Joseph Kennedy le troisième, nouvelle coqueluche
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Donc, Trump a fait son discours sur l’état de l’Union le 30 janvier, dans la foulée de celui de Davos, fort du soutien bruyant des élus républicains, et devant un aréopage démocrate silencieux, boudeur. Des démocrates qui avaient tout misé sur la « trahison russe » de Trump, et qui voient l’argument leur échapper. Les néoconservateurs ont gagné : Trump est rentré dans le rang, ils voudront le garder encore quelque temps, en tout cas jusqu’aux prochaines législatives partielles de l’automne. Si les républicains conservent le pouvoir, alors la question de l’avenir politique de Trump se posera.
Comme celle de l’avenir de Poutine, en lice pour les présidentielles au mois de mars. Toute la campagne antirusse des 18 derniers mois avait un objectif simple : la « saddamisation » de Poutine, en préalable au changement de régime. Les démocrates ont cependant cru y voir un moyen de sortir Trump immédiatement. Les républicains y ont vu essentiellement un moyen de paralyser Poutine, de le couper de ses oligarques qui regrettent amèrement de ne plus mener la belle vie dans les palaces occidentaux. Et la « liste Poutine », sortie le même jour que le discours sur l’état de l’Union par le département d’État, lançait un habile avertissement aux faméliques oligarques : « Dissociez-vous de Poutine, sinon… »
Dans ce contexte de lutte pour le contrôle de l’hémisphère nord, où la Chine joue au poker, la Russie aux échecs et l’Amérique au blackjack, le parti démocrate est victime de son succès. À force de « déconstruire » la culture, de fractionner la population en clientèles, de jouer la fragmentation des genres et des ethnies, le parti n’a plus d’unité idéologique, semble perdre sa raison d’être, à moins peut-être de vouloir devenir le parti de Caracalla : obsédés par les questions migratoires, les démocrates iront-ils jusqu’à accorder la citoyenneté à toute la planète (comme Caracalla le fit pour l’ensemble de la population de l’Empire romain) ?
Au discours du président, les démocrates ont dû présenter… cinq répliques télévisées, dont l’officielle, celle de Joseph Kennedy le troisième, petit-fils de Bobby Kennedy, le frère du président. De prime abord, l’intervention de Joe junior fut banale, révélant à quel point John Fitzgerald Kennedy, père de la première grande réforme fiscale de l’après-guerre (en fait, le prototype de celles de Reagan et de Trump), ne pourrait plus aujourd’hui se qualifier en tant que démocrate à la présidence des États-Unis. Trop à droite, trop capitaliste…
Le discours de Joe, gonflé au marketing et émaillé de thèmes « hillariens », était bien sympathique. Pris en otage par le spectre d’Obama, bon orateur comme ce dernier, Joe a voulu plaire à « ceux d’en haut » en prétendant aider « ceux d’en bas ». Mais trahi par l’incompétence de ses maquilleurs, surpris par le discours concret de Trump et sa machiavélique mise en scène des victimes du système comme des héros de tous les jours qui "fondent l’acier de la colonne vertébrale du pays", Joseph n’a pu que jouer les mièvres ingénues. Et c’est probablement ce qui fera sa force. Le Canada a eu Justin Trudeau, la France a eu Emmanuel Macron, alors pourquoi pas un Kennedy d’occasion aux États-Unis ?
D’autant que les prochaines primaires présidentielles démocrates ont de facto commencé et que les couteaux s’affûtent. Les médias ont besoin d’une coqueluche, et Joe le beau gosse ne doit pas être sous-estimé…
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