La droite remet-elle en service sa « machine à faire perdre la France » ?

engrenage

À quelques mois de la présidentielle, il est effrayant de lire, ici ou là, des analyses politiques très « droite parisienne » qui cherche dans son nombril une solution pour reprendre le pouvoir. Car ce n'est que de cela qu'il s'agit. La France n'est pas le sujet : le sujet, ce serait la droite... On recherche, dans les fonds de tiroirs politiques, quel homme ou femme, usé jusqu'à la trame, parfois discrédité personnellement, quelle notoriété fabriquée, quel général n'ayant pas gagné une guerre de libération pourrait réunir la « droite », gisant déjà sous sa pierre tombale sondagière ou campant « hors les murs ». Et de cette « union » fantasmagorique, limitée à une partie de la « droite », viendrait un matin électoral merveilleux.

Ce qui compte, pour cette droite, c'est de surnager, même défaite, de garder ses postes, ses prébendes, ses ficelles. Si elle gagne, de se partager le gâteau, sans rien changer sur le fond (Chirac, Sarkozy) ; si elle perd, marchander sa survie personnelle, préserver par connivence son capital et ses positions acquises. Chacun, petit ou grand, pour satisfaire ses fantasmes ou pour se faire embaucher par le plus offrant, annonce, ou laisse croire, sa prétention « d'y aller ». Fût-ce dans l'éparpillement, gage de défaite inévitable pour la France. Et, d'ailleurs, de quelle droite s'agit-il : sociale ou libérale ? Bruxelloise ou nationale ? Conservatrice ou sociétale ?

Il ne reste, désormais, que quelques mois, d'ici l'été 2021, pour éviter à la France son anéantissement historique. Notre pays a disparu deux fois de l'Histoire : entre -52 av. J.-C. (Alésia) et 476 (chute de Rome) ; puis entre 476 et 987 (Capet). Et il a failli disparaître trois fois encore : la guerre de Cent Ans, la guerre de 14-18, et l'Occupation 1940-1945. Désormais, l'UE-BCE-CJUE d'un côté, l'OMC-OTAN-FMI de l'autre, ont mis notre pays en servitude. Cette servitude politique, financière, économique, monétaire, militaire, a libéré des puissances spéculatives et médiatiques conniventes qui s'arrogent le droit de censurer toute pensée dissidente, surtout si elle dit vrai. La cancel culture, c'est la négation, l'effacement ou la diabolisation par son vocabulaire rituel (« populiste », « complotiste », « souverainiste ») qui a remplacé les incriminations médiévales menant au bûcher : « sorcière », « hérétique », « relapse », « possédé ». La grande habileté de la ploutocratie est d'employer une main-d’œuvre de gauche ou d'extrême gauche, islamiste, immigrationniste, racialiste, genriste, LGBT, parfois même Verte. Car ces milliardaires, spéculateurs, ultra-capitalistes, ont un intérêt commun avec cette partie haineuse de la gauche et l'extrémisme violent : supprimer les frontières qui sont le lieu de l'expression de la liberté des peuples. Que fait la droite « française », depuis 50 ans, pour défendre la France ? Rien ? Non : elle a discouru puis elle a collaboré.

Il faut donc en finir d'urgence avec cette « droite » comme avec cette « gauche » que ne distinguent parfois que des options sociétales et qui sont toutes deux d'accord pour ne pas rendre leur liberté et leur dignité républicaines aux Français en ne recourant plus au référendum sur les sujets majeurs. Cette droite qui a toujours failli, gravement, n'existe que comme concept politiste désuet : elle est éparpillée entre un vieux parti hérité d'un gaullisme trahi, ne pesant plus que 16 % aux dernière élections législatives, des petites formations de quelques pourcents, et le Rassemblement national, discrédité par la prestation médiatique de sa présidente patrimoniale, à peine dédiabolisée. Alors ?

Alors, sur le fond, le temps n'est plus à la « droite » mais à la France : une Union sacrée droite et gauche patriotes (comme en 1914), une Résistance unie (comme en 1944). Sur la ou les personnes incarnant l'immense attente des Français face à la dissolution rapide du lien culturel historique et du lien social républicain ? Évidemment, il faut écarter les politiciens de carrière discrédités par leurs échecs, reniements, compromissions, et laisser place à un ou deux hommes nouveaux, non politiques, porteurs des idées que la grande majorité des Français attendent : la souveraineté (qui est un des noms de la liberté) et le social (qui est la justice, la dignité, la fraternité et l’égalité).

Mais le temps presse, car la France a déjà un pied dans le néant. Face au macronisme, fusion mensongère de la droite et de la gauche, il est urgent que soit établie, par des intellectuels libres et patriotes, une déclaration acceptable par 70 % des Français, que s’engagera à respecter le futur chef de l'État.

Henri Temple
Henri Temple
Henri Temple est universitaire, juriste, théoricien de la Nation (auteur de :  Essai sur le concept de ‘’Nationisme’’, Sphairôs, 2024)

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