Jean-Paul Brighelli : « Anne Hidalgo ne sait rien de l’enseignement ! »
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La candidate socialiste Anne Hidalgo à l'élection présidentielle juge possible, pendant un quinquennat, de « multiplier par deux au moins » le salaire des enseignants. Cette annonce a immédiatement fait polémique, notamment chez les agents concernés.
Jean-Paul Brighelli, enseignant et essayiste, réagit au micro de Boulevard Voltaire.
Serez-vous payé deux fois plus ? C’est ce que propose la candidate à l’élection présidentielle, Anne Hidalgo. En effet, cherchant un électorat elle a, a priori, visé celui des professeurs puisqu’elle annonce qu’une fois élue, elle doublera le salaire des professeurs. Cela vous donnerait-il envie de voter pour l’actuelle maire de Paris ?
Lorsque je serai payé deux fois plus, ce sera la semaine des quatre jeudis et les poules auront des dents ! Pour être sérieux, elle commence très fort. Aucun professeur ne l’a prise au sérieux, les syndicats se sont regardés avec l’air accablé. A priori, le syndicat de gauche est plutôt favorable à Anne Hidalgo, mais là ils se disent que l’on est dans du grand n’importe quoi.
Il serait bon d’augmenter les enseignants, mais pas de façon uniforme. C’est un point de vue syndicaliste. Il faut sensiblement augmenter le salaire de départ.
Les exigences sont fortement abaissées pour recruter des professeurs. Certaines académies ont abaissé la note d’admissibilité à 3 ou 4 sur 20.
Il faudrait attirer à l’enseignement des étudiants de bonne qualité. J’ai longtemps enseigné en classe préparatoire scientifique et je peux vous dire que les très bons matheux ne vont pas faire de l’enseignement, même lorsqu’ils visent Normale-Sup. Ils savent qu’ils n’y gagneront rien et de surcroît ne seront pas reconnus. Ces derniers partent en école d’ingénieur où le salaire de départ est à 2000-2500 euros, on peut le comprendre
Il faudrait d’une façon ou d’une autre qu’il y ait quelque chose de très incitatif. Cela peut être le salaire, les lieux d’exercice, les conditions de mutation. Anne Hidalgo ne sait rien de l’enseignement ni du reste.
C’est la troisième rentrée scolaire sous Covid et c’est aussi la dernière année avant l’élection présidentielle. Attendez-vous quelque chose de cette année marquée encore par la Covid et pourquoi pas un candidat à l’élection présidentielle ayant un programme ambitieux pour l’Éducation nationale ?
Je vais peut-être vous étonner, mais j’ai plutôt un a priori favorable pour Jean-Michel Blanquer qui depuis le début a fait tout ce qu’il a pu pour que les élèves aient des enseignants en face d’eux.
Il n’y a pas eu un seul enseignant mort pour cause de Covid depuis quasiment deux ans. Un seul enseignant avait ramené le Covid de Chine au début de l’épidémie, donc rien à voir avec la profession.
Quelques élèves ont eu de gros problèmes, mais ces derniers avaient des comorbidités extrêmement lourdes. Les mesures étaient déjà excessives. On a pourri les élèves et particulièrement les élèves les plus fragiles. L’état dans lequel ils sont arrivés en septembre est très problématique. Ils ont perdu l’habitude de travailler, et même de rester assis. Le protocole mis en place à la demande des syndicats a pour but de fermer une classe à chaque nouveau cas. Malheureusement, ce protocole touche en priorité les milieux les plus difficiles. Cela fait un effet de double peine. Il va falloir être clair. Il faut enseigner, c’est le cœur de notre métier, prendre certainement quelque précaution élémentaire et arrêter de se regarder dans un miroir en disant « Ciel, suis-je malade ? »
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