Hommage : Jeff Beck, le guitariste star qui refusait d’en être une
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La vie est parfois mal foutue. Le groupe Indochine continue à jouer les divas, mais Jeff Beck, lui, plus jamais ne jouera. Cet immense guitariste avait 78 ans quand il nous a quittés, ce mardi 10 janvier, d’une méningite cérébrale. Sa vie se confondait avec l’histoire du rock anglais en particulier, du rock en général et souvent du jazz. Adolescent, il fait partie de ces Britanniques d’extraction modeste qui découvrent le blues des Noirs américains. Bricoleur d’exception, il fabrique tôt sa première guitare, de bric et de broc. Elle ne sonne pas toujours juste ; mais le feeling fait le reste.
Parmi les bretteurs d’alors, un certain Eric Clapton. Entre eux, l’amitié est immédiate. Ce sont deux puristes qui se méfient du succès. À l’époque, Clapton tient la six-cordes chez les Yardbirds, groupe remettant à l’honneur les standards du blues, avant de le quitter au premier succès : « For Your Love », jugé trop « commercial. Il est remplacé par Jimmy Page, puis Jeff Beck, qui ne fait qu’un petit tour avant de s’en aller. L’homme, déjà, a du caractère et n’entend jouer que ce qu’il a envie de jouer.
Quelque temps après, Jimmy Page transforme les Yardbirds en New Yardbirds, avant que le nom de ce groupe éphémère ne soit rebaptisé… Led Zeppelin. Mais il s’agit là d’une autre histoire. Jeff Beck, quant à lui, préfère tracer son chemin en solitaire. Si ses confrères n’en finissent plus d’explorer les limites de la gamme pentatonique, celles du blues, lui s’en va plutôt chercher vers le jazz, triturant des notes certes dissonantes à la première écoute, mais toujours d’une justesse inattendue. De tubes, il ne veut pas. Chanter, il refuse ; à l’exception de « Hi-Ho Silver Lining », sympathique hymne de bistrot qui lui emplit les poches tout en lui faisant monter le rouge de la honte au front.
Ce qu’il désire, c’est autre chose. Créer un genre musical nouveau, par exemple. Et c’est ainsi qu’il découvre la voix inimitable de Rod Stewart, alors parfaitement inconnu. Ce sera le Jeff Beck Group qui, en deux albums, Truth et Beck-Ola, invente ce qui deviendra plus tard, parfois pour le meilleur et souvent le pire, le hard rock. Le groupe part aussitôt à la conquête de ces USA qui se rendent sans combattre. C’est à cette époque que Jeff Beck devient célèbre pour ses sautes d’humeur, annulant des concerts sur un simple coup de tête et allant jusqu’à refuser le pont d’or que lui font les organisateurs du festival de Woodstock, en 1969 : il estime qu’il n’a rien à faire dans un rassemblement de hippies ramollis.
S’il avait dit oui, il serait devenu une star, tels Santana et Joe Cocker, devenus mondialement célèbres à cette occasion. Mais de cela, il n’a que faire. Travaillant son instrument sans relâche, tentant d’en sortir de nouvelles sonorités, il décide de repartir à zéro. Et ce sera l’album magique, Blow by Blow (1975) avec, pour producteur - joli clin d’œil -, George Martin, celui des Beatles. Car sur ce disque entièrement instrumental, rien qui puisse ressembler à une banale chanson mais une suite de pièces liées les unes aux autres, oscillant entre jazz débridé et musique classique revisitée du sous-sol au plafond.
S’il acquiert le respect de ses pairs, Jeff Beck ne tourne que devant des audiences réduites de connaisseurs. Bref, c’est un musicien pour musiciens. Grande est alors la surprise quand, en 1993, il sort Crazy Legs, album en forme d’hommage à Cliff Gallup, guitariste en chef des Blue Caps, l’orchestre de Monsieur Be Bop A Lula, Gene Vincent ! Entre-temps, il joue pour le gotha de la planète rock : Tina Turner, Diana Ross, Mick Jagger, Kate Bush, et Van Morrison, entre autres.
Puis Eric, le duc de Clapton, qui aime à payer ses dettes, l’enrôle, en 2010, dans une tournée où il peut à nouveau jouer devant des stades pleins à ras bord. Au fait, petit détail : quand cet homme à la vie privée des plus simples, mari et père de famille sans histoire, ne mettait pas le feu sur la scène, il passait ses journées à customiser de vieilles voitures afin de les transformer en monstres de la route ; à tel point qu’il hésita parfois à abandonner le métier de guitariste pour celui de garagiste.
Comme quoi il n’est pas besoin d’être une star pour vivre en seigneur.
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Jeff Beck![Picture of Nicolas Gauthier](https://media.bvoltaire.fr/file/Bvoltaire/2024/06/24ec62c3705f165c45cada17f039cf3b.png)
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29 commentaires
En ce moment, sur le replay d’ARTE vous trouverez en hommage à Jeff Beck le concert de Tokyo
Merci pour cet hommage à Jeff Beck. Il est à noter son association avec deux musiciens américains ; Tim Bogert et Carmine Appice. A eux trois… c’était quelque chose !
Exact. Je les ai vu sur scène il y a.. 45 ans, je m’en souviens encore !
Aucune comparaison possible avec le grand JEFF BECK un des meilleurs guitaristes du monde avec les pingouins d’Indochine. Jeff Beck jouait une musique et maniait ses guitares comme peu tandis que les Indochinois chantent et jouent du commercial pour remplir les salles . Ces divas ridicules feraient mieux de s’occuper de leur répertoire que de la politique.
++++
écoutez Jeff’s boogie, Lost woman, Jeff’s blues, the naze are blue, stroll on, steeled blues etc …
1965 à 1967 c’était le bon temps
né en 1946
Je suis de la décade suivante mais j’ai bien connu Jeff Beck dont j’appréciais beaucoup le son caractéristique . Mon époque c’est plus celle de BBA , de Cactus , de Cream et Led zeppelin que j’ai vu en 1973 dans une salle improbable qu’ était le grand gymnase de l’ile de la Vanne . SI quelqu’un connait ?
Bravo pour ce magnifique article. Jeff Back était un des plus grands guitaristes Rock au monde, avec Clapton et aussi Keith Richards. Il a donné plusieurs fois des concerts au Grand Rex où je l’ai vu en 2011. Il était à l’Olympia cet été avec Johnny Depp je crois. Parmi les moments musicaux forts, une interprétation en novembre 2012 au concert des Rolling Stones à l’O2 Arena de Londres. Sur la même scène Jeff, Beck, Ronnie Wood, Keith Richards, et Jagger. C’est fabuleux.
Il faut mentionner sa proximité avec les Stones. très proche de Ron Wood et de Jagger. Il aurait pu intégrer les Stones car il était parmi les guitaristes pressentis suite au départ de Mick Taylor; Un très grand. Une vraie perte musicale.
Tous ces jeunes se côtoyaient dans les années 60 du blues boom en Angleterre . Les Mick Taylor , John Mayall des Bluesbreackers, Clapton de Derek and the dominos , Ron Wood de Faces , Jeff Beck des Yardbirds avec Jimmy Page . Tous des ados anglais rassemblés à l’époque, par la même passion pour le blues . Ils ont su faire leur chemin à partir d’une musique binaire et ont permis à l’époque de faire (re) connaitre leurs idoles qu’ étaient Robert Johnson , Muddy Waters ou Bo Diddley . Jeff Beck était peut être le plus doué de tous ! En tout cas merci à Nicolas Gauthier pour cet hommage au grand guitariste pour lequel il ne s’est pas arrêté aux banalités habituelles mais nous a permis d’en apprendre un peu plus sur le personnage . Tous ces gens nous ont tellement fait rêver à l’époque où tout semblait possible! Eux aussi étaient dans le rêve éveillé et le sont restés .
Jeff Beck était un extraterrestre de la guitare, un son unique et un réel talent. Bref un Artiste dans le plus noble sens du terme. Les musiciens ont perdu l’un des leurs… RIP au Paradis des musiciens.
++++++
Je connaissais les Yardbirds devenus Led Zeppelin mais pas ce talentueux musicien par son nom ! Et apparemment je ne suis pas le seul et pourtant, j’ai 75 ans de vie sans jamais avoir été de gauche !!!
Bel hommage, merci Nicolas. Mais mètre Jeff Beck et ces neuneu sans aucun talent d’Indochine dans la mème phrase, j’espère qu’il s’agit bien d’une comparaison dichotomique.
Quand on est un « immense guitariste » pourquoi jouer dans un groupe aux musiques aussi primitives ?
Pour moi, un illustre inconnu ! pourtant, j’ai 73 ans !
Un vrai artiste, c’est pas de la daube indochinoise.
L’Indochine a connu beaucoup de malheurs depuis la nuit des temps … elle n’avait absolument pas besoin qu’une bande de minables bobos braillards et confortablement aisés financièrement puisse oser s’appeler Indochine
Je connais dans notre association d’aide aux enfants du sud est asiatique quelques vietnamiens en France qui n’ont rien à voir avec cette bande d’opportunistes
Je ne connaissais pas cet artiste mais ayant écouté le morceau joint à votre article, je pense que je vais en chercher d’autres.
Ecoutez Nadia, vous allez pleurer.
Un grand puriste , inventif , imprévisible , à la carrière riche , qui s ‘est tourné très tôt vers le rhytm’s blues et le jazz-rock
Il a su laisser son empreinte très personnelle avec les Yardbirds , groupe mythique de l ‘ époque .
Merci pour cet article instructif .
++++++
J’ai toujours été dubitatif devant sa technique de main droite (il ne jouait qu’avec le pouce), mais vu les louanges et dithyrambes que lui adressaient des musiciens hors classe comme John McLaughlin, c’est clair: Jeff était un grand bonhomme.
C’est Johnny Depp qui doit avoir le moral dans les chaussettes !
Pourquoi ?