Journée internationale des droits de l’enfant : avec le Black Friday, c’est coup de balai sur les gosses !
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Qui ne connaît pas le désormais traditionnel Black Friday, ce grand rendez-vous commercial d'origine américaine qui se déroule, chaque année, le vendredi suivant la fête de Thanksgiving ? Il est fixé cette année au 26 novembre. L'occasion de grandes promotions pour lancer les achats des fêtes de fin d'année et qui rapporte gros : au moins 6,2 milliards de dollars dépensés par minute, aux États-Unis, pour les achats en ligne l'année dernière, un record historique !
C'est en 2013 que la grande braderie est apparue chez des Français qui n'auraient pourtant jamais eu l'idée de fêter Thanksgiving. Une manne pour les grandes enseignes et, surtout, le commerce en ligne : en 2015 et 2016, Amazon et Cdiscount étaient les sites marchands les plus visités avant la FNAC, SFR et Darty. Et l'année 2019 marquera un record, puisque les dépenses des Français tout au long du week-end Black Friday avoisinaient les six milliards d'euros (données du ministère de l'Économie).
L'année dernière, la fête était moins belle. Et la bataille tellement disproportionnée entre les géants du commerce en ligne et les petits commerçants confinés-sacrifiés qu'il aura fallu l'intervention d'un Bruno Le Maire et du gouvernement pour obtenir le report de l'événement à une semaine. L'occasion, aussi, pour certaines associations écolos, de protester contre cette obscène incitation à la surconsommation. Elles n'avaient sans doute pas tout à fait tort.
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Car le cru Black Friday 2021, que l'on peut traduire par « Vendredi noir » ou « Vendredi fou », n'aura, cette année, jamais aussi bien porté son nom depuis que le Centre de reproduction humaine ukrainien BioTex s'est lancé dans l'aventure. Au tour des enfants de faire leur entrée dans le temple des grands « coups de balai ». Pas côté consommateur mais côté marchandise. Fini l'enfant roi, place à l'enfant produit et remisé puisque, du 15 au 26 novembre, les clients de BioTex peuvent profiter de rabais intéressants : jusqu'à 1.947 euros « all inclusive VIP » (pour une opération de GPA estimée à 64.900 euros, services inclus et résultat garanti) ou 447 euros « forfait perfect chance » (pour une opération « don d'ovocyte » succès garanti à 11.900 euros). L'histoire ne dit pas où l'entreprise trouve les ressources pour tirer à la marge sur ses prix. Le sacrifice est-il demandé aux mères porteuses ou aux donneuses d'ovocytes priées d'accepter une rémunération au rabais ?
Sur ce chapitre, aussi, du Black Friday, on attend les réactions rapides et outrées du collectif Green Friday ou de Greenpeace, capables de « se faire entendre face à la frénésie d'achat du Black Friday venu des États-Unis » en organisant une campagne « Faites quelque chose » invitant à ne rien acheter ces jours-là...
Si, en Ukraine, le commerce de GPA est légal, tout le monde peut en profiter. À commencer par les Français qui ne sont jamais lourdement sanctionnés, malgré l'interdiction du Code pénal, lorsqu'ils ramènent un enfant fabriqué ailleurs. Faut-il rappeler cette impunité symptomatique dont bénéficie Marc-Olivier Fogiel, ce fervent défenseur et riche client de GPA, papa de deux petites filles importées et fabriquées dans le ventre d'une mère porteuse américaine ?
Malgré tout, la main sur le cœur, nombreux sont les politiques qui veulent nous rassurer. Éric Dupond-Moretti, encore tout récemment, le répétait à l'envi au magazine Femme actuelle : « La GPA est une ligne rouge que nous ne souhaitons absolument pas franchir. » Croix de bois, croix de fer, et s'il ment, il ira en enfer ? Un risque à courir, après tout, on connaît le scénario : avant lui, Édouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Valérie Pécresse ont tous retourné leur veste au sujet de la PMA. Alors, pourquoi pas lui ?