Jordan Peterson astreint à un stage de « rééducation » pour son franc-parler

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PowerfulJRE
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L’enseignant-chercheur en psychologie de Toronto et de Harvard, de nationalité canadienne, réputé pour son regard critique porté sur les revendications politique des minorités dites « LGBTQIA+ » (personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, trans, queer, intersexes, asexuelles et autres minorités sexuelles et de genre) vient d’être astreint par la Cour suprême du Canada à suivre un stage de mentorat pour corriger l’expression publique de ses convictions. Une sanction disciplinaire intervenue ce jeudi 8 août, après une âpre bataille judiciaire menée entre Jordan Peterson et l’Ordre des psychologues de l’Ontario, auprès duquel Peterson est agréé comme psychologue clinicien depuis 1999.

Alors que la liberté d’expression est l’un des héritages les plus précieux légués par les sociétés démocratiques occidentales, les pairs de Jordan Peterson, qui n’apprécient guère sa conception politico-philosophique conservatrice de la nature humaine, ont décidé de mettre au pas le trublion « anti-woke » et populaire Peterson pour mauvaise conduite. Son principal chef d’accusation : ses attaques ad minorem à l’encontre des représentants, offusqués, de la communauté LGBT(QIA+). L’« Ordre » juge nombreuses de ses déclarations publiques « inappropriées, scandaleuses [et] déshonorantes » et s’alarme de l’incompatibilité de ses prises de position avec le Code de déontologie du collègue de l'Ontario, lequel exige que les membres ne doivent pas tenir « des propos publics dégradants pour autrui, en particulier fondés sur la culture, la nationalité, l’origine ethnique, la couleur de peau, la race, la religion, le sexe, le genre ou l’orientation sexuelle » des personnes concernées.

La Cour suprême du Canada, qui avait été préalablement saisie en instance puis en appel, a mis fin au litige judiciaire, refusant de lever la sanction disciplinaire collégiale prononcée par ses pairs en novembre 2022 à l’encontre de l'intellectuel canadien, jugeant que ce dernier avait bel et bien enfreint la déontologie de l’Ordre des psychologues de l’Ontario. Le pourfendeur du wokisme devra donc s’astreindre à un stage de professionnalisme afin de policer son discours pour ne plus, à l’avenir, heurter la sensibilité à fleur de peau de la communauté arc-en-ciel.

Un intellectuel en croisade contre l’idéologie woke

Jusqu’alors, Jordan Peterson s’en était pris à la restriction des libertés fondamentales, survenue lors de la pandémie de Covid-19, à l’identité de genre, à la transidentité ou encore à l’obésité. Ses réflexions philosophiques, son analyse de la société occidentale moderne, retranscrites dans ses livres, sont aussi diffusées via de nombreuses conférences publiées en ligne et visionnées par des millions d’internautes, essentiellement masculins (80 % de son public sur sa chaîne YouTube), ainsi qu’à travers ses réseaux sociaux, qui glanent des millions d’esprits assoiffés de philosophie conservatrice et de développement personnel. Et c’est tout particulièrement sur X que porte la voix du « docteur Jordan B. Peterson », qui se décrit lui-même comme un « auteur à succès ». Avec plus de 8 millions d’abonnés sur YouTube et 5,4 millions de followers sur X, le succès est en effet au rendez-vous. À tel point que l’auteur du « best-seller » planétaire 12 Rules for Life : an Antidote to Chaos (« 12 nouvelles règles pour une vie : au-delà de l’ordre », publié aux Éditions Michel Lafon) propose à ses lecteurs, auditeurs et aficionados d’intégrer son université en ligne, la « Peterson Academy », sur laquelle il promet « une éducation dépourvue d’idéologie ».

L’idéologie woke, Jordan Peterson la fustige et il s’érige en rempart contre ce qu’il considère être une « idéologie d’extrême gauche postmoderniste et néomarxiste », infantilisante et vautrée dans la culpabilité permanente.

Parangon du retour à l’ordre naturel, « l’intellectuel actuel le plus influent du monde occidental », selon le New York Times, estime, sur X, s’être fait épingler « principalement pour s’être opposé publiquement aux bouchers et aux menteurs qui soumettent les enfants à la stérilisation et à la mutilation ». Entre franc-parler et politiquement correct, la Cour suprême canadienne aura tranché en défaveur du premier.

 

Prenant le contrepied de l’acceptation exponentielle de toutes les revendications minoritaires, originalités sexuelles et de genre, Peterson se défend contre ses détracteurs avec cet argument : « Pour pouvoir réfléchir, il faut prendre le risque d’être offensant. »

L’Ordre lui reproche plus encore d’avoir fait des déclarations dénigrant les revendications des personnes transgenres et en surpoids. Il avait, notamment, décrié l’intransigeance d’une ancienne élue municipale d’Ottawa qui tenait à ce qu’on la désigne sous le pronom « iel », la qualifiant de « bien-pensance moralisatrice épouvantable » ; qualifié l’ablation des seins de l’actrice transgenre Elliot Page d’acte « criminel » ou encore moqué la une d’un magazine illustré par une mannequin obèse posant en bikini en lançant, désinvolte : « Désolé, pas belle, et aucun autoritarisme intolérant ne changera cela. » Des propos à l’emporte-pièce qui lui valent plus largement l’hostilité farouche de la gauche morale estudiantine, universitaire tout autant que médiatique, celle des progressistes invétérés (qui sont davantage une régression de la pensée) et des néo-féministes acharnées (qui ne représentent en rien le féminisme, entendu au sens noble du terme), tous unis contre un seul homme : Jordan Peterson, l’homme qui dénonce le « white bashing » et qui appelle la jeunesse occidentale à lutter contre les mutations brutales et la perte de sens du monde moderne.

Anna Morel
Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

45 commentaires

  1. « Seul, un effondrement économique et la perte de confort matériel de la masse, peut amener à un changement »
    On dirait du Durkheim…(Rires !) Tout à fait d’accord avec vous Cyrano24. Ce n’est (hélas !), que lorsque  les frigos ou les ventres du peuple seront vides que les gens prendront enfin conscience de leurs vrais besoins au quotidien. Ils oublieront vite alors, leur soi-disante nécessité d’adhérer à cette idéologie wokiste, débilitante à la vrai démocratie des peuples. La théorie de la « Pyramide de Maslow ». souvent trop absente à la pensée « gauche-caviard », ne manquera pas d’approuver et donner alors raison au bon sens de vos propos.

  2. Pas étonnant venant du canada, pays dont le premier ministre représente tout ce qu’il y a de plus woke sur la planète.

  3. La dernière fois que j’avais entendu parler de « rééducation » institutionnelle, c’était à l’époque de Pol Pot où le choix était laissé entre la soumission ou la mort. Le Canada s’en rapproche dangereusement et devient une dictature déguisée (comme en Union Soviétique) des horipeaux de la légalité.

  4. Une étape de plus dans la dictature de l’esprit. Ce n’est plus le tour de France, mais le tour du monde; plusieurs fois.

  5. Vous ne fermerez pas ces lèvres qui remuent (phrase tirée d’un poème du poète Mandelstam , mort martyr en 1938). Soutien total à M. Peterson

  6. Depuis le temps qu’on sait que la bande à Soros a mis le grappin sur le Canada ! Il serait temps qu »ils virent ce pantin de trudeau qui n’est qu’un Macron d’opérette.

  7. Si je dis « qu’un homme ne peut être enceint et encore moins enfanter » risque de me faire trainer en justice et peut-être même censuré pour ce commentaire ? Si oui, tant pis, j’assume.

  8. Bonjour, votre traduction de : « 12 Rules for Life : an Antidote to Chaos est loin de respecter son sens originel quand vous écrivez : (« 12 nouvelles règles pour une vie : au-delà de l’ordre », publié aux Éditions Michel Lafon). D’ailleurs le titre du livre chez cet éditeur est  » 12 règles pour une vie – un antidote du chaos ».

  9. Eh bien s’ils veut envoyer en stage tous ceux qui sont contre les LGBT et qui ont critiqué la gestion du covid il va y avoir du monde à ces stages .

  10. Dans l’ex URSS, ceux qui ne pensaient pas comme il faut étaient placés en hôpital psychiatrique. En occident aujourd’hui, ceux qui ne pensent pas comme il faut sont astreints à des stages destinés à « redresser » leur pensée. En d’autres termes, à un lavage de cerveau…

  11. Encore un opposant, à la vague fasciste et totalitaire, précédée par le wokisme, qui se fait martyriser. Les méthodes soviétiques sont de plus en plus utilisée. Bientôt, pour ceux qui conservent leur liberté de penser, ce sera l’hôpital psychiatrique. On libérera des fous pour les y incarcérer .

  12. Il reste encore quelques personnages courageux en occident qui osent défier la bien-pensance. Mais pour combien de temps encore? La persécution des régimes totalitaires occidentaux ne leurs feront pas de cadeau. Quant aux élections et aux peuples, n’en attendons rien, ils sont paralysés quand ils ne sont pas wokes eux-mêmes. Seul un effondrement économique et la perte de confort matériel de la masse peut amener à un changement…Sinon, le monde qui vient sera totalitaire (on voit déjà partout la censure en UE et des condamnations en GB…) Leur message est simpliste : chers messieurs dames, c’est au nom du Bien que l’on impose la dictature et les moutons applaudissent.

  13. Comme la Russie l’Occident compte bien sur sa puissance militaire pour continuer à exister, il peut se permettre de saccager sa civilisation; il devra constamment chercher à garder la suprématie technologique de l’armement pour ne pas être balayé par l’ancien tiers-monde.

    • Heureusement que la Russie est une puissance militaire pour se préserver des intentions hégémoniques et destructrices (pour ceux qui n’ont pas la même idéologie) de l’occident. L’occident se présente avec le masque du Bien et s’autorise toute les répressions (intérieures) et agressions (extérieures) à ce titre. Et la masse suit et soutien sa propre mise en servitude… au nom du Bien.

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