Journée contre les violences faites aux femmes : le procès de Mazan en paravent

@Mélodie Descoubes/Unsplash
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Un nouveau calendrier mondialisto-républicain s’étant peu à peu substitué au calendrier romain, les « journées internationales » ont désormais remplacé les saints d’hier. Ainsi, Jusqu’à la fin du siècle dernier, le 25 novembre, fête de sainte Catherine d’Alexandrie, était jour de liesse : on y célébrait « les catherinettes », jeunes femmes ayant eu 25 ans dans l’année et pas encore mariées. Fini, tout cela ! Depuis 1999, le 25 novembre est devenu, sous la houlette de l’ONU, la « Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ». (Et il y a fort à parier qu’on considère la vieille tradition de faire coiffer le chapeau vert aux catherinettes comme une énième preuve de violence sexiste…)

Quels chiffres pour les violences non conjugales ?

Les chiffres officiels donnés par le ministère de l’Intérieur sont en effet plus qu’alarmants, et il est à noter qu’ils ne concernent que les violences dites conjugales. En sont donc exclues toutes les agressions et crimes contre des femmes sans lien avec leur agresseur, lesquelles passent dans le flot des statistiques de crimes et délits.

En 2022, on a enregistré en France 244.301 victimes de « délits commis par une personne étant, ou ayant été, le partenaire de la victime dans le cadre d'une union libre, d'un PACS ou d'un mariage ». Cela représente « une augmentation de 15 % par rapport à 2021, proche du taux d’évolution annuel moyen constaté depuis 2019 », soit un chiffre double de celui enregistré en 2016. Le ministère note toutefois que cela s’inscrit dans un contexte post-MeToo « de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie ». À noter également que, selon l’enquête Genese 2021, seulement une victime sur quatre « signale à la police ou à la gendarmerie les faits qu’elle a subis ».

On apprend que 86 % des victimes sont des femmes et 87 % des agresseurs sont des hommes, à 83 % de nationalité française, et plutôt jeunes : environ la moitié ont entre 30 et 45 ans et 13 % ont moins de 25 ans. Les violences déclarées sont physiques à 69 %, verbales ou psychologiques dans 27 % des cas et sexuelles pour seulement 4 %. Sans doute, également, un effet de l’air du temps. « Si les violences sexuelles conjugales sont "les moins fréquemment enregistrées" », dit l’étude, ce sont celles qui ont le plus augmenté en 2022 (+21 %).

Enfin, les statistiques révèlent une répartition géographique intéressante, puisque arrive en tête des agressions la Seine-Saint-Denis, suivie de la Guyane, du Pas-de-Calais, du Nord et de La Réunion.

Et si c’était aussi une question de mœurs ?

On le sait, malheureusement, les violences conjugales et intrafamiliales peuvent concerner tous les milieux. Toutefois, comme certaines statistiques sont, là encore, impossibles à réaliser, on ne peut qu’établir certaines corrélations : la Seine-Saint-Denis, par exemple, cumulerait donc tout à la fois les records d’immigration (31,6 % d’immigrés et 31,6 % de descendants d’immigrés) et de violence conjugale (14 femmes victimes pour 1.000 habitants, en hausse de 20 % par rapport à 2021).

Cette question, pourtant, n’est jamais abordée, et si la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, Salima Saa, annonce aujourd’hui un nouveau train de mesures pour aider les femmes à sortir de l’enfer, tous mettent l’accent sur « l’effet Mazan ». Ainsi, la formation du personnel médical et de la police devra maintenant se faire avec l’'objectif, notamment, de les « sensibiliser aux nouvelles formes de violence, comme le cyber-harcèlement ou la soumission chimique ».

« Ça reste un procès historique et pédagogique, Il y a eu un avant et un après MeToo, il y aura un avant et un après Mazan », dit le ministre, reprenant la petite musique qui circule et laisse planer ce syllogisme scandaleux : les violeurs de Mazan sont des hommes ordinaires, donc tout homme ordinaire est un violeur en puissance !

Le procès arrive à son terme et le procureur a déclaré, ce matin, que « l’enjeu est de changer fondamentalement les rapports entre hommes et femmes ». Quant au ministre de la Justice, Didier Migaud, invité des 4 Vérités (Télématin, France 2), il a repris le propos, affirmant : « On doit sortir de cette culture de la domination sur la femme. » Mais encore ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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