La chaîne d’Hanouna arrêtée ? La gauche indifférente à la casse sociale

Cyril Hanouna lors de l'émission de rentrée de TPMP © Capture écran C8
Cyril Hanouna lors de l'émission de rentrée de TPMP © Capture écran C8

Le compte à rebours est lancé pour C8 et son animateur star Cyril Hanouna. Le fameux Baba lira ses traditionnelles fiches pour la dernière fois sur le canal 8 de la télévision le 28 février 2025. L’Arcom en a décidé ainsi fin juillet. Sauf surprise, Hanouna et le groupe Canal+, propriétaire de C8, fermeront une chaîne qui faisait la course en tête dans l'univers de la TNT. Du jamais vu.

Côté Canal+, on cherche donc activement une solution pour éviter le carnage social. Dans l'indifférence et même la joie d'une gauche qui s'était pourtant sur-mobilisée, journaux, syndicats, etc., lorsque Bolloré avait mis la main sur le même Canal+. Cette fois, silence radio. Il y a donc les bons salariés de Canal, ceux qui fuient l'arrivée de Bolloré, et les mauvais, ceux qui sont licenciés après. En comptant les employés de la chaîne et ceux qui travaillent pour les sociétés de production partenaires, cette décision administrative du gendarme de l’audiovisuel priverait d’emploi 400 personnes selon le directeur général de la chaîne Gérald-Brice Viret. « En interne, les gens sont évidemment très inquiets pour la suite », témoigne une salariée auprès de BV. Le contrat liant Hanouna et son entreprise H2O à Canal+ est encore valable dix-huit mois… La balle est donc dans le camp de Canal+ qui tente de rassurer, après un article du Parisien évoquant un arrêt des émissions d’Hanouna dès le 20 décembre, deux mois avant la date fatidique : « Contrairement à ce qui est déclaré dans l’article du Parisien, nous déployons tous nos efforts pour envisager des alternatives permettant de préserver la présence de Cyril Hanouna sur nos antennes après 12 ans de fidélité et d’amitié avec le groupe, rectifiait Gérald-Brice Viret sur X le 22 octobre. Notre engagement envers Cyril Hanouna, l’un des animateurs les plus talentueux et reconnus en France, est indéfectible. Il s’agit aussi d’apporter notre plein soutien aux 400 collaborateurs dont l’emploi est directement menacé par cette décision et pour qui cette situation est particulièrement préoccupante ».

Divine surprise ?

L’animateur, son émission et ses salariés pourront-ils atterrir sur Canal+ ou CNews ? Improbable, cette arrivée encombrante posant de lourds problèmes de programmation, d’identité et de convention, ce contrat qui lie chaque chaîne française à l’Arcom... façon rôti de veau. Les Français l'ignorent souvent mais C8 est par exemple contrainte par une convention de 28 pages serrées d'obligations en tous genres, notamment sur le champ de la diversité. Moins difficile, une arrivée sur la chaîne musicale CStar semble possible... sur le papier puisque CStar peut consacrer la moitié de ses programmes à autre chose que de la musique, mais le diable est dans les détails de sa convention. Le champ de contraintes qui encadre désormais la liberté éditoriale, pourtant pilier de toute démocratie, devrait interroger... Comme le deux poids, deux mesures.

Tant pis si le principal concurrent d'Hanouna, Yann Barthès, diffusé aux mêmes horaires avec une audience à peu près similaire sur la chaîne TMC (groupe TF1), continue paisiblement une émission sur laquelle il y a beaucoup à dire en termes de déontologie… On ne reprendra pas, affaire par affaire, les casseroles de la très gauchiste émission Quotidien : ni le ton partisan, ni la description très « physique » voire sexuelle du nageur Léon Marchand, ni les plaintes pour maltraitance au travail des salariés de l’émission qui se veut pourtant l’emblème de l’empire du bien, ni les plaintes pour racisme de chanteurs invités, ni les recrutements très marqués comme celui de la fameuse Mahaut Drama, prête à encourager la formation de factions armées pour lutter contre l’extrême-droite en mars dernier, ni son refus assumé de recevoir des élus du RN, ni ses invitations douteuses d’enfants qui ont soi-disant changé de sexe.

En attendant, C8 retient son souffle et espère la divine surprise : une décision favorable du Conseil d’Etat. Saisi par Canal+, il livrera sa décision fin novembre, dans un mois. Il y a un précédent à cette situation. En 2016, le CSA, ancêtre de l’Arcom, avait émis un interdit d’émettre envers  une chaîne au dossier très lourd, Numéro 23, pour fraude à la loi, commise par le principal actionnaire. Cette décision avait été cassée par le Conseil d’Etat. La chaîne, rebaptisée RMC Story, a changé de mains mais elle émet toujours. A ce stade, impossible de déterminer la probabilité d’une décision favorable du Conseil d'état. Seule certitude, elle hystériserait la frange des militants anti-Bolloré très mobilisés sur cette affaire.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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