Julien Aubert : « Islam : la loi à laquelle vous obéissez ne doit pas prendre le pas sur la loi collective »
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À l'occasion de la sortie de son ouvrage collectif Livret tricolore sur les islam(s) de France, le député de Vaucluse Julien Aubert expose, pour Boulevard Voltaire, une partie de ses 18 propositions sur l’islam.
Votre mouvement Oser la France publie son Livret tricolore sur les islam(s) de France. Quel est l’objectif de ce livret ?
L’objectif est d’ouvrir un débat, aux Républicains et à l’extérieur, sur la position de la droite sur le sujet très sensible de l’islam. Il regroupe des experts, hauts fonctionnaires, sociologues et politiques. Il y a des musulmans et des gens de droite comme de gauche. Nous avons réfléchi six mois, un an sur ces propositions en auditionnant des personnalités issues du monde musulman, chrétien, judaïque et de la laïcité. L’idée est de revoir la manière dont on parle de l’islam en France, sachant que l’islam n’est pas seulement une religion, mais aussi une culture et un droit.
Vous vous attaquez à ces différents volets. On peut citer en exemple le problème du voile. Vous le considérez comme une obligation religieuse non négociable pour certains musulmans ou, en fait, comme un cheval de Troie, une arme culturelle...
C’est toute la complexité du sujet du voile. C’est un sujet très sensible. Mettons de côté le voile intégral, qui est interdit et sur lequel il n’y a pas lieu de revenir.
Pour tous les autres voiles, l’État n’a pas à faire de théologie. Nous n’allons pas déterminer si les prescriptions religieuses sont respectées ou non, ou si le voile doit être porté au niveau des oreilles ou des cheveux. C’est un sujet très compliqué. Certaines personnes portent le voile par habitude, c'est dans la culture qu’elles ont importée. Ce peut être un souci de bonne croyante comme un signe de défiance politique. Dans ce cas, ces personnes soutiennent qu'elles obéissent à une règle supérieure aux règles de la République et l’utilisent comme un moyen de propagande politique et sociale. On obtient alors le discours suivant : « Je pense que toi femme, tu es une mauvaise citoyenne, parce que tu ne le portes pas. » C’est ce côté pression sociale qu’il faut combattre.
Nous disons donc qu’il faut édicter des règles générales. Dans l’espace privé, liberté. Dans l’espace public, interdiction. Dans l’espace intermédiaire, en entreprise, un principe général d’interdiction. Cependant, il faut tout de même la possibilité, pour une personne ad hoc, de le porter si le patron sent que cela n’est pas une revendication politique mais un problème sur le plan affectif. Et, dans la rue, un principe général de liberté de le porter, mais la possibilité pour une autorité d’en exiger le retrait. En cas de refus, il faut prévoir une verbalisation, parce que, dans ce cas, il s’agit d’une manifestation politique et non religieuse ou culturelle.
S’agit-il d’un manuel d’intégration à l’usage des musulmans ou une réflexion sur la manière de combattre cette partie politique de l’islam ?
C’est un message envoyé aux musulmans pour leur dire qu’ils ont tout à fait le droit d’être citoyens. Nous souhaitons leur dire qu’ils doivent jouir des mêmes droits que les autres. Pour l’exercice de leur religion, il n’y a pas de raison de les différencier. Ils doivent donc être en capacité d’avoir des lieux de culte et d’être autosuffisants financièrement. Il faut peut-être revoir certaines règles pour permettre des garanties d’emprunt ou des avances remboursables.
En même temps, importer son culte n’implique pas d’importer sa culture. La loi religieuse ne doit pas prendre le pas sur la loi collective du pays d’accueil.
C’est donc une méthodologie de réflexion sur un sujet compliqué.Il faut y aller avec des idées simples, avec une méthodologie d’approche permettant de séparer les sujets, qui sont parfois mélangés dans le débat public.
Il a été accueilli de manière unanime par la presse jusqu’à maintenant. Beaucoup se sont contentés de reprendre l’article du Parisien qui détaillait quelques éléments, notamment une étude jordanienne sur les carences en vitamine D que pouvait provoquer le voile. Vous attendiez-vous à un tel accueil de la presse ?
Le sujet est très complexe et cela montre qu’on ne peut pas débattre sereinement d’un sujet. On déplore toujours le problème. Mais lorsqu’on essaie de le résoudre sereinement, tout de suite, on tord ce que vous dites. Dans toutes les propositions, aucune ne concerne le voile pour les mineurs. En revanche, il est vrai que, dans un paragraphe, nous nous interrogeons sur une étude jordanienne, publiée dans une revue scientifique très sérieuse, qui dit que, lors de la croissance, le port du voile permanent peut être néfaste, du fait de possibles carences en vitamine D. Je ne suis pas scientifique, mais ce que nous disons dans ce livret est que la France devrait faire une étude avec ses propres autorités sanitaires pour déterminer s’il y a ou non un sujet à ce propos. Si c’est le cas, il faudra ensuite s’interroger sur ce qu’il y a lieu de faire pour le voile des mineures.
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