La CGT en panique, avec plus de 5,3 millions d’euros de déficit

Capture d'écran Mediapart
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Le bateau CGT serait-il – enfin – en train de couler ? D’après les indiscrétions de nos confrères du Canard enchaîné, le deuxième syndicat de France est au plus mal - la faute d’une mauvaise gestion financière.

C’est après les réunions de la commission exécutive confédérale et de la commission financière de contrôle, le 5 décembre dernier, au siège syndical de Montreuil, que tout aurait éclaté en interne. Malgré l’opacité historique de la CGT, son déficit financier est désormais connu : c’est un trou total de 5,3 millions qu’il va falloir rapidement combler. Annoncé par Laurent Brun, ex-secrétaire général de la CGT-Cheminots et actuel numéro deux de la Confédération générale du travail, ce déficit annonce des temps orageux. Plusieurs propos rapportés par Le Canard font état de graves défaillances dans la gestion des fonds de l’organisation syndicale car « la grande majorité des dérapages sont structurels ». Si rien n’est fait, la Confédération « pourrait être mise en péril », notent encore nos confrères.

La CGT paie sa gestion « panier percé »

Si prompt à rabrouer le vilain patronat et à lancer de grandes actions coups de poing, la CGT a finalement oublié l’essentiel : balayer devant sa porte. Les droits des travailleurs qu’elle prétend si souvent défendre vont-ils être garantis dans les tout prochains mois au sein d’un des plus gros syndicats français ? À en croire les révélations du Canard, le sujet inquiète les salariés du siège. Lors des réunions du 5 décembre, Laurent Brun aurait évoqué « un tract du syndicat du personnel, repris par certaines organisations à l’intérieur du CCN (comité confédéral national) » dénonçant « le non-remplacement de quelques départs ». Pas le temps de s’émouvoir, pour Laurent Brun, « il va falloir réduire la voilure ».

Alors, pour réduire la voilure, une solution semble toute trouvée. Dépendante à hauteur de 95 % des cotisations syndicales, la masse salariale pèse lourd sur le budget du syndicat, avec des dépenses de plus de 12 millions d’euros. En cause, l’énième mauvaise gestion entourant les frais de personnel, qui ont bondi de 1,5 million, en 2022, par rapport à 2021. Une situation qui « traduit, hélas, de manière on ne peut plus concrète ce mal du "panier percé" qui […] ronge depuis des années [la CGT] », déplore Sabine Alexis, présidente de la commission financière de contrôle. Douce ironie de l’histoire, des « départs plus ou moins volontaires sont sérieusement envisagés », indique à nos confrères un proche de la nouvelle présidente Sophie Binet. L’héritière va donc devoir faire face à une situation que de nombreux patrons redoutent : licencier. Alors, à quand les piquets de grève et les barbecues de pneus devant le siège social de la CGT ?

Une situation pas si nouvelle

Dans son dernier rapport du 53e congrès, la commission financière de contrôle demande une meilleure prise en compte de son rôle et « un renforcement dans l’optimisation des dépenses » syndicales, preuve de la situation catastrophique de l’organisation. Toutefois, les choses ne semblent pas si nouvelles au regard de prises de position passées. Daté de 2012, le rapport Perruchot sur le financement des syndicats montrait déjà tous les problèmes liés à la gestion (opaque) des finances de certains d’entre eux. Interrogé en commission d’enquête parlementaire, Jean-Denis Combrexelle, ancien directeur général du travail et actuel bras droit d’Élisabeth Borne, déclarait : « Les objectifs d’autonomie politique des syndicats et de bonne utilisation des fonds publics sont parfois difficiles à concilier. » Et les choses n’ont visiblement pas beaucoup changé. Le fonctionnement opaque de ce syndicat nous autorise à quelques questions concernant son déficit. Concerne-t-il de l’argent public ? Et, plus largement, comment se finance ce syndicat qui ne représente déjà presque plus que lui-même et dont les bastions historiques tombent un à un ?

Julien Tellier
Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

62 commentaires

  1. Dépendante à hauteur de 95 % des cotisations syndicales ?? Je croyais qu’il y avait cette histoire de 1% patronal d’EDF qui leur assurait une rente faramineuse … Même si EDF a vu son statut modifié, il doit bien en rester quelque chose.

  2. Allons, pas de panique , un coup de pression sur le Médef, plus des menaces de grèves sur les ports et l’énergie et tout le monde va y aller de son bakchich, et puis il reste peut être un peu de thune dans les coffres de la banque de l Europe du Nord ,que le PCF aurait oublié depuis 1990. Sinon à Moscou ,ils ont encore 500 tonnes d’or de la banque d’Espagne depuis 1938, en demandant poliment ….!

  3. La pauvre Sophie va pouvoir aller biner son jardin car lieu de s’occuper des salariés maintenant elle est obsédée par la défense du hamas. merci pour l’argent public distribué sans contrôle…

  4. Tous les syndicats Français sont en faillite depuis des dizaines d’années. Ils sont sauvés soit directement par l’Etat qui invoque des raisons de les subventionner pour préserver la « liberté syndicale » forcément indispensable au bon fonctionnement de la démocratie, soit par les bras armés de l’Etat que sont les grandes entreprises nationalisées, comme la SNCF ou EDF dont le comité d’entreprise pompe 1% du chiffre d’affaires !!! J’ai bien dit du Chiffre d’affaires. Ces comités d’entreprises ont eux même des comités d’entreprises tant ils sont grands !
    Derrière ce verbiage pseudo démocratique se cache l’entre soi, le monopole syndical, le copinage, le monopole d’embauche, le clientélisme et autres joyeusetés qui relèvent d’un fonctionnement mafieux. Aucun démocrate et libéral sincère ne niera le caractère fondamental de la liberté syndicale pour le bon fonctionnement de la démocratie. Or ici nous avons affaire à un dévoiement total de cette liberté.
    Maintenir en survie artificielle des machins qui auraient dû mourir par eux-mêmes faute de militants et surtout en raison d’une idéologie inepte dans une économie mondialisée hyper concurrentielle, ne peut que plomber la compétitivité de nos entreprises. En protégeant artificiellement ces dinosaures, nos politicards de gauche ou de (fausse) droite ont également empêché l’apparition de nouveaux syndicats, avec de nouvelles idées, qui comprennent les problèmes réels des entreprises. Les gouvernements socialo-communistes ont détruit l’industrie Française depuis mai 81. Les syndicats se sont fait un plaisir d’être leurs complice dans ce travail de démolition.

  5. A la diète Le point fondamental de la bonne administration est facile : il ne consiste qu’à ajuster la dépense avec la recette. Si celle-ci ne peut augmenter, celle-là doit descendre, et jusqu’à ce que cela soit fait, aucun projet ne peut être utile… (Les Princes, 662)

  6. Sinon un petit stage chez les patrons du CAC49, les petites et moyennes entreprises , VOS ENNEMIS, pour vous apprendre à gérer son argent serait une punition des plus délectable ….

  7. A force de prôner la violence et l’extrême gauche la cgt a totalement perdu l’essentiel … la
    Défense dès salariés au profits des sans papiers, des délinquants … début de la fin de la lutte finale???
    Il faut dire qu’avec une patronne aussi sectaire ….

  8. je voudrais ajouter que j’ai beaucoup de doute sur les cotisations qui représenteraient 95% des dépenses de personnel. A-t-on le chiffre d’affaire ? normalement les comptes sont publiques pour les syndicats, peut-être pas pour la cgt qui n’est pas à une immoralité près.

  9. Le journal « l’Humanité » en faillite depuis de longues années toujours rescapé avec les subventions; eh bien vous allez voir qu’ils , nos politicards, vont « sauver » cette organisation peut-être au nom d’un front anti-extrême droite…

  10. La faillite de la CGT n’est pas seulement financière, elle est totale.
    Espérons que ce ne seront pas les contribuables qui vont venir au secours de cette organisation totalitaire, sectaire et nuisible qui joue contre son camp.

  11. Peut être aussi moins de cotisants allez savoir pourquoi .Et le montant de leurs patrimoine s’élève à combien ? Que ce syndicat coule et on ne versera pas une larme . D’ailleurs c’est toute la gauche qui doit commencer à se faire du souci pour notre plus grand bonheur .

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