Johnny : dernière rando sur la route 66-75008
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Le mois dernier dans ces lignes, je fustigeais, à l’unisson avec un autre contributeur, l’anglomanie envahissante dans toutes les sphères et activités de la société française. La disparition quasi simultanée d’un académicien féru de belle langue et d’un « rocker » biberonné aux rythmes américains marque la semaine d’un symbole singulièrement paradoxal en la matière. Rapporté aux temps d’antenne consacrés à l’un et à l’autre de ces illustres défunts, l’avantage en popularité, ferveur et chagrin va indubitablement au chanteur franco-belge dont le patronyme et une certaine chanson - écoutée sans attention extatique - laissent à croire, nonobstant l’accent, à un citoyen du Tennessee...
Dans un article paru dans ces colonnes, Catherine Rouvier pose la question de la notoriété respective et future des deux disparus. Avec une réponse promettant l’avantage, avec le temps, à l’académicien. Grâce à notre nouveau ministre de l’Éducation nationale, déterminé et offensif, le terme de cette échéance pourrait heureusement se rapprocher.
En attendant, les manifestations d’hommage respectives auront des retentissements et échos différents que les médias vont couvrir avec les images les plus accrocheuses commentées véhémentement, sinon avec émotion. Les crises hystériques sont à redouter davantage qu'une tentative d'acte terroriste.
Le premier, ce vendredi, Jean d'Ormesson a reçu dans le site vénérable des Invalides le témoignage solennel de l’État, en présence des Présidents actuel et antérieurs, ministres et multiples personnalités, avec la pompe républicaine précise et rapide, ponctuée par l'éloge et musiques obligés. Dureté des pierres ancestrales et des pavés, rigueur des uniformes, ordonnancement parfait pour un homme tout en finesse ironique et sourire séducteur. La cérémonie s'est conclue sur un coup de crayon et une "Marseillaise". Alea jacta est...
Samedi, l'« hommage populaire » pour Johnny Hallyday sera d'une tout autre nature, genre grand spectacle dans la veine paranoïaque hollywoodienne. Des milliers de « fans », une énorme escorte de « bikers », des « standards » à 150 décibels sur les marches de l'église de la Madeleine et des larmes, des larmes...
Les motos pétaradantes montées par les accros fringués de leurs indispensables uniformes bigarrés, cloutés et bottés accompagneront la vedette dans son ultime « road trip » sur les Champs-Élysées transformés en mini-Route 66.
Mais quelle escouade accompagnera Jean-Philippe Smet à sa dernière demeure à Saint-Barthélemy ?
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