Kaliningrad, Biélorussie : devant le risque d’escalade, des intellectuels (allemands) crient halte au feu

olaf scholz

Il y a une semaine, les tensions autour de l'enclave russe de Kaliningrad, soumise au blocus des sanctions contre la Russie, laissaient redouter une extension dangereuse du conflit. Comme le disait Jean Lebrun sur franceinter, Kaliningrad, c'est « une mèche sur un tonneau de poudre ».

Et puis, ces jours-ci, le risque d'escalade s'étend à la Biélorussie, rare pays allié de la Russie. Samedi soir, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a accusé l'Ukraine d'avoir tiré des missiles contre son pays, missiles qui auraient été interceptés. Quelle que soit la réalité des faits, l'escalade menace.

C'est à cette étrange évolution - une escalade assumée des deux côtés sans aucune véritable perspective de négociation - qu'ont voulu réagir des intellectuels allemands en publiant, dans Die Zeit, un texte à rebrousse-poil de la musique guerrière dominante en Occident. Traduit dans L'Express, le texte tranche sur les positions officielles occidentales ressassées au G7, notamment par son réalisme. Le titre choisi par l'hebdomadaire français - qui n'est pas le titre original mais qui provient bien de ce texte - est sans détour : « Une victoire complète de l'Ukraine est irréaliste. » Il a le mérite de pointer le grand non-dit de la propagande occidentale dans son soutien à l'Ukraine. Certes, il s'agit sans doute de se montrer dissuasif vis-à-vis de la Russie, mais l'on voit mal une contre-offensive ayant pour objectif le retour à la situation d'avant l'offensive, sauf à nous faire entrer dans une guerre ouverte contre la Russie. Escalade encore. Et tout aussi dangereuse. « Continuer la guerre avec comme but une victoire complète de l'Ukraine sur la Russie, écrivent-ils, cela signifie que des milliers de victimes de guerre supplémentaires vont mourir pour un objectif qui semble irréaliste. »

C'est l'autre mérite de ce texte que de pointer l'absence de buts de guerre précis du côté occidental : « Mais plus ces mesures [les sanctions] s'étendent dans le temps, plus les objectifs de guerre qui leur sont associés deviennent flous. »

Le réalisme, ces intellectuels l'adoptent aussi comme grille de lecture pour les conséquences géopolitiques qui commencent à se faire sentir en Europe et dans le monde : « La poursuite des combats provoque des urgences humanitaires, économiques et écologiques massives dans le monde entier. Une famine se profile en Afrique, qui pourrait coûter la vie à des millions de personnes. La hausse rapide des prix, les pénuries d'énergie et de nourriture ont déjà provoqué des troubles dans de nombreux pays. Si la guerre se poursuit au-delà de l'automne, les pénuries d'engrais auront également des conséquences planétaires. Il faut s'attendre à un nombre élevé de victimes et une déstabilisation de la situation mondiale. » Pas de catastrophisme apocalyptique, non, la simple réalité dont prennent actuellement conscience les opinions publiques, qui risquent de se défier de leurs dirigeants qui, tels des somnambules, semblent découvrir un peu tard les conséquences de leur traitement du conflit. Là encore, nos intellectuels allemands les mettent en garde contre l'escalade.

Certes, pour les signataires de cette tribune, il ne s'agit pas de sombrer dans la « poutinophilie » ni de céder devant la politique du fait accompli, mais d'appeler à l'ouverture rapide de véritables négociations : « À ce jour, il n'y a pas eu d'effort concerté de la communauté internationale, en particulier de la part des principaux pays occidentaux, pour engager des négociations. »

Au moment où les dirigeants occidentaux ont affiché pour le G7 une complicité décontractée et narcissique, de bien mauvais aloi vu la gravité de la situation, la tribune de ces intellectuels allemands les ramène à la réalité d'une guerre qu'ils n'ont pas su prévenir et qu'ils peinent à endiguer, donnant parfois au contraire l'impression qu'ils soufflent sur les braises.

Ces intellectuels ne sont pas de doux rêveurs : parmi les signataires, un général à la retraite conseiller d'Angela Merkel. Leur tribune est le signe que les opinions publiques pourraient rapidement demander des comptes à leurs dirigeants. Elle a aussi le mérite de rappeler que le débat outre-Rhin est bien plus actif qu'en France.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

50 commentaires

  1. L’Allemagne a pris l’habitude de ce tromper assez facilement, rappelons qu’ils ont dérouler le tapis rouge aux migrants et que maintenant ils s’en morde les doigts, et là la Russie et l’Amérique s’affronte en Ukraine et c’est L’ U.E. d’Ursula qui commence a casquer. Ne parlons pas du reste du monde qui elle manque de produit pour se nourrir.

    • Ne pas oublier que les fautes de grammaire sont le meilleur moyen de renforcer la crédibilité des déclarations. Il faudrait en faire davantage, pour que l’on ne mette pas en cause notre sincérité et notre détermination. A bas le fascisme grammatical.

  2. N’ont-ils pas compris que le but de cette guerre est justement de poursuivre la guerre pour séparer définitivement l’UE de la Russie? Le patron c’est l’Otan, c’est à dire les USA qui ont trouvé un magnifique terrain de jeu: la pauvre Ukraine, avec la complicité imbécile de nos gouvernants européens.

  3. Que l’europe toutou des USA souffle sur les braises n’est pas qu’une impression, mais la triste réalité par la fourniture d’armes à un pays qui faut il le rappeler ne fait pas partie de l’Otan, on a envie de dire : » de quoi je me mêle ».

    • Tout est orchestré par les US depuis le début : 1) demande d’indépendance de l’Ukraine, 2) la faire rentrer dans la CE, 3) l’intégrer à l’Otan. Et voilà, le tour est joué. Il faut maintenant s’occuper de la Suède et la Finlande en face de Kaliningrad. le seul but est d’installer l’OTAN tout autour de la Russie et « d’allumer le feu ».

  4. « les ramène à la réalité d’une guerre qu’ils n’ont pas su prévenir et qu’ils peinent à endiguer » en parlant des occidentaux.
    Endiguer une guerre en livrant du matériel qui permet de la faire durer, ça n’est pas là le moindre des paradoxes.
    A cela s’ajoute l’hypocrisie de certains pays occidentaux qui ont joué la carte de la solidarité en livrant à l’Ukraine du matériel hors d’âge et obsolète, affichant ainsi à bon compte une générosité dont la valeur est le prix de la ferraille au poids.

  5. Ce sont les américains qui décideront de la paix, l’Europe n’est qu’un faire-valoir !
    Que des êtres humains (soldats ou civils) meurent , ce n’est pas leur problème , ils ne sont que de la chair à canon !

  6. Moi, ce que je ne comprends pas, c’est qu’il n’y ait pas plus de protestation populaire par de gigantesques manifestations pour s’opposer à ces dingueries ricaines de provocation monstrueuse contre la Russie, et qui peuvent entraîner notre ruine totale. Cordialement.

    • Le cooconing fonctionne bien, tout autant que la théorie du bien contre le mal… le tout est de savoir ce qui est bien…

    • Parce que personne ne veut de l’étiquette de celui « qui fait le jeu de Poutine », dans la même logique qui a si bien marché contre ceux qui « font le jeu du RN »…

    • parce que l’effort de recherche de la vraie information, qui existe mais qui est muselée par « les castes dirigeantes », n’est pas majoritaire dans le peuple qui se contente de ce que le pouvoir lui donne. Une grande partie du peuple est lobotomisée par la caste au pouvoir et ses alliés et n’est plus capable de réagir.

  7. Les USA, l’UE, son vassal, maintient la pression sur le monde entier, hégémonie financière forcée, colonialisme culturel, pensée woke, etc. Parmi les pays soumis à des pressions, on trouve la Hongrie, la Russie, la Chine, la Libye, la Serbie, l’Iran… Ces pays ont en commun le désir de gérer leurs propres affaires, d’être des pays indépendants, de garder leur culture. Impardonnable aux yeux de l’Occident. Cela doit être combattu par des sanctions économiques, l’agression militaire au besoin.

  8. Heureusement que des intellectuels allemands (comme ceux qui sont ostracisés chez nous) voient plus clair que les intellos français qui suivent la doxa : BHL, Endhoven, Attali, Apathie, Ruquié. Euh… non, rectification, pas les deux derniers quand même… Halte au feu ! disent nos cousins Germains.
    Ce G7 restera dans les mémoires comme une guignolade, avec le bambin qui virevolte dans tous les coins et le grand sachem « Jo the cakey » qui habite à l’Ouest.

  9. De plus en plus de voix s’élève contre cette stupide stratégie occidentale d’entretenir une guerre féroce à coup d’armes et de milliards donnés à un pays très corrompus.
    Cette pantomine lors du fameux G7 n’est que l’image de quelques guignols qui jouent à la guerre avec la vie des autres, qui sont en train de ruiner nos économies en déployant des « sanctions » jamais déployées contre les USA qui ont fait bien pire. N’oublions pas (entre autre) la Serbie attaquée sans mandat par l’OTAN…

  10. L’europe, avec van der leyen et macron, souffle sur les braises et donne un gage de zèle à joe biden qui rêve de voir l’éffondrement de l’union européenne avec la coopération de zelensky qui essaie d’entraîner les pays occidentaux dans une guerre mondiale qui ferait des millions de morts. La fourniture d’armes lourdes à l’Ukraine est une erreur magistrale qui ne peut que mal se terminer.

    • Toutes ces armes distribuées à une mafia encadrée par des gens corrompus, oui cela ne peut que mal se terminer…

    • Sans compter qu’une partie de ces armes est détournée par un trafic juteux pour revenir armer les mafias et autres groupes terroristes en occident.

  11. L’occident expose tout son totalitarisme au monde entier dans un dernier râle avant sa disparition pour avoir mépriser le reste du monde pendant trop longtemps. Pour en avoir voulu toujours plus pour soi en écrasant les autres. Un monde multi-polaire se dessine ; un vrai contre pouvoir. Heureusement pour nous, peuples occidentaux, car l’idéologie mondialiste anglo saxonne est en train de faire de nous des asservis!

  12. Comment se fait il que beaucoup parmi les  » gens ordinaires « voient les choses de cette même façon et que semble-t-il seuls nos politicards, européens et américains, veulent continuer un combat pour « anéantir la Russie ». Grotesque et perdu d’avance. Ces gens n’ont ils pas appris l’Histoire ?

    • Les USA sont prêts à tous les sacrifices pour anéantir la Russie. Cette Russie enemie juré des USA.

      • Ennemi juré jusqu’à Hollywood où la Russie reste une nation arrierée toujours moquée et montrée du doigt !

      • Les américains n’ont pas inventé la poudre mais il y a une chose qu’ils ont toujours su intégrer c’est le business et on peut affirmer que là ils nous ont préparé, à nous les européens, un magnifique  » diner de cons !

  13. Faut il rappeler que les sanctions dites « exemplaires » de l’EUROPE et des USA ont des effets négligeables dont Monsieur Poutine s’amuse.
    Comme les sanctions prises au moment de la Crimée: Efficacité nulle!
    Macron et l’EUROPE se gargarisent de mots .
    La seule sanction efficace aurait été de couper le robinet du gaz, mais les Allemands ont dit  » NON » Et l’Allemagne continue à financer la guerre en UKRAINE par ses achats de Gaz. Ouvrons les yeux!
    A Lerte

    • L’Allemagne a fait preuve de bon sens en continuant d’acheter du gaz russe, la Russie a d’autres acheteurs que les européens et les pénalisés seront ceux qui appliquent les sanctions décidées en comité restreint par l’europe. Si l’Ukraine avait respecté les accords de février 2014 la Russie ne serait pas intervenue dans ce pays dirigé par des mafieux, pays corrompu ou des enfants, nés de mères porteuses pour environ 13000 euros, sont élevés dans des ‘fermes’ pour être vendu à n’importe qui.

      • ce sont là, des exemples de » vraies informations » qui ne sont connues que de ceux qui se donnent la peine de les chercher. Malheureusement une majorité de nos concitoyens se contentent de BFM et Cie : fainéantise, j’m’enfoutisme ou les deux à la fois?

    • N ‘ oubliez pas le business des armes dont les USA sont les plus grands cotributeurs suivis par les occidendaux .On ne fait pas la guerre avec du gaz mais des armes .Ce sont les occidentaux eux-mêmes qui se sont tirés une balle dans le pied avec leurs senctions absurdes de boycottage contre la Russie. Ils voulaient mettre la Russie à genoux, on en voit les conséquences. Poutine doit bien rire de ceux qui se plaignent des conséquences alors qu ‘ ils en chérissent la cause.

    • Monsieur Poutine saura défier l’occident quand il le jugera bon et ce n’est pas l’OTAN qui l’en empêchera. Il vaudrait mieux en être conscient et ne pas le provoquer.

  14. Il n’y a rien à négocier avec Poutine. C’est un criminel de guerre endurci qui proclame hautement sa volonté de conquérir la totalité de l’Ukraine. Laisser ce psychopathe continuer son oeuvre de restauration de l’empire stalinien, c’est consentir aux futures agressions contre les pays de l’Europe de l’Est qui ont échappé à son emprise. Il faut à n’importe quel prix le stopper dans sa course folle. Son élimination physique serait évidemment préférable au déclenchement d’une guerre ouverte.

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