Kim Jong-un : il faut croire aux miracles qui durent
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Depuis quelques mois, il y a un vent nouveau qui souffle sur la péninsule coréenne.
C'est une incontestable embellie. Est-elle sincère, va-t-elle être durable, on ne sait. Mais il n'y a pas tant de motifs de se réjouir dans la vie internationale qu'on puisse trop rapidement suspecter de cynisme d'incroyables voltes.
Kim Jong-un est-il passé en un trait de temps du statut de dictateur sanguinaire honni par quasiment toute la communauté internationale - à l'exception de la Chine, qui se contentait de craindre son imprévisibilité - à celui de gouvernant suprême lucide et responsable ?
Cette formidable évolution relève-t-elle d'une intelligence des rapports de force et d'une perception enfin cohérente de la situation de la Corée du Nord, qui a infiniment plus besoin d'économie que de nucléaire, ou constitue-t-elle un simulacre destiné à instiller une empathie utile pour la préparation occulte du pire ?
Celui-ci n'est pas sûr. Acceptons l'augure d'un optimisme clairvoyant qui projette sur cette partie du monde une lumière moins sombre. Apparemment, tous les pays, sauf le Japon réservé, saluent cette métamorphose.
La Corée du Sud n'a pas été pour rien dans cette instauration d'un autre climat, soit par des initiatives directes, soit indirectement en cherchant à rapprocher les États-Unis de Donald Trump avec la Corée du Nord de Kim Jong-un.
Peut-être convient-il aussi de concéder que les menaces bellicistes initiales du premier ont eu leur effet sur la psychologie et les réflexions de son adversaire coréen ? Que l'escalade de la tension délibérément organisée par Trump a eu son efficacité et qu'à son paroxysme, une rencontre longtemps inconcevable entre les présidents est devenue quasiment nécessaire ?
Reste que le cœur du miracle réside en Kim Jong-un, qui vient de déclarer qu'il va "fermer le site d'essais nucléaires nord-coréens" - annonce qui fait l'effet "d'une bombe" (Le Huffington Post).
Ce qui ne laisse pas de stupéfier est la rapidité du changement et, surtout, son caractère totalement antithétique avec la politique et les rodomontades d'avant, qui paraissaient puériles et dangereuses à la fois.
Sans tomber dans le paradoxe, je suis persuadé que l'irrationalité pour le pire de Kim Jong-un l'a aussi conduit vers le meilleur aujourd'hui. Son déséquilibre, sa personnalité erratique, prompte aux extrémités, son narcissisme amplifié par l'exigence d'une inconditionnalité obligatoire ont probablement été le ressort fondamental des actes et des abstentions suscitant l'espérance prudente de la communauté internationale. Hier, ils l'avaient été comme vecteurs d'une angoisse diffusée avec un sadisme voluptueux par le leader nord-coréen.
Si Kim Jong-un avait été tout de même imprégné d'une forme de normalité malgré le caractère extraordinaire de son pouvoir, je crains que nous n'aurions pas pu être les témoins stupéfaits d'un tel miracle. Le processus aurait été plus lent, moins radical, voire inscrit seulement dans une sorte de parenthèse fragile et provisoire.
Reste à souhaiter que son irrationalité l'ayant apparemment projeté avec une vitesse fulgurante dans le bon camp ne le fera pas revenir avec autant de précipitation, un jour, à nouveau dans le mauvais.
Il faut croire aux miracles qui durent.
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