La destruction du Sang du Christ de Managua : un nouvel appel au réveil des consciences catholiques
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Le 31 juillet dernier, un individu masqué – ou encapuchonné – s’introduisant dans la chapelle de la « Sangre de Cristo » de la cathédrale de Managua, capitale du Nicaragua, aurait lancé une sorte de cocktail Molotov sur l’image en bois polychrome du Christ crucifié, vieille de quatre siècles, après avoir dit clairement « Je viens pour le sang du Christ ! », selon les témoignages de fidèles atterrés.
Alors que le profanateur non identifié parvenait à s’enfuir sans difficulté malgré la présence des nombreux témoins, le gouvernement sandiniste assurait aussitôt qu’il ne s’agissait que d’un accident malheureux. Rosario Murillo, épouse du chef de l’État – la Chamuca, la « Sorcière » –, allant jusqu’à supposer que « l’accident » aurait pu être provoqué par les bougies des dévots !
Ce qu’a directement contesté le cardinal Brenes, archevêque de Managua, pointant « un acte infâme », « un acte terroriste », en assurant qu’aucune bougie ni rideau inflammable ne se trouvait à proximité. N’oublions pas, en toute circonstance complexe, de nous poser la question simple : à qui profite le crime ?
Pour l’avocat Bianca Jagger, il ne fait aucun doute que l’acte terroriste est l’œuvre des paramilitaires du régime. Il s’agit de la troisième attaque perpétrée en quelques jours contre l’Église, que les sandinistes considèrent comme leur principal ennemi depuis le début de la révolte populaire d’il y a deux ans. Le pape François a exprimé sa solidarité au cardinal Leopoldo Brenes par ce message : « Cher frère, je t'accompagne dans la douleur causée par cet acte de vandalisme et je suis proche de toi et de ton peuple. Je prie pour vous tous. » Beaucoup attendent des condamnations plus fermes et l’opposante nicaraguayenne Edipcia Dubón l’exhorte à dénoncer les attaques incessantes des sandinistes contre l’Église catholique. Celui-ci serait-il empêtré dans des calculs jésuitiques ?
La sociologue Elvira Cuadra – dont l’analyse était rapportée le 1er août par le journal El País – soutient que l’attaque contre la cathédrale de Managua est une preuve que la crise sanitaire et humaine du Covid-19 « est en train de dévorer le gouvernement des Ortega-Murillo ».
Durant les dix premières années de présidence de Daniel Ortega (2007-2018), le pays est passé d’un régime démocratique libéral à un pouvoir autoritaire et, depuis 2018, après « l’insurrection civique » d’avril, à une dictature ouverte avec tous ses signes afférents : centralisation décisionnelle aux mains du couple présidentiel, subordination des autres pouvoirs à l’exécutif, abandon de l’État de droit, restriction des libertés fondamentales, harcèlement contre les leaders sociaux, persécutions contre l’Église catholique, carte blanche aux milices gouvernementales pour réprimer toute contestation, etc.
L’analyse d’Elvira Cuadra paraît pertinente : l’acte terroriste perpétré contre le Christ de Managua entrerait dans un projet de « mise en scène macabre » du clan sandiniste dévoyé, les attaques contre l’Église seraient « des actes désespérés, mais calculés », un encouragement de la violence « pour écarter l’attention des points rouges de l’urgence sanitaire qu’ils se refusent à admettre » en raison d’une contagion imparable à laquelle le pouvoir dictatorial ne peut faire face.
« La preciosísima imagen de la Sangre de Cristo » fut transportée du Guatemala au Nicaragua en 1638, lorsque Managua n’était pas même une bourgade. Il s’agissait de la relique la plus vénérée du pays, connue aussi comme « Seigneur des Miracles ». La voilà complètement calcinée ; sous l’effet de la chaleur, la moitié du visage s’est même détachée.
Après toutes les profanations commises dans le monde contre les sanctuaires catholiques, puisse cette image de Christ, martyr perpétuel, éveiller les consciences. Ce n’est pas un problème communautaire, mais une question de civilisation.
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