La baguette entre consécration et déclin

baguette
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Cet article a été publié le 01/12/2022.

En ces temps de vacances, on peut enfin prendre le temps de savourer le petit déjeuner, de préparer le goûter de ses enfants ou petits-enfants et, au déjeuner, de se resservir de fromage. Autant d'occasions de redécouvrir les plaisirs de notre bonne baguette classée, le 29 novembre dernier par l'UNESCO au patrimoine immatériel de l'humanité, mais menacée par l'américanisation et l'immigration.

Ça y est ! L’un des symboles de la France, ces « 250 grammes de magie et de perfection », à en croire Emmanuel Macron – qui doit en connaître un rayon, en matière d’artisanat d’exception –, a été classé par l’UNESCO au patrimoine immatériel de l’humanité lors d’une cérémonie tenue à Rabat, au Maroc, ce 29 novembre. De quoi s’agit-il ? Mais de notre baguette, pardi !

En lice concouraient également, et non sans raison, entre autres bijoux immémoriaux, l’art de la poterie du peuple Cham au Vietnam, le raï, équivalent algérien de notre variété française, le rubab, sorte de luth iranien, le rhum de Cuba et la slivovitz, traditionnel alcool de prune serbe, sans oublier les fêtes foraines de Belgique et de France.
Cocorico ! Notre baguette nationale, apparue au début du siècle dernier, est sortie du chapeau.

A priori, c’est une excellente nouvelle. Tous les jours, douze millions de Français ouvrent la porte d’une boulangerie, tandis que chaque année, six milliards de cet emblème tricolore sortent des fours. À y regarder de plus près, il n’y a pas non plus de quoi sortir violons et trompettes, nous dit Le Monde du 30 novembre : « En 1970, on comptait 55.000 boulangeries artisanales, contre 35.000 aujourd’hui. […] Soit la disparition de quatre cents boulangeries par an en moyenne. » Pour tout arranger, le traditionnel jambon-beurre cède régulièrement du terrain face au hamburger. Soit un problème quasi civilisationnel qu’on ne saurait résoudre d’un simple coup de baguette, fût-elle magique.

Dans le même temps, nous apprenons, toujours selon la même source : « Le temps est révolu où, comme les Auvergnats dans les cafés, les Normands régnaient sur la boulangerie. […] En Île-de-France, sur 4.000 fonds de commerce, les rachats par des Maghrébins représentent "une vente sur trois", évalue David Bourgeois, patron de l’un des plus gros moulins franciliens. À l’échelle de la Seine-Saint-Denis, c’est 65 % des 528 commerces », estime, pour sa part, Philippe Paillette, membre de la chambre professionnelle des boulangers-pâtissiers.

L’un des signes les plus significatifs de cette tendance demeure la mise à l’honneur, en 2021, de Makram Akrout, ancien sans-papiers tunisien installé en France, pour mitonner « la meilleure baguette de Paris ». Ce qui lui valut de peu de devenir boulanger officiel de l’Élysée. Certes, son ancien statut d’immigré clandestin pouvait être sujet à caution. Mais peut-être finalement moins que ses propos tenus sur son compte Facebook (aujourd’hui fermé) : « La France encourage et propage la décadence dans nos pays pour protéger ses intérêts colonialistes et nous pousse à nous éloigner de la religion et des valeurs islamiques. »

On notera au passage que dans la boulangerie traditionnelle, célébrée par Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture, il y a effectivement de quoi s’inquiéter : « Il y a bien, depuis dix ans, des Marocains qui se sont engouffrés dans l’activité. Mais les Tunisiens dominent. »

Ne reste plus qu’à revoir La Femme du boulanger (1938), adapté par Marcel Pagnol d’un roman de Jean Giono. En espérant qu’on puisse épargner à la Pomponnette la vision d’un monde boulanger qui n’est plus tout à fait celui qu’elle a connu. Alors, célébrer la baguette ? Après tout, pourquoi pas. Quand on place des chrysanthèmes sur la tombe d’un défunt, c’est aussi un hommage. Mais cette foutue baguette, sans parler à sa place, s’en passerait peut-être bien, d’une telle médaille en chocolat, condamnée qu’elle est à subir les assauts conjoints de l’américanisation et de l’immigration de son pays natal.

Comme on dit, ça ne mange pas de pain. Mais tout de même un peu.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:18.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

8 commentaires

  1. C’est d’une hypocrisie sans nom, alors qu’un grand nombre de boulangers vont être contraints de mettre la clef sous la porte, voyant leur note d’électricité multipliée par 4 ! Je confirme que cette nouvelle baguette aux relents islamistes est bien fabriquée dans mon coin par des tunisiens qui rachètent les fonds de commerce ! Alors, M. Akrout, qui colonise qui actuellement ? De toutes façons, au rythme où Macron flingue la France, il n’y aura bientôt plus personne pour acheter une baguette à 4 euros ! Et le programme de Davos se déroule à merveille : grâce à cette pseudo crise énergétique, fabriquée de toutes pièces, comme le covid et les « vaccins », le petit commerce artisanal est condamné à mourir, conformément aux voeux de Schwab, qui ordonne la disparition de 70 % de nos commerces, « et ils n’auront plus rien et ils seront heureux  » !!!

  2. Quelle rigolade, consacrer au Patrimoine etc etc un mélange de farine, d’eau, de sel et de levure le tout malaxé et cuit au four relève de la galéjade. Mais peu importe toutes les chaines de TV ont sacré cette inscription comme un honneur incommensurable. Vive la France.

  3. La baguette ? Bien souvent un machin insipide, à la mie semblable à du coton hydrophile dénuée de valeur nutritive… mais qui se mange sans effort, enfin pendant les premières heures de sa sortie du four. Au patrimoine de l’humanité, j’aurais bien vu inscrire le pain sur levain, cuit au four à bois, qui vous dure la semaine.

  4. Ce classement, c’est une dernière tentative pour tenter sauver un « chef d’œuvre en péril ». Il y a longtemps que le jambon beurre subit les assauts des hamburger, et maintenant des kebabs… Le béret est remplacé par la cagoule, le costume par l’abaya, les chaussures par les babouches et nos églises par des mosquées…

  5. La bonne baguette française faite avec du bon blé, avec une croûte croustillante et une mie bien blanche avec des trous a quasiment disparu au profit d’ une multitude de recettes (au maîs,avoine, sarrazin,seigle,orge……) qui n’ont rien de la gastronomie traditionnelle française et qui rassissent en 8 heures

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