Karim Amellal, le « Monsieur Diaspora » de Macron

Macron indique ainsi la voie à suivre s’il est réélu : abandonner l’assimilation et s'engager progressivement vers un modèle multiculturaliste anglo-saxon de type canadien.
KARIM ABELLAL

Le 15 février dernier, TSA, quotidien algérien en ligne, publiait une interview de Karim Amellal, nommé par Emmanuel Macron, en juillet 2020, « ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée ».

Il était, à ce titre, en charge du Forum des mondes méditerranéens qui s’est tenu les 7 et 8 février derniers à Marseille. Emmanuel Macron y était intervenu en visioconférence.

Interrogé par TSA sur la présence de l’Algérie dans le débat politique français, Karim Amellal évoquait l’extrême droite avec son « mythe du “Grand Remplacement” » en opposition avec un Emmanuel Macron défendant « une vision plurielle, une vision où l’immigration et la diaspora sont une richesse et une chance pour la France ».

Il évoquait également les annonces du Président lors du forum : « Un discours très ambitieux, en particulier à l’égard de la diaspora, avec des annonces fortes, notamment un fonds de soutien de 100 millions d’euros pour des projets entrepreneuriaux tournés vers les pays du Maghreb. »

Tout en insistant bien sur le fait que « le Président Macron aime l’Algérie et les Algériens ».

Voilà, à quelques semaines des élections, un bel exemple de clientélisme, certes peu évoqué en France, mais que les médias algériens se seront chargés de relayer auprès de la « communauté ».
Car cette séquence de février nécessitait, pour les macronistes, d’habiles acrobaties pour maintenir une assise électorale suffisamment large allant du centre droit jusqu’à l’électorat communautaire.
Nous avions, en effet, évoqué, en janvier dernier, le lancement d’un mouvement appelé « Pluriel ». Porté par Karim Amellal ainsi que plusieurs ministres (Élisabeth Moreno et Nadia Hai), il devait « permettre de mordre sur l’électorat de centre gauche, mais aussi et surtout de toucher les “diasporas africaines” ».

Annoncé début février, le lancement a été retardé. Il faut dire qu’au moment où les sondages indiquaient que l’électorat filloniste de Macron prenait le large à droite, le thème de la diversité heureuse n’était pas des plus opportuns. Il était plus approprié d’évoquer, comme à Tourcoing, le 2 février dernier, le projet de refonte de l’espace Schengen avec « des mesures plus radicales » pour « reprendre en main le contrôle de nos frontières ».

Tout cela n’annonçant en rien un revirement sur la question des « diasporas », comme en témoignait le discours d’ouverture de Macron lors du Forum des mondes méditerranéens, le 7 février.

On y retrouvait les mêmes formules que lors de son précédent discours à Marseille, en septembre dernier : « Ceux qui sont du nord comme du sud, qui sont des deux à la fois, issus des diasporas qui rayonnent tout autour de la Méditerranée, se prolongent en Afrique, vers l’Europe du Nord et le Moyen-Orient, savent si bien qu'on est partout un peu chez soi autour de notre mer commune. Je sais tout ce que mon pays doit à ces enfants venus du Levant, du Maghreb, de l'Europe du Sud. [...] Je le dis parce que depuis trop d'années, nous avons en quelque sorte si souvent, dans nos discours, comme jeté un doute, comme si au fond, venant d'ailleurs, il fallait retrancher une part de cette identité pour être vraiment français […] ».

En février 2020, à Mulhouse, Macron déclarait : « Nous pouvons avoir dans la République française des communautés. »

Et, dans un entretien à L’Express, en décembre 2020, il indiquait croire à « une politique de la reconnaissance » en opposition avec « cette notion très problématique d'assimilation » dont il disait : « Elle ne correspond plus à ce que nous voulons faire. »

Alors, que veut-il faire ?

La « politique de reconnaissance » renvoie au philosophe québécois Charles Taylor, auteur de Multiculturalisme. Différence et démocratie.

Pour Taylor, il convient de reconnaître les minorités culturelles et de favoriser les différences en refusant d’imposer aux individus « un moule homogène qui ne leur est pas adapté ». Cette reconnaissance des différences pourra passer par l’acceptations de droits spécifiques accordés aux minorités.

Une société « inclusive » et diversitaire avec sa juxtaposition de communautés culturelles et religieuses.

Macron indique ainsi la voie à suivre s’il est réélu : abandonner l’assimilation et s'engager progressivement vers un modèle multiculturaliste anglo-saxon de type canadien.

Un communautarisme soft.

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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Quand on pense à ces français qui comparent la gauche au Père Noël les bras chargés de cadeaux, alors que le socialisme à l’origine des plus grands malheurs du 20eme siècle n’est plus représenté que par l’ingénierie sociale jamais à court d’idées, on imagine le futur. Au delà de 60 ans il faut vivre à très court termes et sans espérance. essayer de profiter de l’instant et surtout ne pas imaginer l’avenir.

  2. « Ceux qui sont du nord comme du sud, qui sont des deux à la fois, savent si bien qu’on est partout un peu chez soi autour de notre mer commune. » Ceux du sud l’exprimaient de belle façon avec « la valise ou le cercueil ! »

  3. La France exporte ses bac +5 et importe d Afrique et du Moyen Orient des bacs -8

    Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond en Absurdistan

    Le problème est d ailleurs antérieur à Jupiter mais il n a fait que l aggraver avec une libanisation de la societe française d ici les années 2050

    • « Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond en Absurdistan ». Comme nous sommes en Absurdistan, tout baigne. Comme un concentré de Shadocks et de père Ubu.

  4. L’échec de « l’assimilation » à la canadienne, n’augure rien de bon, si elle est transposée à la sauce macronienne !
    Bien au contraire !

  5. Ambassadeur près de la Méditerranée, cela a tout de même plus de Gueule qu’ambassadrice auprès du pôle Sud, n’est-ce pas Ségolène ?

  6. Copier ce en quoi on CROIT bien qu’il ait échoué depuis 60 ans…C’est du registre de la « Religion » alors qu’on se revendique d’une Efficience Pratique laïque..?????
    Aberrant mais universel, par transfert du Croire de la religion vers l’idéologie.
    Ainsi, des enseignants autrichiens (de Gauche) promeuvent la « scolarité à la Française » qui a échoué depuis 40 ans avec Succès!!!!!
    Macron veut donc mettre en place un modèle qui a échoué PARTOUT (USA, Canada en décapilotade)

  7. Ce monsieur a une double nationalité, française et algérienne, il ne devrait pas exercer de fonctions officielles en France.

  8. Macron le mondialiste, Macron l’immigrationniste, Macron le grand protecteur de l’islam, Macron le chef d’orchestre du grand remplacement, de la grande substitution.

  9. On leur doit en effet beaucoup de choses, l’attentat du Bataclan, l’assassinat du père Hamel, Merah etc, en effet une chance pour la France.

  10. Un coup c’est oui, un coup c’est non…Avec ce président nous n’y comprenons plus rien.Ahurissants les changements de cap. Il faut pouvoir suivre!

  11. « le Président Macron aime l’Algérie et les Algériens » !
    Ce n’est pas un scoop, c’est même de notoriété publique. En revanche il a avoué « commencer à aimer les Français » ! Pour l’aider dans « son Graal » certains, voir beaucoup vont lui donner 5 longues années supplémentaires pour parvenir à « les aimer complètement !!
    Je suis trop vieux, hélas, pour foutre le camp de ce pays et ne pas voir cela.

  12. « un modèle multiculturaliste anglo-saxon de type canadien. »
    Macron et Trudeau font en effet partie des « bons élèves » de Klaus Schwab et George Soros, valets soumis, toujours flattés au Forum de Davos pour leur dévouement sans faille aux manoeuvres de prise de pouvoir intégral de ces désaxés.

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