Journée mondiale contre les LGBTQIA+phobies : et le droit à l’indifférence ?

lgbt

Ce mardi 16 mai était inauguré, dans le quartier du Marais, à Paris, un espace dédié aux LGBTQI+ dénommé La Bulle, paraît-il unique en Europe.

Gérée par sept associations, La Bulle sera « un lieu chaleureux où les personnes reçues seront protégées, où elles pourront se retrouver et reprendre des forces avant d’affronter les autres », dit au Parisien Aude Le Moullec-Rieu, présidente de l’ARDHIS (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour). Il y aura de la place et des moyens : « Grande salle d’accueil, salle de réunion, espace salon cosy, bureaux de confidentialité prévus pour les entretiens avec un professionnel (juriste, psychologue…), studio d’enregistrement insonorisé, forum », etc. Coût des travaux payés par les Parisiens : 540.000 euros pour 520 m2.

C’est qu’à Paris, on est très « gay-friendly » et l’on trouve parfaitement normal d’avoir un ghetto arc-en-ciel dont les limites géographiques figurent au sol par un bariolage du même métal. Il n’y a pas encore de check-point à l’entrée avec obligation de brandir son passeport gay, mais on sent bien que ça pourrait venir.

L’inauguration de La Bulle coïncide avec la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, ce mercredi. Un jour propice à de nombreuses manifestations, lamentations et récriminations dont la presse se fait l’écho.

Libération consacre ainsi un grand dossier à l’épineux problème des bi qui, nous dit-on, subissent « la double peine ». Si l’homophobie et la transphobie « font l’objet de campagnes de sensibilisation », nous dit Libé, « la biphobie, et même la bisexualité, restent largement méconnues et invisibilisées ».

Ici, une remarque : les naïfs dans mon genre croyaient que l’invisibilité était justement l’objectif à atteindre, le but étant que chacun vive sa sexualité comme il l’entend dans l’indifférence générale. Grossière erreur : il faut maintenant être connu et reconnu pour son orientation sexuelle, même si elle est à géométrie inconstante et variable.

Un sociologue « des intimités et des sexualités » explique : « Le drame des bisexualités est de subir des discriminations associées à d’autres sexualités. Historiquement, les personnes bisexuelles sont fondues dans les communautés gay et lesbienne » et, de ce fait, « les femmes bi peuvent subir de la lesbophobie. Or, c’est aussi de la biphobie parce que leur identité n’est pas reconnue comme telle? » Compliqué car (injustice suprême) les femmes seraient, là, encore plus discriminées que les hommes. En effet, dans ce monde qui se revendique sans genre, les genres existent bel et bien, et « dans une société pétrie de représentations sexualisantes des femmes et des lesbiennes, les bisexuelles sont elles aussi hypersexualisées », nous dit Libé.

Heureusement, l’Éducation nationale va remédier à tout cela grâce à « la nouvelle campagne de prévention et de sensibilisation contre les LGBT+phobies au collège et au lycée, nommée “Ici on peut être soi“ ». Cette campagne doit être « un moment de mobilisation, de solidarité, de visibilité et de réflexion autour des questions relatives à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre », dit le gentil Pap Ndiaye. Il annonce donc la création d’un « Observatoire de lutte contre les LGBTphobies » dans chaque académie avec son Numéro Vert gratuit. Les supports pédagogiques sont en route. On les attend avec gourmandise.

Puisque le temps est aux revendications, j’en ai une à formuler : pourrait-on, nous aussi, avoir droit à l’indifférence ? Nous, gens qui ne nous définissons pas par notre orientation sexuelle et aimerions ne pas avoir à s’occuper de celle des autres. Parce qu’on s’en fout. C’est possible ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 19/05/2023 à 20:18.
Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Malheureusement, c’est à force d’omnipresence dans la sphère médiatique qui semblent en faire la promotion, que les causes des minorités finissent par devenir détestables.
    Alors, laissons les homos vivre leur vie, comme chacun dans l’anonymat, ainsi que les obèses, les noirs, les trans et compagnie… mais n’essayons pas d’en faire des généralités qu’elles ne sont pas en France,et qu’elles ne doivent pas être !

  2. Où s’arrêtera-t-on dans les revendications ? Après le droit à l’infanticide et le droit au parricide revendiqués dans la Constitution va-t-il falloir inscrire le droit à faire n’importe quoi et la suppression de la police et de la justice qui en découlent naturellement?

  3. Chère Marié,
    Que votre conclusion est plaisante ! Je ne cache pas mon homosexualité mais considérant que cela n’a pas d’importance, je ne la revendique pas. Comme vous le dites si bien, la seule chose qui m’importe c’est l’indifférence, comme pour la couleur de peau. La différence c’est qu’à moins d’être une grande folle ou une camionneuse, ça ne se voit pas.
    Et les Français, contrairement aux déclarations des principaux media, sont très tolérants. Mais à force de propagande LGBT ainsi que de celle prétendument antiraciste, l’effet devient inverse.
    Heureusement que vous rétablissez ces vérités ! On en a rien à faire ! Et éviter le jugement permet aussi de ne pas perdre son énergie en futilités.
    Quant à faire des ghettos alors que c’est rejeté lorsqu’ils sont imposés, c’est du grand n’importe quoi.

  4. Se comporter de cette façon est vraiment ne rien connaître à la nature humaine. Que les LGTBetc… relisent le Satyricon de Pétrone et se demandent pourquoi, après une telle liberté des mœurs, la chrétienté s’est imposée avec sa morale.
    Il est à craindre que ces démonstrations excitent dangereusement des croyants qui ne seront pas chrétiens, cette fois-ci.

  5. Pap Ndiaye annonce la création d’un « Observatoire de lutte contre les LGBTphobies » Et l’observatoire de lutte contre la chute du niveau scolaire, c’est pour quand ?

  6. Ah MERCI .
    A t’on le droit de dire qu’on se fout complètement du sexe que ça ne dirige pas notre vie qu’on pense à autre chose et que ce que font les autres ne nous concerne pas ? A t’on le droit de dire qu’on en a assez de voir d’entendre et de subir les émois des autres alors qu’on a la décence de ne pas leur infliger les nôtres ?
    On mène mieux un peuple par le sexe que par des lois disait Soljenytsine , tout semble tourner autour des amateurs de galipettes en tous genres et ne pas laisser de place à ceux qui voudraient prendre un peu de hauteur. On n’est pas plus anormaux que d’autres mais chaque chose a sa place et ce que font les autres ..on s’en fout.
    Merci de plaider pour l’indifférence.

  7. Cet excellent article, comme toujours de Madame Delarue, conforte ma réflexion dans le commentaire sur l’édito de madame Ludovine de la Rochère : « Dix ans après la loi Taubira : « Notre détermination est absolument intacte », le monde des humains dans lequel nous vivons désormais est devenu fou. Et moi, comme Madame Delarue, j’aspire à l’indifférence et à ne plus être agressé par ce déballage LGBTQ+++++ qui amalgame malgré eux tous les homosexuels qui vivent discrètement leur sexualité. Un peu de pudeur de la part d’une minorité ne peut nuire à l’ensemble de la communauté.

  8. LGBTphobe du fond de l’âme, hétérosexuel, marié à la même femme depuis près d’un demi siècle, père de trois enfants et grand père , je suis las des revendications des homosexuels, qui ne représentent qu’une minorité du peuple français, et qui pourtant emmerdent le monde en permanence avec leurs exigences, ça suffit.

    • Entièrement d’accord ! Avec leurs excès, on finit par devenir « LBGTphobe » ! Nous sommes un pays tolérant contrairement à certains pays moins tolérants (pays islamiques) , leurs jérémiades finissent par nous lasser, sinon par nous agacer !

    • Comme l’a si bien rappelé Madame Delarue, la plupart des homos ne réclament que le droit à l’indifférence et ne se reconnaissent pas dans les revendications des associations LGBT. Vous êtes hétérosexuel, tant mieux pour vous. Et cela change quoi ? Vous pouvez avoir des enfants, ce que les homos ne peuvent pas sinon de façon non naturelle. Et que dites vous à un inconnu dont vous ne savez pas qu’il est homo ? Vous lui posez d’abord la question ? Avant de dire que vous êtes LGBTphobe (ce qui pour moi n’est pas un délit), êtes vous sur de ne pas avoir parmi vos relations des LGBT qui ne revendiquent rien d’autre que le droit à l’indifférence et qui si vous l’affichez ne vous le disent pas.
      Et combien de LGBTphobes ou autres racistes ont des amis LGBT ou d’une autre couleur de peau et disent oui mais lui c’est pas pareil. C’est souvent juste une histoire de non revendication de la différence.

    • Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, et qu’ils nous fichent la paix. Pourquoi devrait-on en plus les approuver ? C’est eux qui en subiront les conséquences si leurs actes sont mauvais. Ils ont pourtant eu la leçon du SIDA !

    • 5% de la population. Et les associations LGBT ne représentent à ce que je sache moins d’un tiers des LGBT qui ne revendiquent que le droit à l’indifférence et surtout pas de ghetto !

  9. Merveilleux. Sinon, quelqu’un connait-il un moyen d’obtenir un RV chez un gastro, un ophtalmo ou un dermato dans le raisonnable délai d’un an ? Non ? OK. Je vais prendre un RV pour transitionner.

  10. Des associations gavées de subventions qui prétendent représenter l’ensemble des homos, bi … sans avoir consulté personne et qui précisément attisent les phobies en mettant le projecteur sur des gens qui n’ont rien demandé.
    Mais ça doit sûrement rapporter beaucoup.

  11. C’est exactement ça : on s’en fout de l’orientation sexuelle des uns et des autres. Pour vivre heureux vivons cachés. J’ai remarqué qu’à chaque fois que l’on voulait faire émerger un problème qui était quasi inexistant ou peu problématique on faisait émergeait inversement proportionnel des peurs et des problèmes qui n’existaient pas auparavant. Le racisme n’a jamais été autant exacerbé qu’avec la création de SOS racisme (qui était lui même raciste car il triait les racismes. En fait on pouvait insulter les asiatiques, les indiens, les américains du sud, du centre et du nord ou les inuits mais surtout pas les noirs ou les arabes car là c’était du racisme) l’homosexualité et tout le reste existent depuis la nuit des temps. On n’a rien inventé au 21e siècle. Donner des droits égaux à tous était tout à fait normal maintenant ériger ça en cause nationale et en faire de la propagande ne fait que cristalliser les phobies diverses chez des gens qui n’en peuvent plus d’être matraqués de toute part et d’être obligés de faire attention à tout sous prétexte d’être un phobe quelconque. Et le pire c’est ce qu’on nous concocte à l’école. Ça n’a rien à faire dans les écoles. Qu’on laisse vivre les enfants normalement et s’épanouir comme avant. Ils auront bien le temps de se préoccuper de leurs choix sexuels plus tard. Ce problème (si tant est qu’il y en ait un) ne concerne qu’eux et leur famille et personne d’autre et surtout pas les profs ni l’éducation nationale.. il est vrai que vu l’excellence de notre système dans les classements internationaux, le ministre n’a pas grand chose d’autre à faire. Surtout que ses mouflets sont bien à l’abri de tout cela. À moins qu’il les emmène voir les spectacles de drag queens pour leur ouvrir l’esprit comme il veut ouvrir l’esprit de nos enfants ?

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