Kate et William : terrain miné au Commonwealth
4 minutes de lecture
À l’occasion des 70 ans de règne de la reine Élisabeth, Kate et William sont partis en tournée dans une partie du Commonwealth : Bélize, Jamaïque et Bahamas étaient au menu de la semaine dernière. L’objectif était de resserrer les liens entre la Couronne britannique et cette organisation internationale qui réunit sous son égide les anciennes colonies britanniques devenues indépendantes et dont 38 membres sur 54 n’ont plus la reine comme chef d’État – ce sont donc des républiques ou des monarchies indépendantes –, et ce, même si la reine reste le chef du Commonwealth.
Après la Barbade, devenue une république en décembre 2021, et après les accusations de racisme émanant de la très woke Meghan Markle, en mars 2021, au cours de l’émission d’Oprah Winfrey, la monarchie britannique traverse, dans ses relations avec certains pays du Commonwealth, une phase pour le moins délicate.
Ainsi, en arrivant au Bélize, le 19 mars dernier, Kate et William ont dû précipitamment modifier leur programme : ils devaient se rendre dans le village d’Indian Creek, sur les contreforts mayas, visiter une ferme de cacao. Las ! Des manifestations anticoloniales ainsi que le refus du peuple indigène Q'eqchi' Maya que l’hélicoptère princier se pose « sur leurs terres » a eu raison de cette étape. Le palais, de son côté, a fait profil bas et trouvé une autre solution, « pour présenter l'esprit d'entreprise de la famille Maya dans l'industrie du cacao » (Paris Match) .
L’étape suivante, à la Jamaïque, a également connu ce genre de séquence. Selon RFI, des manifestations ornées de pancartes « Excusez-vous » fleurissaient sur le passage du couple princier, tandis qu’une lettre ouverte signée de notables locaux réclamait une attitude de repentance pour le passé colonial de la famille royale britannique. La fraîcheur du couple n’a pas permis d’enrayer la vague décoloniale qui déferle aux quatre coins du monde. Lors d’une réception à Kingston, le Premier ministre Andrew Holness a exprimé le souhait de voir son pays « être un pays indépendant, pleinement développé et prospère ». Il a ainsi entériné la « volonté du peuple jamaïcain » de devenir une république. Exit la reine comme chef d’État, même si cette attribution n’était qu’honorifique.
Face à une telle contestation, ouverte, le prince William a déclaré : « Je tiens à exprimer ma profonde tristesse. L'esclavage était odieux et cela n'aurait jamais dû arriver […] Alors que la douleur est encore profonde, la Jamaïque continue de forger son futur avec résolution et courage. La force et la détermination des Jamaïcains, représentés sur votre drapeau et dans votre devise, célèbrent un esprit invincible », concluant : « Je suis tout à fait d'accord avec mon père […] qui a déclaré à la Barbade, l'an dernier, que l'épouvantable atrocité de l'esclavage entache à jamais notre Histoire » (Figaro Madame). Une repentance explicable par sa volonté de « déminer » le terrain, mais on notera qu’il n’y a pas trace d’une déclaration solennelle de culpabilité qui, outre qu’elle serait inappropriée et stupide – car pourquoi vouloir toujours demander pardon pour des faits historiques vieux de plusieurs siècles, la culpabilité étant toujours personnelle et non collective, et sûrement pas rétroactive –, ouvrirait la voie à des dédommagements, fortement réclamés par tous les artisans décoloniaux.
Aux Bahamas, même genre de séquence : selon Le HuffPost, « une organisation réclamait qu’à l’occasion de la visite de Kate et William sur place ce jeudi, le couple ainsi que le gouvernement britannique reconnaissent que “leur économie a été bâtie sur le dos de nos ancêtres, et que par conséquent, ils doivent payer aujourd’hui” ».
Et c’est aux Bahamas que le prince William a semblé réaliser la fin de l’ère coloniale de la monarchie britannique. S’exprimant lors d’une réception à Nassau, il a esquissé un bilan de cette tournée : « Ce qui m'importe, ce n'est pas de savoir qui le Commonwealth choisira pour diriger sa famille à l'avenir » mais « le potentiel de la famille du Commonwealth à créer un avenir meilleur pour les peuples qui la composent, et notre engagement à servir et soutenir du mieux que nous pouvons » (CNews).
Certes, le voyage caribéen a eu aussi son lot de séquences joyeuses, glamour, people. Mais cette tendance historique qui se dessine est-elle uniquement la conséquence d’une idéologie planétaire, où tout ce qui ressort d’un passé occidental glorieux, épique, où se mêlent gestes héroïques et crapuleux, doit être effacé, vilipendé, honni, voué aux gémonies ?
Si la monarchie britannique avait été en tous points sobre et exemplaire, le duc et la duchesse de Cambridge auraient-ils eu à subir ce désamour, dont ils ne sont pas les responsables mais de malheureux destinataires ?
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
24 commentaires
il est dit quelque part que les Hommes naissent égaux en droit (et en devoir ?), mais si certains supportent le poids de leurs ancêtres, il y a comme une maldonne…
« les parents mangèrent des raisins verts, et leurs enfants en eurent les dents agacés »
La Bible dit vrai. Quand les parents boivent les enfants trinquent dit -on de nos jours..
Mais jusqu’à quand ? Il y a un moment où l’Histoire doit apparaître dans toute sa réalité et pas tronqué à l’avantage des uns ou des autres. La colonisation a été un échange quoi qu’on en dise et être autonome pour beaucoup n’ à fait que les changer de maîtres sans pour autant les enrichir d’où leur hargne.
Malheureusement les habitants de ces régions (pays) sont élevés dans la détestation d’ « avant ». sans esquiver les malheurs horribles induis par l’esclavage, tribus prisonnières d’autres tribus et vendus par les « commerçants » massacres des autochtones, ils ne peuvent tout renier ni de nos erreurs ni des leurs. Et faire partie du Commonwealth aujourd’hui apporte à ces pays une visibilité et une ouverture de leur commerce vers les autres pays, par le rayonnement du commerce de Grande Bretagne.
A ce compte….les juifs pourraient réclamer les spoliations millénaires qui ne furent pas regrettées par leurs acteurs et le pillage nazi remboursés par l’Allemagne de l’Ouest seulement….rien des RDA et autres Soviets ou pays disculpés par leur Occupation sic. Depuis les objets sacrés du Temple pillé par Titus fils de Vespasien et qui « »se trouveraient dans les caves secrètes du Vatican » » (?????) au territoire national judéen!!!! On attend de ce côté l’excuse-sic
Ce qui me chagrine c’est que les pays colonisés ne voient que les inconvénients et les mauvaises choses mais jamais les nombreux avantages que la colonisation a porté pour leur développement, leur croissance et la santé des peuples. Mais qu’en ont -ils fait de cet héritage souvent prospère, on pourrait aussi s’en interroger .
Alors s’il vous plait un peu d’honnêteté sur ce sujet et moins d’attention aux minorités qui prêchent la haine constante entre les peuples .
Rien ne dit qu’ils ne sont pas très contents d’être enfin débarrassés de ces boulets!
Bye! Bye!
Ils vont pas leur faire le même cirque que l’Algérie .Ces gens oublient trop ce que les colons leur ont apporté et surtout ce qu’ils en ont fait .Qu’ils s’assument au lieu de pleurnbicher et qu’ils nous montrent de quoi ils sont capables sans aide .
J’attend chaque jour des excuses pour l’assassinat de Jeanne d’Arc les morts de Mets El Kebir du Havre Rouen et toutes les villes françaises ainsi que pour l’attentat en début de match contre Serge Blanco
La repentance systématique, toujours. J’y adhèrerai quand je me sentirai responsable des agissements de mon arrière grand-père, pas avant.
Tout ces « colonisés » qui n’arrêtent pas d’insulter les « colonisateurs », qui sont partis pourtant depuis des décennies ; et depuis, ils ont fait quoi de leurs territoires ? Je serais eux, je la jouerais discrète…..
Cette repentance sirupeuse par la réécriture constante du passé fera mourir nos sociétés de diabète… Car si le passé est par nature odieux à la lumière du présent, sur quoi donc les pratiques et pensées actuelles des individus et des Etats, par l’entremise de ses élites intellectuelles, seront traités d’odieuses par les générations futures ?
Le désamour anti colonial est très bien porté à l’heure actuelle. J’ai connu certains pays d’Afrique avant la fin de la colonisation, je les ai revus depuis, puis je dire sans me faire lyncher, que c’était mieux avant sur le plan scolaire et sécuritaire et ne parlons pas de la santé. C’est ainsi!
Moi, je ne les ai pas revus: A la simple vue d’une image à la télé d’une ville où j’avais vécu, j’ai été épouvantée par la saleté et le désordre, et j’ai préféré conserver mes beaux souvenirs plutôt que de tomber de haut !
J’ai vu une vidéo, où un ressortissant intellectuel se plaignait de la vie actuelle et disait clairement que « c’était mieux du temps des Français ». Je ne me souviens plus du pays, désolée.
Les vieux Algériens demandent « quand est-ce que les Français reviennent ? », et les jeunes « quand est-ce qu’on va en France ? »
Vous n’êtes pas seul à le penser et à le dire. Interrogez donc les locaux (hors caméra, bien sûr).
Il faudra s’excuser jusqu’à quand ?
Notons qu’actuellement, Haïti lutte contre le coronavirus mais aussi contre une maladie moyenâgeuse : la diphtérie.
217 ans après son indépendance, la « République Noire d’Haïti » de Toussaint Louverture est encore l’un des pays les plus pauvres et les plus bordéliques au monde.
Conséquence de la « domination blanche » sûrement.
Comme le Libéria, indépendant depuis 1847 : un modèle de réussite !
Ce qui m’étonne toujours c’est cette différence notable entre Haïti et l’autre moitié de l’Île la République Dominicaine. Même climat, même latitude, même terre mais quelle différence de vie et de réussite.
» la culpabilité étant toujours personnelle et non collective, et sûrement pas rétroactive »
tout est dit il me semble ! à quoi çà sert de toujours vouloir sans cesse » refaire l’histoire » à l’envers ? le couple princier est éduqué, intelligent, il peut se » désoler » d’un héritage passé, mais çà ne changera rien dans le fond, donc ils ont raison de regarder devant eux !
» la culpabilité étant toujours personnelle et non collective, et sûrement pas rétroactive –, »
Oui, mais cela, c’était avant . Aujourd’hui, on retourne à la barbarie .
« Ceux qui présentent leurs excuses n’ont rien fait, et ceux qui devraient les recevoir ne sont plus là »…
Quelle différence de position et de langage entre un jeune Prince bien éduqué et fier de son pays même si tout n’a pas toujours était parfait, et, le faux président qui partout où il va dénigre notre pays et ses habitants.
La monarchie survivra t-elle à Elisabeth II?Cette souveraine si sage incarne encore un peu l’empire Britannique hérité des siècles passés,elle est encore chef d’une Eglise à laquelle seulement 15% des Britanniques déclarent adhérer.
Le prince Charles fera un vieux souverain ,tout comme le fut l’héritier de la reine Victoria au début du XX° siècle,son parcours est loin d’égaler celui de sa mère,il n’en partage pas les mêmes valeurs.