Jordan Bardella : « Emmanuel Macron, c’est l’anti-de Gaulle ! »

Jordan Bardella

Le couple franco-allemand Emmanuel Macron-Angela Merkel a survécu à l'épidémie de coronavirus puisqu'il vient d'annoncer un plan de relance européen de 500 milliards d'euros. Réaction de Jordan Bardella au micro de Boulevard Voltaire.

L'occasion d'évoquer avec lui les différentes gestions de la crise sanitaire selon les pays européens et aussi le vote en France de la loi Avia.

https://www.youtube.com/watch?v=LEycAaKowKI

Visiblement, le couple franco-allemand a survécu à l’épidémie de Covid-19. Hier, Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont présentés ensemble pour une conférence. Qu’avez-vous retiré de ce couple franco-allemand qu’on disait assez fatigué ?

Il y a quelques jours, Emmanuel Macron célébrait à Montcornet, le Général de Gaulle dont il s’est revendiqué sur un certain nombre de principes. Je  crois qu’il incarne tout sauf de Gaulle. Emmanuel Macron est l’anti de Gaulle. Il défend une souveraineté européenne qui n’existe pas. L’Europe est le fait de pays et de nation qui se sont bien mieux débrouillés que l’Union européenne en tant qu’organisation dans cette épidémie. Il nous a dit qu’il avait changé, mais en réalité il va toujours plus loin dans le fédéralisme européen. Ces 500 milliards d’euros peuvent paraître très séduisants sur le papier, mais en réalité ils viennent s’adosser  au budget de l’Union européenne.  Ces prêts ne seront pas remboursés par les bénéficiaires. On va donc alourdir le budget de l’Union européenne. D’une part, les pays qui contribuent le plus au budget actuel de l’Union européenne à savoir la France et l’Allemagne vont payer pour tout le monde. C’est-à-dire, le contribuable européen et le porte feuille des Français. D’autre part, on se dirige vers un impôt européen.

Il ne retient aucune leçon et il accélère.

 

Ce montant est effectivement séduisant sur le papier, mais comme l’avait rappelé le commissaire européen Thierry Breton, il aurait fallu 2000 milliards d’euros ne serait-ce pour relancer la « machine européenne ».

Ce ne sont pas des chèques cadeaux. C’est avant tout de l’argent que l’on va accorder aux États avec des contreparties extrêmement lourdes. La Commission européenne s’occupe de flécher les fonds. Je vous rappelle que cette Commission a réclamé à 63 reprises depuis plusieurs années, la baisse des dépenses de santé dans les différents États membres.

Elle porte donc une responsabilité dans la pénurie que nous avons vécue. Elle continue d’avoir des demandes toujours plus brutales à l’égard des finances publiques, des restrictions budgétaires, des restrictions dans les services publics, d’ouverture à la concurrence de ses services et d’absence de protectionnisme de désinstrualisation.

En réalité, il n’y a pas de quoi se réjouir d’une initiative de la part de deux États membres sur vingt-sept. Beaucoup d’autres pays ont d’ores et déjà dit qu’ils étaient réticents avec cet accord.

Dès le début de cette épidémie, certains pays ont eux-mêmes pris en main la gestion de l’épidémie dans leur pays. Ils ont fermé les frontières avec des pays qui étaient des foyers de l’épidémie. Ils ont généralisé le port du masque et ont mis des moyens dans les tests et dans les lits de réanimation. Certains pays de l’Europe de l’Est dont la République tchèque s’en sont sortis beaucoup mieux que nous. La France fait figure d’exception en Europe...

 

Viktor Orban s’était arrogé les pleins pouvoirs sous les hurlements de la presse occidentale qui voyait une confirmation de ces soupçons d’ambition dictatoriale de la part du Premier ministre hongrois. Il s’est engagé à les rendre à la fin du mois. Finalement, l’état d’urgence sanitaire n’est pas encore levé… A-t-on des leçons à retenir de ces pays-là ?

Je note que les pays de l’Est s’en sortent beaucoup mieux que nous. Emmanuel Macron passe son temps avec la présidente de la Commission européenne à donner des leçons de démocratie à des pays de l’Europe de l’Est et notamment à la Hongrie, alors qu’il vient de faire voter une des lois les plus liberticides qu’on n’ait jamais vue sous la Vème République. La loi Avia remet la liberté d’expression entre les mains non plus de la justice, mais de plateformes privées et des GAFA. Les attentes aux libertés d’expressions existent en France. On entend très peu la Commission européenne.

 

On a tendance à dire que la plupart des lois qui arrivent en France sont le produit de la Commission européenne. La loi Avia est-elle vraiment une spécificité française à l’échelle européenne ou peut-on trouver des projets similaires parmi les différents membres de l’Union ?

C’est assez rare pour être souligné, mais la Commission européenne avait elle même émis des réserves sur cette loi Avia comme elle en avait mis sur la loi anti fake news. C’est pour vous dire à quel point les restrictions des libertés sont évidemment importantes sur cette loi.

Emmanuel Macron et madame Merkel vendent ce concept de souveraineté européenne qui n’existe pas. Lorsqu’ils nous parlent de relocaliser un certain nombre d’industries qu’ils ont contribué à délocaliser à l’étranger, ils vont bientôt nous dire qu’ils sont en désaccord avec la politique menée depuis trois ans qui consiste à aller chercher des usines qu’on a délocalisées en Chine pour les ramener en Europe de l’Est. La concurrence existe au sein même de l’Union  européenne. Il faudrait qu’on soit capable de tirer les conclusions de cette crise et qu’on se mette autour de la table pour mettre en place une Europe des nations et des coopérations entre États.

Cela permettrait de mettre de l’argent dans la recherche, dans l’intelligence artificielle et dans les nouvelles technologies. Qu’on laisse aux États la capacité de décider de ce qui est bon pour eux, pour leur économie, leur système sanitaire et pour leur compte public.

 

 

Jordan Bardella
Jordan Bardella
Député au Parlement européen, président par intérim du Rassemblement national

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