JMJ : des jeunes fervents et engagés, un échec de la « pastorale sociale » ?

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Fin mai, le journal La Croix est allé à la rencontre des 41.000 participants français aux Journées mondiales de la jeunesse qui se déroulent en ce moment à Lisbonne. Il est « de tradition » - même si La Croix n'emploierait sans doute pas ce mot sulfureux - qu'un sondage accompagne un tel article. Cela permet de cerner le profil des jeunes catholiques de France, qu'on ne voit guère dans les médias, sauf quand ils sauvent des enfants (Henri d'Anselme). Le Figaro dépouille, cette semaine, les résultats du scrutin et dresse un profil type de la jeunesse catholique de France en 2023. Attachez vos ceintures, La Croix annonce une zone de turbulences, car on découvre, à la lecture des résultats, que s'il y avait une « génération Jean-Paul II », galvanisée par la jeunesse et l'enthousiasme du pape polonais, s'il y avait une « génération Benoît XVI », avide de formation intellectuelle et de beauté liturgique, on peut dire sans ambages qu'il n'y a pas de « génération François », tant les priorités des jeunes catholiques sont loin d'être en phase avec celles du successeur de Pierre.

La génération Lisbonne (appelons-la ainsi) assiste fréquemment à la messe (24 % y sont « tous les jours ou presque », contre 6 % en 2011) et y cherche une rencontre intime avec Jésus-Christ, notamment grâce à la communion (car les catholiques croient, rappelons-le, à la présence réelle de Jésus dans l'hostie). On est loin du réflexe bigot, ce qui est normal puisque les jeunes cathos de 2023 sont parfaitement conscients d'être une infime minorité en France. Pourtant, nombre d'entre eux (40 %) n'ont aucun problème avec la messe tridentine, sottement appelée « la-messe-en-latin », 8 % des sondés affirmant même que c'est leur messe préférée. Amour du Christ, sens du sacré, sympathie pour le rite ancien : Le Figaro note avec une cruelle honnêteté que « cette étude confirmerait ainsi l’échec d’une pastorale sociale de l’Église catholique, fortement nourrie par son aile progressiste minoritaire, soutenue par le pape François et portée à bout de bras par une partie de l’Église de France depuis les années 1970 ». Quand il s'agit de définir ce qu'est l'Église pour ces jeunes, la langue de buis ne fonctionne plus : 12 % la considèrent comme un « mouvement d’émancipation » pour la « lutte contre les injustices », quand 59 % la voient plutôt comme « un phare qui montre le chemin dans les ténèbres ». De ce côté de l'Atlantique, la théologie de la libération semble peiner à convaincre.

Tout porte donc à croire que le pontificat actuel, plutôt tourné vers les migrants, la fin de la hiérarchie (c'est le but du « synode sur la synodalité ») et l'écologie, n'a pas imprimé sa marque sur la jeunesse des années 2000. C'est bien normal : la justice sociale, l'amour de la nature et le dialogue avec les fidèles n'ont rien de nouveau, et les réponses des jeunes des JMJ vont d'ailleurs dans ce sens.

Lumière bleue contre lumière rouge

Un dernier détail : la couleur politique de cette jeunesse glisse vers la droite (12 % se disent « d'extrême droite », contre 6 % en 2011) et beaucoup d'entre eux viennent de familles déjà catholiques. Y aurait-il (horresco referens) un Grand Remplacement des cathos de gauche par leur frange la plus conservatrice ? La démographie serait-elle une science exacte ? Il n'y a qu'à voir les sorties des messes traditionnelles ou même conservatrices : la fécondité des couples y atteint des proportions subsahariennes. Ces petits couples, d'ailleurs, sont souvent morigénés dans la rue par les boomers pour leur indifférence à l'empreinte carbone, ce que l'on n'oserait pas avec des foyers tout aussi nombreux mais d'une origine moins visiblement européenne. Peu importe, stat crux dum volvitur orbis (« la croix demeure dressée tandis que le monde va sa course », NDLR), disent les Chartreux : tandis que la moquette se décolle sur les murs des églises Ikea qui se vident, les bancs des lieux de culte à l'ancienne, eux, se peuplent d'enfants aux yeux limpides, cherchant, dans la lumière rouge du tabernacle, une présence bien plus réelle que celle de la lumière bleue (pour rendre hommage au brillant parallèle de Patrick Buisson) des écrans anesthésiques. Bravo à cette jeunesse ardente !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

10 commentaires

  1. La semaine des J.M.J., s’est fini hier dimanche.Sauf erreur de ma part, je n’est pas entendu CNEWS ou autre, qu’il y a eu à la fin pillage ou bagarre contre les forces de l’ordre comme à Saint-Soline… Heureusement nous étions dans un rassemblement d’Amour de Dieu .

  2. Ce n’est pas si courant un propos comme celui de M. Giroux. Il n’a aucune crainte d’être moqué par les médias « bien-pensants » lui. Bonnes JMJ à tous ces jeunes !

  3. Le pape Benoît XVI était essentiellement le pape de toutes les générations qui composent l’Eglise,malgré sa discrétion naturelle il était réellement le pape de toutes les générations et de l’unité de l’Eglise ,il avait compris la terrible erreur de la réunion d’Assise en 1986, et dès la fin du concile la révolution qui a collaboré à la déchristianisation de l’Occident .

  4. LES JMJ rassemblement de jeunes , ou sont les cars de CRS, les voitures brulées, les magasins saccagés etc jeunesse
    blasée, découragée déçue, désenchantée, désillusionnée, a-t-il un écran géant pour montrer la journée d’ouverture des JMJ, c’est aussi important que les jeux olympique, les communes de la Seine Saint Denis non pas envoyé une délégation de leurs petits anges.
    Allez les jeunes restabilisez notre jeunesse que nous n’avons pas su protéger

  5. Il y a de bien plus nombreuses églises en France où les bancs ne sont pas peuplés d’enfants. Ils sont plutôt déserts ou parsemés de personnes du 3 ème âge. Il faut prendre garde il me semble à ne pas s’extasier devant l’arbre qui cache le désert.
    Par ailleurs quand on voit des enfants à la messe, beaucoup déambulent et semblent rapidement déçus par la petite lumière rouge. Les pleurs et cris des enfants sont souvent une gêne pour les voisins voir tous les participants aux offices, les parents ne sortant pas de l’église avec leur petit ange agité.

  6. Cette belle jeunesse ne peut que me donner de l’espoir en l’avenir pourtant si sombre. Je vois avec satisfaction que leurs votes vont également dans le bon sens. Vive cette belle jeunesse catholique.

  7. Je le disais il n’y a pas si longtemps , les cathos ne vont pas disparaitre , en voilà une belle preuve . Et ces jeunes ne sont pas stupides non plus , ils n’ont aucune confiance en ce pape qui ne soutient pas les cathos . Et leurs intentions de vote prouvent le ras bol de tous . Une petite lueur d’espoir pour ce pays , on va y croire ……

    • Si on ne nous euthanasie pas tous, nous les vieux qui conserveront encore assez de mémoire, nous garderons nos racines et celles de notre foi forte et solide malgré une société déboussolée et destructrice. Aux jeunes de conserver le flambeau et comme du temps de Jean Paul II de montrer 7ne unité et une ferveur qui persiste malgré tout envers et contre tous.

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