Jeux olympiques : Elizabeth Swaney, la « skieuse acrobatique qui ne sait pas faire d’acrobaties » mais qui a tout compris !
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Il y en a qui rêvent d’être président de la République et sont des nuls de première, résistant à tous les insecticides, paradant sans vergogne. D’autres, à l’instar de l’immortel Antoine de Tounens, veulent être roi et puis, plus modestement, certains se voient aux Jeux olympiques. Leur (re)fondateur, monsieur le baron de Coubertin, n’a-t-il pas déclaré que l’essentiel était de participer ?
Voici donc mademoiselle Elizabeth Marian Swaney qui, dans l’équipe hongroise, représente plutôt qu’illustre le ski half-pipe. Elle est qualifiée de "skieuse acrobatique qui ne sait pas faire d’acrobaties". Et alors ? Il y eut, jadis, aux Jeux, un nageur du Botswana ou Zoulouland qui ne savait pas nager… Où est donc le problème ?
Ce qui est est réjouissant et même épique, dans l’odyssée de cette Américaine de trente-trois ans, c’est qu’elle a tout fait, absolument tout, pour réaliser son rêve. Elle change de nationalité. Arguant de grands-parents hongrois, elle intègre l’équipe de ce pays. Elle n’a pas d’argent ? Elle le gagnera. En Corée, elle est moquée, ridiculisée ; certains, comme ces doctes gardiens du dogme de l’excellence, déclarent urbi et orbi qu’ils mettront désormais le holà à ce type de facéties, mais elle n’en a cure. Half-pipeuse elle fut, et aux Jeux, mon bon monsieur. Une concurrente française, elle, a été plus généreuse et lucide : si elle avait été jamaïcaine, on l’eût encensée. Bien rétorqué !
C’est rare, de nos jours, de voir quelqu’un qui, sans vanité aucune, sans rien attendre de glorieux et encore moins de rentable, s’en va jouer dans la cour des grands, indifférent à la suite de son histoire. Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre.
Elle ne le réalise pas, la demoiselle, mais elle se situe dans la lignée de tous ceux qui, pour des raisons qui leur échappent, font ce qu’une voix, venue ils ne savent d’où, leur dit de faire. On est loin des calculs mesquins, des projections savantes, des plans savamment mitonnés par des experts et des analystes qui encadrent l’action de tant de nos contemporains. Mais est-elle vraiment de ce siècle ? N’appartient-elle pas plutôt, à sa mesure, à la race de ceux qui partirent un jour découvrir un nouveau monde, un remède, une machine, sans calculs précis, sans peur et animés par leur seule foi ?
Antoine de Tounens se moquait lui aussi du qu'en-dira-t-on. Il fut reconnut souverain par des Indiens ivres au bout d’une nuit orgiaque et puis termina en prison avant de mourir en Dordogne, risée de tous. Mais qu’importe, couronné il fut.
Mademoiselle Swaney ne recevra aucune médaille, le choix de la Fédération hongroise sera sans doute aucun critiqué et ses dirigeants remis au pas. Mais qu’importe, il ne faut pas grand-chose pour inspirer un humble philosophe : un peu de « half pipe » d’opérette à défaut d’audacieuse cabrioles. Et puis, elle a déjà un titre : celle dont tout le monde parle, et pas qu’en mal.
La preuve ...
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