La COP28 ouvre à Dubaï : une triste et honteuse pantalonnade

pollution

Nous subissons depuis trente ans la duplicité d’une Allemagne arrogante imposant, par ses réseaux, l’idée que ses éoliennes vont décarboner l’énergie et qui, en même temps, multiplie ses usines à charbon au point d’étaler sa pollution jusqu’en Île-de-France. Les affabulations germaniques sur l’écologie vont aujourd’hui de pair avec celles de la COP. Nous vivons un summum de mascarade et de malhonnêtetés.

La COP, qui s'ouvre ce 30 novembre à Dubaï, est le grand raout annuel sauveur de la planète qui va - c’est juré - limiter le réchauffement climatique à une valeur que la Terre ne dépassera pas. De nombreux journalistes encensent la cérémonie, puis répètent au peuple ignorant les antiennes imposées et les objectifs invraisemblables.

Chaque COP fixe un objectif en nombre de degrés à ne surtout pas dépasser et, à chaque nouvelle COP, cet objectif est implémenté du nombre de dixièmes de degré d’augmentation constatés depuis la dernière fois. Un degré, puis un degré cinq, puis deux degrés, bientôt trois. Comme un train fou qui vous emmène dans une direction dont le contrôleur ne cesse d’affirmer que l’on s’en éloigne. Car les émissions de gaz à effet de serre, d’une COP à l’autre, et aussi loin que l’on remonte, n’ont jamais cessé d’augmenter, sauf pendant le Covid.

Mais le comble est atteint avec la COP28, qui a choisi de se tenir à Dubaï, aux Émirats arabes unis. La bouffonnerie est présidée par le sultan al-Jaber, PDG de la compagnie pétrolière publique émiratie. Il s’agit de grands écologistes dont le maître mot est la frugalité : le Qatar est le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre par habitant. Les rues y sont climatisées, comme les stades.

Ce n’est pas tout : la conférence va réunir plus de 70.000 participants, et si je vous dis qu’ils vont venir à pied ou à vélo, vous n’allez pas me croire. Plusieurs centaines d’avions gros porteurs venus des confins de la planète vont remplir les hôtels de luxe climatisés aux piscines refroidies.

Au bonheur des dames ?

Et les coulisses ne sont pas plus propres : « C'est un cauchemar », titre un article du Figaro Madame. Un cauchemar pour les femmes. Parmi les 70.000 participants se trouvent plusieurs dizaines de milliers de femmes. Elles représentent 37 % des représentants nationaux et 29 % des chefs de délégation. Que se passe-t-il lorsque 45.000 hommes éloignés de leur foyer croisent, tous les jours, 25.000 femmes dans les patios des hôtels de luxe avec piscines ? 45.000 hommes dont beaucoup ne sont pas forcément séduisants ni bien éduqués, mais dont beaucoup ont un passeport diplomatique qui leur garantit une immunité conquérante. C’est ainsi qu’à chaque COP, les négociatrices se plaignent de devoir endurer des harcèlements et des agressions sexuelles de leurs collègues masculins imbus de leurs pouvoirs et qui sont loin de les faire rêver.

Elles vont se plaindre en vain, car il n’y a aucun organisme chargé de lutter contre ces abus. À la précédente COP, à Charm el-Cheikh, il n’y avait, pour signaler ces agressions (je cite la Mexicaine Camila Zepeda), « qu’une adresse mail, avec personne pour répondre ». Gageons qu'il n’y en aura pas davantage.

La COP est devenue la cour des non-miracles, une cour qui n’empêchera pas la planète de se précipiter vers son réchauffement climatique. Jamais la consommation mondiale de charbon n’a été aussi élevée, et elle continue d’augmenter chaque année. La Chine et l’Inde en sont les plus gros consommateurs, au mépris de la santé de leurs populations. En Inde, le brouillard toxique du charbon cause, chaque année, plusieurs dizaines de millions de morts. Dizaines de millions. Comment protéger les hommes de leur propre folie ?

Pas grave, car en même temps, à Doha, les pillards milliardaires sont en train de détruire la planète en jetant par les fenêtres l’argent qu’on leur donne pour la défendre.

Jean-Marc Frenove
Jean-Marc Frenove
Ancien professeur d’économie à l'Université d’Abidjan, spécialiste des énergies - Mines ParisTech

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Les participants sont nombreux à y venir en avion privé ! Une mascarade ! De bons hôtels, de bons repas, du tourisme, la belle vie aux frais des contribuables !

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