La Cour des comptes épingle la bonne affaire des compteurs Linky d’Enedis

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Benoît Prieur /Wikimedia commons
@ Benoît Prieur /Wikimedia commons

Les compteurs Linky, dont le déploiement avait essuyé de nombreuses critiques par le passé, semblent encore plus rentables que prévu, pour Enedis. Selon un rapport de la Cour des comptes dévoilé le 29 novembre, la vaste opération d’installation des compteurs « intelligents », saluée par le palais Cambon pour avoir été réalisée dans les temps et pour un coût bien inférieur aux prévisions, a permis des économies conséquentes pour le distributeur d’énergie. Le programme, initialement budgétisé à 5,5 milliards d’euros, s’est finalement soldé à 4,6 milliards, soit 18 % d’économies et un écart de 880 millions d’euros. Ce qui, sur le papier, pourrait passer pour un succès.

Cependant, ce tableau flatteur cache plusieurs zones d’ombre. Si l’opération a été menée à bien d’un point de vue technique et financier, la Cour des comptes soulève des questions concernant la rémunération d’Enedis et ses engagements initiaux auprès du consommateur. Le rapport salue le « programme industriel au succès reconnu par la plupart des acteurs » mais souligne qu’il n’a pas atteint « les prévisions initiales » de 9,7 milliards d’euros de gains promis aux consommateurs. Ces derniers étaient censés économiser grâce à une gestion optimisée de leur consommation d’énergie - ce que les dispositifs Linky n’ont pas réellement permis. De plus, la filiale d’EDF a perçu de l'État une rémunération additionnelle de 311 millions d’euros entre 2016 et 2023, avec un taux garanti jusqu’en 2041.

La Cour des comptes pointe aussi un dispositif de rémunération particulièrement favorable au gestionnaire Enedis, qui a bénéficié d’un bonus de 407 millions d’euros, entre 2016 et 2022, grâce à des objectifs de performance atteints en matière de coûts et de délais. Enfin, le rapport met en lumière le mécanisme de « différé tarifaire », un système que l’institution du palais Cambon juge « complexe et coûteux », finalement payé par les consommateurs. Un ensemble de pratiques et de mécanismes qui, en fin de compte, semble loin de profiter au public.

Un compteur déjà sous le feu des critiques

Ce n’est pas la première fois que les compteurs Linky ne sont pas à la hauteur des attentes depuis leur déploiement, notamment sur leur coût réel et leurs implications pratiques. Ainsi, en 2018, la Cour des comptes dénonçait déjà un dispositif « coûteux pour le consommateur », en contradiction avec les promesses initiales. En 2011, Enedis avait en effet assuré que les particuliers n’auraient « strictement rien à payer, ni maintenant, ni plus tard » pour l’installation des compteurs. Pourtant, dès 2022, les 90 % de foyers équipés devaient commencer à rembourser le coût de l’installation, soit un total de 130 euros répartis sur les factures pendant plusieurs années.

En parallèle, près de 1,2 million de foyers continuaient, en 2023, à refuser l’installation de Linky, évoquant des inquiétudes sur les coûts, les risques liés au numérique ou encore les dérives possibles en matière de surveillance. Une polémique avait notamment éclaté pendant la crise sanitaire, lorsqu’il avait été suggéré d’utiliser le compteur pour vérifier l’occupation des résidences secondaires. Ceux qui refusent d’informer la filiale d’EDF de leur index de consommation doivent encore à ce jour payer une pénalité annuelle de plus 50 euros pour la relève manuelle. Et d'ici 2025, les réfractaires à la petite boîte verte pourraient, à leur tour, devoir s'acquitter de 41,58 euros tous les deux mois, auxquels s'ajouteraient 25,08 euros pour ceux qui ne transmettent pas eux-mêmes leur relevé de consommation.

Ce rapport, six ans après celui qui appelait à des améliorations en faveur des consommateurs, met surtout en lumière que le programme d’Enedis, censé servir l’intérêt général en tant que gestionnaire d’un service public, a principalement tenu ses promesses… pour le distributeur lui-même.

Vos commentaires

77 commentaires

  1. Ayant posé mes panneaux solaires je peux voir ce que représente sur la facture abonnement et taxes et a y regarder de près pour l’eau c’est pire encore entre les taxes pour chaque niveau de toutes ces infâmes et fainéantes structures locales. Et dans le même temps les routes sont des gruyères, les forêts publiques des nids à incendies, les abords des routes une honte mais de grosses structures pour organiser des fêtes, festivals et concerts toute l’années autrefois faites par des associations. La destruction à tous les niveaux de la société par cette mafieuse politique. j’allais oublier et quelle prétention tous ces nouveaux bourgeois du public qui méprisent ceux qui les payent et oublient qu’ils ne sont que des charges pour la société. La méthode de Staline adapté à la République laïque de France. D’ailleurs existe t’il une République vraiment démocratique à travers le monde ? Démocratie n’est pas Républicain et cela aussi on l’oublie en France.

  2. Une évidence à tout ce qui est dit. Malgré des efforts pour diminuer leur consommation beaucoup d’usagers voient leur facture toujours augmenter. Un suivi conso indique que leur consommation a crû. Il suffit de faire une opération arithmétique simple pour savoir qu’une consommation, indiquée comme croissante, suit la même courbe que l’augmentation en pourcentage appliquée par EDF. Faites l’essai. Sur une consommation mensuelle apparaissant sur votre facture TTC d’avant, vous multipliez le montant indiqué sur celle-ci par le taux d’augmentation à appliquer et en l’ajoutant vous trouverez le nouveau montant à payer (sous réserve que vous ayez maintenu une même consommation). En plus, EDF se permet de vous alerter sur un présumé surcroît de dépenses d’énergie avec plusieurs solutions proposées pour les diminuer 5isolation, pompe à chaleur, etc…). S’il y a plusieurs augmentations dans l’année, procédez de même et vous verrez, vous pourrez estimer à peu près le montant de la prochaine facture sans oublier les taxes qui elles aussi augmentent avec le total facturé. Génial ! pour le pouvoir d’achat des ménages et pour les dindons de la farce que nous sommes bien involontairement. On est cuit d’avance, c’est moi qui vous le dis.

  3. « … un système que l’institution du palais Cambon juge « complexe et coûteux », finalement payé par les consommateurs. »
    Mais voyons, n’est-ce pas toujours la règle ? Le consommateur est pressuré à un point qui devient indécent. Il se fait entuber de tous les côtés mais heureusement, il y a le « Black Friday » qui lui permet d’économiser tout en dépensant les trois sous qu’il lui restent.

  4. Le pire dans cette affaire : Linky est un espion de grande qualité qui permet une étroite surveillance du consommateur. De plus tout les bidouillages d’Enedis sont possible puisque le fournisseur peut décider d’intervenir sur la consommation potentielle du client, comme par exemple cette expérience pour gérer la fabrication d’eau chaude…

    Tous ces comptages à distance sont une opportunité de maîtriser la consommation des « fluides » des français… merci Big Brother !!!

  5. Je ne sais pas qui a cru qu’on pouvait faire faire des économies au consommateur avec ce bidule, ça n’a aucun sens. Si vous voulez vous rendre dompte de combien vous consommez à un moment donné, les anciens compteurs avec une roue qui tourne le faisaient très bien. Et tous les appareils électriques annoncent leur consommation. Une plaque chauffante, un chauffe-eau, un four électrique … c’est en milliers de watts. Le voyant rouge sur un appareil en veille c’est 2-3 watts … etc

  6. La pénalité infligée aux clients qui ne veulent pas du linky n’a aucune base juridique ni commerciale. Enedis ne supporte aucun coût supplémentaire qui justifierait cette taxe, au contraire. En termes polis, on dirait que c’est du chantage, dans certains milieux, du rackett.

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