaliser l’espace laissé libre par des politiques impuissants.
Notre société reflète davantage l’impuissance, la castration de la puissance politique davantage que la surpuissance de fonctionnaires qui n’ont de légitimité que celle que le politique veut bien leur donner.
Le deuxième problème est celui qu’éprouve une population de plus en plus nombreuse d’origine immigrée, par la démographie, par l’immigration surreprésentée par des minorités actives d’indigénistes, de décoloniaux et de ceux qui soutiennent la discrimination positive et pour qui la méritocratie pose un problème.
La méritocratie républicaine est, historiquement, un système basé sur l’effort et, comme son nom l’indique, sur le mérite. Or, un certain nombre d’individus qui ont des relais puissants jusque dans l’appareil d’État et jusqu’au sommet de l’État pensent que, de par le fait que ce système est exigeant, il devient raciste. Il faudrait niveler toutes les institutions académiques et universitaires de la République vers le bas afin de les rendre accessibles beaucoup plus facilement à des populations ou à des candidats qui n’ont pas le niveau et qui refusent de l’avoir. C’est beaucoup plus facile de contourner la méritocratie républicaine par des dispositifs de discrimination positive plutôt que de se donner les moyens de réussir un concours qui est le même pour tous.
Selon vous, la démagogie va-t-elle amener un nivellement par le bas ?
Oui. Quand on lit l’exposé des motifs de la suppression de l’ENA, il est question que son recrutement soit plus divers et qu’il y ait un certain nombre de candidats issus de populations différentes. Lorsqu’on lit entre les lignes, on voit la logique qui se trouve derrière. La suppression de l’ENA participe de ce qu’on appelle le privilège blanc, le racisme, etc. Tous ces concepts sont autant de pistolets placés sur la tempe de la République française afin qu’elle s’aligne vers le bas plutôt que de tirer les gens vers le haut. Le véritable racisme est là. Considérer que parce que vous avez une certaine couleur de peau ou une certaine origine ethnique vous n’êtes pas capable par vous-même, selon vos propres efforts et votre propre mérite, d’accéder à un concours qui est le même pour tous, c’est du racisme ! On va s’adapter à vous puisqu’on considère que vous êtes différents ou que vous n’avez pas les qualités requises, intrinsèquement parlant et ontologiquement parlant, pour pouvoir réussir dans les mêmes conditions que les autres. Ça, c’est du racisme !
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