Julian Assange : pas d’asile politique en France
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Tenir certaines informations secrètes est nécessaire. « Si l'ost [l'armée, à l'époque féodale] sait ce que fait l'ost, l'ost bat l'ost », disait Blaise de Monluc, fait maréchal de France en 1574. Le respect de la confidentialité est nécessaire au bon fonctionnement des armées. Les affaires, la politique et la diplomatie ont vite copié les militaires et leur engouement pour la discrétion. Parfois, cette discrétion sert à camoufler des faits scabreux, des actions glauques, des ratages malsains - bref, des saloperies, pour ne pas mâcher ses mots.
Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a contribué plus que largement à la fuite puis à la publication d’une grande quantité de documents confidentiels mettant en évidence la saleté de la guerre menée par les États-Unis d’Amérique en Afghanistan et en Irak. L’exécutif américain nourrit contre lui un certain ressentiment et affirme que ses révélations ont mis en danger la sécurité nationale. Exagéré ? Il souhaite le traduire devant des tribunaux locaux. La suite est connue : un pataquès sexuel suédois assez tordu sert de prétexte à l’émission d’un mandat d’arrêt international. Assange est mis en liberté sous caution au Royaume-Uni en attente d’une éventuelle extradition et se réfugie à l’ambassade d’Équateur du 19 juin 2012 au 11 avril 2019 qu'il ne peut quitter. Lâché par le nouveau pouvoir équatorien, il est mis en prison et condamné par la Justice britannique pour violation de sa liberté conditionnelle et y est maintenu tant que ne sont pas définitivement purgées les demandes d’extradition de la Suède et des États-Unis. Sa santé se dégrade et ses partisans n’hésitent pas à affirmer qu’il serait privé de soins et subirait des tortures. La Suède abandonne toutes les poursuites. Julian Assange gagne contre les États-Unis en première instance en janvier 2021 mais n’est pas remis en liberté. Il perd en appel en décembre 2021 et se tourne vers la Haute Cour de justice de Londres, l'une des instances supérieures d'Angleterre et du pays de Galles.
Mais l’acharnement judiciaire américain laisse planer un soupçon : s’agit-il d’une vengeance ou d’une œuvre de justice ? Donald Trump aurait été bien inspiré de succomber à sa tentation de gracier Julian Assange avant son départ.
Il y a, à l’Assemblée nationale, des niches parlementaires où l’agenda est laissé à l’initiative de groupes minoritaires. Ces textes ne sont pas soumis à amendement. Le 4 février, le groupe Libertés & Territoires (rassemblant des députés du centre gauche et du centre droit) a demandé un vote symbolique et non contraignant. Son objectif : demander au gouvernement d’accorder l’asile politique à Julian Assange et entamer les démarches pour étendre le statut de réfugié aux lanceurs d’alerte étrangers. Le pays dont la devise commence par Liberté devrait s’empresser de voter un tel texte ; mais non, il a été retoqué par 31 voix contre et 17 pour.
En février 2020, l’avocat français de Julian Assange, un certain Me Éric Dupond-Moretti, avait déposé auprès des autorités françaises une demande d’asile politique. En janvier dernier, l’Assemblée nationale votait à l’unanimité la transposition d’une directive européenne visant à protéger les lanceurs d’alerte. Faut-il déplorer l’hypocrisie de ceux qui nous gouvernent ou leur incohérence ? Baroud d’honneur des partisans de la liberté, baroud du déshonneur pour les cabots serviles d’un alignement atlantiste insane.
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11 commentaires
Merci Monsieur Mahoudeaux de nous révéler la honte du vote du 4 février à l’Assemblée Nale ( limitée à 48 présents.!.)
Cet épisode ne mérite t il pas d’être porté à la connaissance du grand public et de faire l’objet d’une pétition « en conformité avec la directive européenne relative aux lanceurs d’alerte » (?)
Affaire à suivre, et à relancer s’il y a lieu à l’occasion de la nouvelle assemblée issue des prochaines législatives ?
Bonne soirée Gisèle Marçu
48 députés présents pour le vote ? Ce n’est peut-être pas un sujet « convenable » pour être présent.
La France pays des droits de l’homme ? De certains « hommes » apparemment …. Le con-tribuable ne devrait-il pas pouvoir être informé des critères nécessaires pour l’attribution de l’asile politique ? A moins que cela ne se fasse à la « tête du client » ? Peut-être selon son origine ethnique, sa religion, … ?
« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugement de cour, etc…etc… » Il ne s’agit plus, en l’occurrence, ni de puissance ni de misère, mais, quelque part, de votre couleur politique…Là, nous l’avons compris, il ne s’agit ni de « migrant »…ni de Cesare Battisti !
Et oui, n’est pas Cesare Battisti qui veut !! Rappelez-vous, Battisti est ce terroriste italien aux mains pleines de sang réfugié chez nous par la grâce de … Mitterrand. Alors que Assange est ce « personnage sulfureux » qui dénoncent les saloperies des USA de Biden Robinet et consorts. C’est bien plus dangereux …
Cherchez l’erreur
C’est bizarre de se faire submerger par toute la misère du Tiers Monde sous prétexte d’accorder l’asile politique, et trouver problèmatique l’entrée de certains vrais réfugiés politiques … De la même façon que Julian Assange semble poser un problème insurmontable à nos élites, j’avais également noté un autre fugitif eminemment politique pour lequel le droit d’asile ne semblait pas pouvoir fonctionner au sein de l’UE : Carles Puigdemont. Sans être un de ses fans, je constate …
Encore une honte de plus pour la France; pays des droits de l’homme, de la Liberté. Mon oeil !
peut etre que nos hommes politiques – dont l intégrité ne peut etre mise en doute- seront récompensé par soit des subsides pour leurs campagnes électorales- soit par des postes lucratifs dans certaines entreprises dirigées par les états unis…..
On est pour la protection des lanceurs d’alerte, on est pour le droit d’asile, on a l’ancien avocat d’Assange comme garde des sceaux, on est le pays des droits de l’homme, on a le président de l’Europe à l’Elysée, qu’est-ce qui nous manque pour accueillir l’homme le plus courageux et résilient de ces 20 dernières années ?
Le sens de l’honneur, le courage, l’indépendance, la fierté et l’audace.
refus de donner l’asile par des députés qui viennent de voter la protection des lanceurs d’alerte ! des beaux parleurs qui reculent devant l’engagement, vous avez raison il manque le sens de l’honneur, le courage, la fierté, l’audace et l’indépendance, bref tout ce qui fait qu’un homme est homme
« qu’est-ce qui nous manque pour accueillir l’homme le plus courageux et résilient de ces 20 dernières années ? » L’autorisation de nos patrons. le problème, c’est qu’ils logent à Washington.