Jean-Pierre Chevènement estime que « le voile est identitaire »

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On peut reprocher à Jean-Pierre Chevènement bien des choses, notamment de n'avoir pas su se débarrasser totalement des préjugés idéologiques de la gauche ; mais on doit lui reconnaître des qualités qui le distinguent de nos gouvernants mondialistes : son respect de la souveraineté française, son patriotisme et, ce qui est rare en politique, la fidélité à ses convictions.

Dans un entretien à Sud Ouest Dimanche (27 octobre 2019), il revient sur la question du voile, apportant son soutien à des personnalités comme Jean-Michel Blanquer, qui estime que si le port du voile est actuellement « légal » dans l'espace public, il n'est « pas souhaitable », ou Robert Badinter, pour qui le voile en sortie scolaire n’est « pas illégal mais pas bienvenu ». Celui qu'on surnommait « le Che » n'hésite pas à dire que « le voile n'est pas une prescription religieuse » mais « une manifestation identitaire ».

Ce n'est pas la première fois qu'il exprime un tel jugement. Déjà, le 2 décembre 2002, lors de l'émission « Mots croisés », il avait déclaré que « le voile est un signe ostentatoire d'appartenance » et « tend à fixer le statut de la femme dans la société à un niveau inférieur ». Plus tôt encore, en 1985, quand il était ministre de l'Éducation nationale, il avait soutenu la principale d'un collège de Créteil qui, constatant la présence de jeunes filles refusant d'ôter leur voile en classe, suggérait une modification du règlement intérieur visant à proscrire « toute marque ostentatoire tendant à manifester […] une conviction religieuse, philosophique ou politique ». Elle ajoutait que le port de ce vêtement était « un refus de notre civilisation ». C'était avant la loi du 15 mars 2004, encadrant « le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ».

C'est le même Chevènement qui, en 1999, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, affirma qu'il fallait lutter contre l'insécurité « sans surenchère ni démagogie » », qualifiant de « sauvageons » les mineurs multirécidivistes, ce qui provoqua une polémique. C'est le même qui, en 1985, suscita un tollé en rappelant aux enseignants que « La Marseillaise » figurait au répertoire scolaire et devait, en conséquence, être enseignée. C'est encore lui qui, pressenti par François Hollande pour prendre la tête de la Fondation pour l’islam de France, déclara, dans Le Parisien : « Les musulmans, comme tous les citoyens français, doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté. Mais il faut aussi qu’ils comprennent que, dans l’espace public où se définit l’intérêt général, tous les citoyens doivent faire l’effort de recourir à la raison naturelle » et conseilla aux musulmans la « discrétion ».

Finalement, malgré des précautions verbales dues à sa culture de gauche, ce défenseur du « patriotisme républicain » n'est pas loin des positions que soutiennent Éric Zemmour et tous ceux pour qui les étrangers qui viennent s'installer en France doivent faire l'effort de s'assimiler. Chevènement ne dit pas autre chose quand, dans le même entretien à Sud Ouest Dimanche, il souligne qu'« il est important de remettre à l'honneur la conception de la nation civique : c'est la volonté d'être Français qui fait le Français. »

Qui sait ? Peut-être un jour adhérera-t-il aux thèses du Rassemblement national ? Après tout, en août 2015, il s'était bien rapproché de Nicolas Dupont-Aignan, en vue de fonder un « front des souverainistes » ! Il suffirait que les uns et les autres, mettant de côté leurs divergences, s'unissent sur ce qui les rassemble : l'identité nationale et la survie de la France !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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