Kamala Harris, battue parce que femme ? La théorie woke de France 5

Capture d'écran France 24 sur YouTube
Capture d'écran France 24 sur YouTube

L’audiovisuel public n’en revient toujours pas. Contre toute attente, Kamala Harris n’a pas été élue présidente des États-Unis. La pilule est d’autant plus difficile à avaler que la candidate démocrate - que la plupart des médias français voyait déjà confortablement assise dans le Bureau ovale - a été battue à plate couture. « Trump est à 71 millions de voix. C’est énorme !, constatait amèrement Patrick Cohen, mercredi soir, dans C à vous. Donald Trump aura à sa main le gouvernement fédéral, le Sénat, peut-être la Chambre des représentants, la Cour suprême… » Bref, c’est une catastrophe.

Alors, comment expliquer ce qui s’apparente, aux yeux de la gauche médiatique, à un événement contraire au sens de l’Histoire ? Le premier responsable de ce bug politique est tout trouvé : c’est Elon Musk, bien sûr, patron de X, ce réseau social qui « façonne le monde », comme l’affirme Patrick Cohen. « Les réseaux sociaux sont devenus le quatrième pouvoir, mais comme le quatrième est dans la main du premier, autant dire qu’il n’y a plus de contre-pouvoir », s’indigne-t-il. Venant d’un journaliste qui est sans doute l’incarnation médiatique la plus caricaturale du prêt-a-penser gauchiste qui nous gouverne depuis quarante ans, l’attaque ne manque pas d’ironie…

La carte facile du sexisme

Quid de la responsabilité personnelle de Kamala Harris dans sa déroute ? Cette option a rapidement été balayée sur le plateau de France 5. « Personne ne sait si, en cent jours, une autre figure démocrate aurait pu faire mieux », a ainsi tranché Patrick Cohen. « Elle a fait ce qu’elle pouvait », a abondé Anne Sinclair, magnanime. Non, la seconde cause de l’échec électoral de Kamala Harris se trouve ailleurs : c’est le sexisme, bien entendu. Impossible que cette femme de couleur puisse endosser la moindre responsabilité. Elle ne peut être qu’une victime. Des hommes en général, et des Latinos en particulier. « Les hommes hispaniques ont basculé en majorité côté Trump, dénonçait, mercredi soir, Patrick Cohen. Ont-ils été séduits, galvanisés par les saillies sexistes, misogynes, vulgaires, masculinistes de Donald Trump ? Les mâles américains étaient-ils prêts à porter une femme à la Maison-Blanche ? La question reste ouverte... »

En face, Anne Sinclair, bombardée grande spécialiste des États-Unis, était du même avis. « On ne sait pas exactement le fond des motivations, mais il y a eu le rejet d’une femme noire, métisse. […] Peut-être, en effet, que le fait d’une femme présidente ne correspondait pas. C’est quand même la deuxième fois en huit ans qu’une femme se voit interdire la Maison-Blanche ! »

https://twitter.com/cavousf5/status/1854227268668649739

Cette vision victimaire et essentialisante est d’autant plus déplorable que le début de l’analyse d’Anne Sinclair était plutôt bien vu. Elle expliquait que certaines minorités finissent, avec le temps, par s’assimiler au peuple américain de souche et par rejeter toute assignation communautariste. « Les hommes hispaniques ont voté pour Trump parce qu’ils sont là depuis plusieurs générations et sont devenus américains, déclarait-elle alors, fort justement. On a voulu enfermer le vote hispanique et dire que, comme le vote noir, il était acquis. Ils n’ont pas accepté d’être catalogués. »

En effet, les hommes hispaniques n’ont pas voté pour Trump en raison de son sexe ou de sa couleur de peau, mais en raison du programme qu’il portait. Plutôt que de se comporter en Latinos, ils ont voté en Américains. De même, ils n’ont pas voté contre une femme, mais contre un projet de société qui leur semblait dangereux. Contre un certain wokisme.

Un vote anti-woke avant tout

C’était, également, l’analyse livrée par Éric Zemmour, mercredi soir, sur CNews. « Donald Trump, c’est le nom de la révolte contre ce qu’incarne Kamala Harris, expliquait-il. Cette victoire est très symbolique d’une défaite majeure de la gauche. Le peuple américain n’a plus voulu s’en laisser compter. »

Mais il est finalement assez cohérent que France 5 nie cette défaite du wokisme en victimisant Kamala Harris et en adoptant une grille de lecture elle-même… wokiste.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/11/2024 à 15:29.
Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Comme aurait dit Cyrano de Bergerac : c’est un peut court jeune homme » !!!!
    je me régale du dépit de tous ces idéologues qui continuent de penser que les « sans dents » n’ont pas de cerveau

  2. Patrick Cohen, journaliste, a acquis une bonne expérience lors de ses différents passages en émissions radio. Il a toujours revendiqué de grandes convictions de Gauche. Sur France 5, « C à vous » ,en direct de New-York, a été suivi par un bon nombre de téléspectateurs….

  3. À quand le tour de la France? J’ai hâte!…J’espère vivre encore assez longtemps pour voir ce grand ménage et revenir à une raison apaisée.

    • Tant que la population de ce pays continuera être lobotomisé par une presse a 95% de gauchiste , on va devoir encore attendre , que de temps perdu pour remettre la France a la place qui lui revient.

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