La Cour des comptes étrille son bilan, Gérald Darmanin crie au mensonge

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« Pendant sept ans, c’est le mensonge qui a gouverné la France, avec des conséquences dévastatrices sur la sécurité de nos compatriotes ». Le 17 octobre dernier, sur la base des premières révélations de Mediapart qui a eu accès à un rapport de la Cour des Comptes, Jordan Bardella accuse Gérald Darmanin d’avoir menti, du temps où il était ministre de l’Intérieur, sur le renforcement des effectifs de police à Marseille. Attaqué, le désormais député du Nord riposte et accuse à son tour le président du Rassemblement national de « dire n’importe quoi ». Il assure que « 589 postes nets de policiers ont été créés pour les Marseillais » entre son arrivée et son départ de la place Beauvau. Mais quatre jours plus tard, la publication des observations définitives de la Cour des Comptes sur « les forces de police à Marseille », détruit tous les efforts de communication de l’ancien ministre de l’Intérieur. Leurs conclusions sont formelles : entre 2016 et 2024, les effectifs de police ont bel et bien baissé à Marseille. Si Gérald Darmanin n'a pas menti, il n'a pas non plus dressé un tableau complet et vrai de la situation.

Une communication à outrance

« Il y a une baisse très importante de la délinquance dans les Bouches-du-Rhône et à Marseille en particulier depuis le 1er janvier de cette année. » Le 7 août dernier, en visite à Marseille après les Jeux olympiques, Gérald Darmanin s’auto-félicitait de son bilan contre l’insécurité marseillaise et soulignait même le recrutement de « 350 policiers et gendarmes de plus ». Le lendemain, celui qui était encore ministre de l’Intérieur saluait à nouveau la hausse des effectifs des forces de l’ordre dans la cité phocéenne et assurait que « les promesses du Président de la République de renforcer considérablement les moyens de la police nationale à Marseille sont tenues ». Déjà en 2021, lors du lancement du plan « Marseille en Grand », Gérald Darmanin usait des mêmes éléments de langages et se réjouissait de l’arrivée de « 300 policiers en plus, dont 100 en 2021 ». Au total, au terme de plus d’une trentaine de déplacements dans les Bouches-du-Rhône, Gérald Darmanin n’aura eu de cesse de multiplier les annonces sur le recrutement de nouveaux effectifs dans les rangs des forces de l’ordre à Marseille. Mais quelques semaines après son départ du ministère de l’Intérieur, la Cour des Comptes, chiffres à l’appui, vient donc détruire cette communication à outrance.

Des renforts insuffisants 

Oui, notent les magistrats, il y a bel et bien des recrutements de policiers et les chiffres avancés par Gérald Darmanin sont exacts. Les recrutements, depuis 2021, ont bien existé. Mais ce qu’oublie de préciser le député du Nord, c’est que ces recrutements, entamés en 2021, n’ont pour le moment pas permis de compenser les très nombreux départs. « Le différentiel entre entrées et sorties au sein des effectifs marseillais fait apparaître une nette dégradation du nombre de policiers affectés à Marseille entre 2016 et 2020, toutes filières confondues », note ainsi la Cour de Comptes. Les Sages montrent ainsi que les « effectifs [sont] en baisse constante jusqu’en 2020 ». A compter de 2021, des recrutements ont bel et bien été effectués mais ceux-ci restent largement insuffisants face à la situation sécuritaire « hors norme » de Marseille et aux départs massifs.

Pire, ces recrutements ne permettent même pas de retrouver les niveaux d’effectifs de 2016. Comme le montre le rapport de la Cour des Comptes, Marseille pouvait compter sur 4.232 agents, tous services confondus, en 2016 ; sur 3.953 en 2020 ; et sur seulement 4.064 agents en 2023. Par ailleurs, en 2023, sur les 310 agents de sécurité publique recrutés, 139 (soit près d’un sur deux) sort tout juste d’école et n’a donc quasiment aucune expérience de terrain. « Ces renforts ne sont pas suffisants pour permettre au schéma d’emploi d’évoluer favorablement », analyse la Cour des Comptes qui déplore aujourd’hui que seules les trois compagnies de CRS déployées « permettent de montrer à la population que la présence sur le terrain a été renforcée ». La vitrine façonnée par Gérald Darmanin se brise, et l’insécurité demeure. Bruno Retailleau s’emploiera-t-il vraiment à lutter contre l’ultra-délinquance marseillaise ? Il y a urgence, les forces de l'ordre y sont menacées, agressées et lynchées ; les homicides liés au trafic de stupéfiants explosent ; et le trafic de drogue gangrène la ville.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

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