Jean-Michel Blanquer a failli devenir le premier flic de France !

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Selon L'Obs du 15 juillet, Jean-Michel Blanquer aurait pu être nommé à la Place Beauvau, mais ses positions sur « la laïcité et le voile » auraient donné la préférence à Gérald Darmanin. Le ministre de l'Éducation nationale n'avait-il pas affirmé, en octobre 2019, à propos des mères voilées en sortie scolaire, que « le voile n'est pas acceptable dans notre société » ? Si cette information est avérée, elle montre que le vivier des ministrables est si pauvre, dans la majorité, qu'on est obligé d'aller chercher une personnalité qui a sans doute des qualités, mais qu'on n'imagine pas a priori comme le « premier flic de France ».

Elle montre surtout que le président de la République, lorsqu'il prétend vouloir lutter contre « le séparatisme islamique », se moque du monde en tentant de faire passer pour des actes des paroles censées plaire à l'opinion. Quand le Premier ministre Jean Castex annonce, le 15 juillet, devant l'Assemblée nationale, une « loi contre les séparatismes », sans préciser ce qu'elle contiendrait, il participe à cette subversion du langage, caractéristique de la Macronie. Nouvelle tentative de séduire la droite LR qui a du mal à rester crédible dans son rôle d'opposition.

Il suffit de se rappeler les propos tenus à Lyon par le candidat Macron, durant sa campagne électorale (« Il n'y a pas de culture française, il y a une culture en France et elle est diverse ») pour comprendre qu'il ne croit pas à la valeur de notre culture. Adepte du relativisme culturel, il considère qu'elle n'est qu'une culture parmi d'autres. Comment, alors, lutter efficacement contre le séparatisme quand on nie que l'islam soit une idéologie conquérante et que les manifestations du communautarisme traduisent une volonté de se séparer de la France ou de lui imposer ses propres lois ?

Les plus indulgents diront qu'Emmanuel Macron est un pragmatique qui, devant la réalité, change d'opinion. Mais cette interprétation se heurte à ses propres déclarations. Après avoir répété qu'il fallait « se réinventer », il a affirmé, lors de son interview du 14 Juillet, que le « pacte démocratique » de 2017 était toujours valable et que, face à la crise, il allait changer « de chemin » tout en gardant « son cap » : façon de dire qu'il peut changer de méthode mais que ses objectifs restent les mêmes.

En s'inscrivant dans cette stratégie, le nouveau Premier ministre donne sa caution à cette grande duperie. En n'ayant pas rejeté, dès le départ, les avances qu'on lui faisait pour le ministère de l'Intérieur, Jean-Michel Blanquer semble confirmer qu'il se transforme en politicien, plus au service de Macron et de ses propres intérêts qu'au service des Français. Plutôt que de s'exhiber sur la plage en jouant au beach-volley, il ferait mieux de s'occuper de l'avenir des 95,7 % de reçus au baccalauréat, dont beaucoup sont envoyés à l'abattoir, faute de bases suffisantes pour affronter les études supérieures. Tant il est vrai qu'un passeport pour tous est un passeport pour nulle part.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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