Kate au balcon : comment ne pas devenir un peu monarchiste ?
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Moi - je ne sais pas vous -, les cérémonies britanniques me ravissent. Sans doute ai-je trop lu de ces magazines qui n'en finissent pas d’agoniser dans la salle d’attente du dentiste en attendant mon tour. Trooping the Colour : anniversaire officiel de la reine. C’était samedi. Last Saturday. Le Royaume-Uni est au bord de la catastrophe, si l’on en croit les spécialistes et autres oiseaux de mauvais augure, mais la reine continue de se promener en carrosse dans les rues de Londres, escortée par des escadrons à cheval à qui il ne manque pas une paire d’éperons pour refaire la charge de la brigade légère ou gagner la guerre des Boers.
La reine en carrosse et toute sa tribu en calèche, sauf les plus hardis, comme, par exemple, le prince William et la princesse Anne qui, décidément, elle, porte bien la culotte de cheval. Ceux-là escortaient la souveraine sur leur cheval d’armes. Allez faire ça en république !
Donc, tous les ans, c’est pareil. C’est ce qui est infiniment rassurant, avec la monarchie. Et sans doute qu’au temps de l’arrière-arrière-grand-mère d’Élisabeth, la reine Victoria, c’était pareil. Sauf qu’il n’y avait ni télé en couleur, ni Kate Middleton. Vous me direz : ni Meghan, non plus. Oui, mais elle, je ne l’aime pas trop. J’ai droit, non ? Pourquoi ? Parce que. On est comme ça, chez les fleurs bleues, on a ses têtes, couronnées ou pas.
Alors, bien sûr, j’entends les critiques : mais pour qui ils se prennent, tous ces emplumés et autres enchapeautées ? Pour ce qu’ils sont, Madame, c’est-à-dire des princes et des princesses. C’est un peu le principe de la royauté, non ? En France, on a la république, mais on a des présidents, de la République ou de conseil départemental, qui se prennent pour des rois. Ça, c’est pas du jeu, pour le coup. Comme faisait remarquer récemment à ses parents, du haut de ses quatre ans, une petite demoiselle, rêvant de devenir un jour princesse : « C’est trop triste, la république, on coupe la tête de tout le monde sauf des autres » (sic). En Grande-Bretagne, on a coupé une fois la tête d’un roi et, finalement, on en est resté là. On n’a pas cherché à faire la leçon de morale au monde entier mais on s’est contenté de le dominer par les mers. Chacun son truc. Le pragmatisme anglais.
Et la reine continue de sortir de son palais, tirée à quatre épingles et par des chevaux magnifiques, pour aller inspecter ses troupes, toutes de rouge vêtues. « Damned, les Tuniques rouges », s’écriait Blek le Roc, posté en embuscade avec sa bande dessinée. Néanmoins, la roue du carrosse tourne, et pas seulement la cinquième. Tout change pour que rien ne change – on connaît la chanson depuis que le Guépard rôde dans nos mémoires – et la monarchie britannique fait, désormais, monter dans ses carrioles des princesses qu’elle n’a pas fait descendre d’arbres royaux plantés au fin fond de la Germanie. Mais comment ne pas devenir un peu, sur les bords de la Tamise, monarchiste, en voyant la duchesse de Cambridge au balcon ? Je vous demande. Rule Britannia!
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