La dépouille de Franco, sparadrap du capitaine Haddock pour le nouveau pouvoir espagnol
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"On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher…" La réplique culte des Bronzés a permis, en juin, au socialiste Pedro Sánchez de prendre la tête du gouvernement espagnol. Mais avec une majorité en kit façon IKEA, il sent bien qu'il aura du mal à tracer un avenir qui mette beaucoup de gambas dans les paellas de ses compatriotes. Alors, il fait ce que la gauche a toujours fait de mieux : attaquer le passé en faisant, après des années de tergiversations, voter l'expulsion de la dépouille du général Franco de la Valle de los Caídos. Plus de 80 ans après la fin de la guerre civile, les revanchards du peuple de gauche ne baissent pas les bras, mais la France spécialiste de l'exercice serait malvenue de se moquer de ce genre d'épuration.
Étonnamment, la famille du Caudillo accueillit le sacrilège avec une flegmatique indifférence. Disposant, en effet, d'un panthéon familial au cimetière privé du Pardo, tout le monde - à commencer par Sánchez - pensait que les descendants du Caudillo transféreraient tout naturellement sa dépouille dans ce lieu plus discret, offrant au nouveau pouvoir la gloire immortelle d'une victoire sans risque et à peu de frais sur une dictature fasciste.
Mais patatras ! La famille avait dans son jeu un atout majeur ! Parce que Franco avait, de son vivant, acheté, à deux cents mètres du Palais royal, un caveau dans la cathédrale de l'Almudena, laquelle, pour la modique somme de six euros, est bien plus visitée que la lointaine et lugubre Valle de los Caídos… Comme presque toujours, le remède socialiste se révèle donc pire que le mal et le Premier ministre, qui se disait "très fier" d'avoir obtenu le retrait du corps du dictateur "d'un endroit où il n'aurait jamais dû se trouver", est dans la seringue. Légalement, il ne peut rien faire parce que, comme le rappellent les autorités religieuses, "on ne peut empêcher un chrétien d'enterrer un parent dans une crypte qu'il a préalablement achetée".
À part la trêve hivernale des expulsions (ça marche aussi pour les morts ?), seule une intervention divine semblait en mesure d'éviter aux épurateurs un résultat diamétralement opposé à celui recherché. C'est pourquoi, lors de sa visite au Vatican à la fin du mois, le numéro 2 de l'exécutif espagnol a tenté d'arranger le coup avec le pape François. Un communiqué du gouvernement espagnol, publié à la suite de la rencontre de la vice-présidente avec le cardinal Parolin, affirme que celui-ci a "garanti" que le Vatican "ne va pas s’opposer à l’exhumation des restes de Francisco Franco du Valle de los Caídos". Mais, pour le reste, c'est bien vague : "concernant l’inhumation, les deux parties sont convenues de la nécessité de trouver une solution et de maintenir le dialogue".
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