Julien Aubert : « Nicolas Hulot a toujours été un ministre émotif et sensible »
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Après la démission de Nicolas Hulot, réaction de Julien Aubert, député LR de Vaucluse, au micro de Boulevard Voltaire.
Surprenant tout le monde et en premier lieu le gouvernement, Nicolas Hulot, ministre de l’Écologie, vient de présenter sa démission en direct sur France Inter ce matin.
Comment interprétez-vous ce départ soudain et précipité ?
Nicolas Hulot a toujours été un ministre émotif et sensible. Il étalait régulièrement ses états d’âme.
Il n’était pas véritablement très à l’aise dans le milieu politique.
À mon avis, le départ de Nicolas Hulot vise à clarifier le tandem un peu bizarroïde qu'il formait avec Emmanuel Macron. C’était un tandem qui sur la politique environnementale faisait régulièrement des zigzags. Tantôt flattant l’aile la plus radicale, je pense notamment au glyphosate ou à Notre Dame des Landes, tantôt essayant plutôt d’aménager les intérêts industriels ou d’autres communautés comme les chasseurs.
Emmanuel Macron a sans doute déçu de ce point de vue là Nicolas Hulot. Celui-ci ayant donc décidé de claquer la porte.
Un ministre majeur et médiatique comme Nicolas Hulot qui démissionne, c’est un coup dur pour Emmanuel Macron et une rentrée qui démarre sous de mauvais hospices.
Selon vous, comment l’électorat d’Emmanuel Macron interprétera-t-il cette décision ?
Cela va lui faire du mal sur une partie de son électorat de gauche, car Emmanuel Macron, bon funambule, aimait bien équilibrer d’un côté une aile plutôt libérale plutôt de droite et de l’autre côté des gages donnés à un public de gauche dont Nicolas Hulot faisait partie.
Il y a deux possibilités. Soit il continue à vouloir mener la même politique défavorable au réchauffement climatique et au carbone puisqu’en s’attaquant au nucléaire, Emmanuel Macron ne rend pas forcément facile la décarbonation de l’économie. Dans ce cas-là, il choisit un nouveau joker vert, un écologiste qui lui permettra d’avoir sa caution. Soit il clarifie les choses en assumant le fait qu’en réalité, il n’est pas sur cette ligne-là et il revient à une politique plus raisonnable. Je pense notamment en matière agricole et d’énergie.
Vous avez qualifié le départ de Nicolas Hulot comme une gifle à l’encontre d’Emmanuel Macron.
L’objectif d’Emmanuel Macron sera-t-il de relancer une politique écologique pour compenser le départ de Nicolas Hulot ou au contraire mettra-t-il fin à cette stratégie de "l’en même temps" en axant véritablement sa campagne sans s’encombrer de quotas ?
Il est spécialiste du « en même temps ». Le départ de Nicolas Hulot est une gifle, car il fragilise un équilibre architectural finement pensé pour avoir l’air de gauche, mais pas trop, de droite, mais pas assez. Évidemment, c’est un pan entier de son action qui s’en va.
Qui peut connaître la vraie pensée environnementale d’Emmanuel Macron ? Il est très compliqué de le savoir. Il a tenu des discours très différents d’une année sur l’autre. Il a d’abord été pro nucléaire puis critique et ensuite entre les deux.
Que souhaite Emmanuel Macron à part organiser des grands sommets à Paris pour apparaître le chef de la lutte contre le réchauffement climatique ? Au-delà de cela, je ne sais pas si sa pensée est très mature sur le sujet. Ayant perdu quelqu’un qui incarnait cette lutte à défaut d’avoir un point politique, la vraie question est de savoir quelle ligne il veut défendre. Ensuite, suivant la ligne qu’il choisit, il devra prendre quelqu’un qui l'incarne. Si demain madame Pompilli ou madame Poirson succède à monsieur Hulot, nous aurons compris que l’on repart comme sous François Hollande avec exactement la même politique plutôt gauchisante.
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