Jérôme Massip : « Nous attendons des actes d’Éric Dupond-Moretti pour les conditions de travail des personnels »
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Réaction, au micro de Boulevard Voltaire, de Jérôme Massip, secrétaire général du Syndicat pénitentiaire des surveillants, après la visite du nouveau ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti à la prison de Fresnes.
Maître Éric Dupond-Moretti a été nommé grade des Sceaux. Son premier acte de ministre a été de visiter la prison de Fresnes et il s’est entretenu avec les surveillants. Qu’attendez-vous de ce nouveau ministre ?
Il y a, assurément, un signe de sa part qu’il veuille se concentrer sur les questions pénitentiaires. Il a dialogué avec les détenus et les surveillants. Nous souhaitons qu’il se penche véritablement sur les conditions de travail des personnels pénitentiaires.
Depuis plusieurs années, nous avons vu des ministres de la Justice faire évoluer les conditions de détention des détenus. Cela est très bien, et nous n’avons rien contre. Mais les personnels pénitentiaires sont un peu les laissés-pour-compte des réformes successives.
Les personnels ne sont pas remplacés, leur sécurité n’est pas assurée, pour ne citer que ces problèmes. Le sujet mérite vraiment d’être pris à bras-le-corps.
Il a été davantage ovationné par les détenus que par les surveillants.
Je ne pourrai pas vous dire. Du point de vue des syndicats, nous voulons voir le maçon au pied du mur. Nous souhaitons qu’il fasse évoluer les conditions, non seulement des détenus, mais aussi des personnels. Il va falloir rétablir l’équilibre.
Nicole Belloubet avait posé un acte fort au moment du confinement. Cet acte était de vider les prisons. Énormément de détenus sont sortis. Ce désengorgement des prisons est-il une bonne nouvelle ou est-ce à contresens ?
Je ne vous cache pas que, sur le terrain, on a vu une grosse différence dans la gestion des détenus. La surpopulation a été maîtrisée et cela a donné une grosse bouffée d’oxygène. Il y avait un minimum d’activités à l’intérieur des prisons. Les personnels extérieurs au service étaient interdits de rentrer. Ce plan sanitaire mis en place visait à maîtriser la propagation du virus. Par conséquent, il y a eu des répercussions sur les conditions de travail.
Nous n’avons jamais vu des conditions de travail aussi imparfaites. On a tout de même pu travailler sereinement avec les détenus sans trop d’agressivité et de conflits. Cela était bien maîtrisé.
Quels sont les chantiers prioritaires pour le personnel pénitentiaire ?
Cela fait vingt ans que nous attendons que nos conditions soient améliorées et que nos statuts soient changés. Il faut que notre statut évolue. Nos missions ont changé. Nous travaillons autant sur la voie publique qu’en milieu carcéral. Il faut remettre nos statuts au goût du jour. Nous avons d’énormes problèmes de recrutement. Plus personne n’est intéressé pour passer le concours de surveillant. Tous ces problèmes doivent être mis sur la table noir sur blanc et des décisions doivent être prises.
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