La « droite républicaine », héritière du gaullisme ? On se pince !

La « droite républicaine » serait donc héritière du gaullisme. C’est ce qu’on lit et entend un peu partout depuis qu’Éric Ciotti a décidé de franchir le Rubicon. Le patron des LR aurait donc commis un sacrilège impardonnable, un crime de lèse-gaullisme irréparable, l’abomination des abominations, en décidant de passer un accord avec le Rassemblement national. Comme s’il avait vendu à l’encan les morceaux de la vraie croix de Lorraine. On connaît ce mot de Malraux : « Tout le monde a été, est ou sera gaulliste. » Et ce n’est pas d’hier ! Cette revendication est une sorte de marronnier de la vie politique française. « Gaullisme » est devenu un mot-valise, exhibé comme un joker dans le débat politique. Même à gauche. Prenez, par exemple, le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. En 2023, n’appelait-il pas les Républicains à s’opposer à la réforme des retraites - je vous le donne en mille - au nom du gaullisme ? Car les LR sont supposés être les héritiers du gaullisme. C’est une sorte de dogme, de prérequis qui irait de soi mais qui, pourtant, mérite d’être discuté.
Héritière du gaullisme ? Chez le notaire, peut-être. Et encore...
On a vite oublié que le parti LR n’est rien d’autre que l’UMP qui a changé de nom en 2015 sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, et que cette UMP, fondée le 23 avril 2002 au lendemain du fameux « 21 avril », d’abord sous le nom d’Union pour la majorité présidentielle puis, en novembre de la même année, sous celui d’Union pour un mouvement populaire, n’était pas un parti strictement gaulliste. En effet, au vieux RPR se joignaient le parti Démocratie libérale d’Alain Madelin, héritier du Parti républicain, lui-même successeur des très giscardiens Républicains indépendants, mais aussi le Mouvement des réformateurs qui, quelques années avant, avait frayé avec Mitterrand. Rien de très gaulliste que tout cela. Si l’on ajoute les nombreux élus issus de l’UDF qui rallièrent cette nouvelle UMP, comme Gaudin ou Raffarin, et qui, jamais, ne furent gaullistes, il faut convenir que l'UMP n'avait plus grand-chose à voir avec le RPR, héritier de l'UDR et de l'UNR des débuts de la Ve République. Interrogé par Le Figaro, Henri Guaino revient sur la généalogie de cette droite républicaine au cours de ce dernier quart de siècle : « On a voulu regrouper dans un même parti les familles gaulliste et les familles centriste et libérale et, en fait, on a fait un cartel électoral où, au fond, les gens n’avaient plus grand-chose en commun… » Donc, LR n’est qu’en partie héritier du gaullisme. Cela, c’est pour l’aspect strictement « notarial » de cet héritage.
Traité de Lisbonne : la grande braderie du patrimoine gaulliste
Maintenant, il faut regarder ce qu’ont fait ces « héritiers » du patrimoine qui leur a été transmis. Dans le patrimoine légué par le général de Gaulle, il y a évidemment cette défense irréductible de la souveraineté de la France. Le gaullisme, ce n’est pas la défense des « valeurs de la République ». Du reste, on l’a déjà dit, dans l’acte fondateur du gaullisme qu’est l’appel du 18 juin, le mot « république » n’est jamais écrit. Le gaullisme, c’est essentiellement, viscéralement, spirituellement, la défense de l’indépendance de la France dans une vision capétienne et non impériale de notre Histoire française mais aussi européenne. Le gaullisme, c’est aussi le respect de la volonté du peuple. Il est donc évident que le large contournement de la volonté populaire exprimée par référendum en 2005 sur la question de la Constitution européenne, contournement opéré par Nicolas Sarkozy qui fit approuver le traité de Lisbonne par le Parlement en 2008, fut la grande braderie de ce qu'il restait du gaullisme reçu en hoirie par l’UMP. Ne fut conservé, finalement, qu’un peu de folklore qui fait joli à l'occasion de la fête patronale. On sort les vieux costumes traditionnels, on se proclame « gaulliste social » (ça fait chic, mais ça ne veut pas dire grand-chose) comme le font les Larcher, Bertrand et même Pécresse lors de sa pitoyable campagne présidentielle, mais en fait, au fond, il y a longtemps que Giscard a gagné. Jusqu’à ce 12 juin 2024 où un certain Éric Ciotti a décidé d’avoir raison seul, ou presque, contre tous. Ce qui, somme toute, est plutôt gaulliste !
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50 commentaires
Si proche du Comte de Paris qu’il organisait même des assassinats politiques avec lui avec pour intermédiaires les frères ci devant d’Astier
Un vrai gaulliste ne met pas les mains dans le pot de confiture ! Ce n’est pas l’argent qui l’intéresse , mais le bien commun !
Pompidou est élu en mai 2009 grâce aux Centristes, européistes et otanesques. En 1972/73, il organise un référendum pour intégrer la GB dans l’Ue- de Gaulle s’y était opposé en 1963 et 1967. Il s’agissait d’une fausse droite qui épousait pour assurer sa gamelle électorale. Sa veine gaulliste l’aurait dissuadé d’approuver Maastricht, la réintégration dans l’OTAN, l’invasion de la Lybie, la soumission à la RFA et aux Usa. Bref,de vrais socialos.
Des gaullistes ? ils pourraient tous entrer dans une cabine téléphonique , comme on dit.
Le Général n’avait il pas accueilli à Londres en 1940 l’extrême droite royaliste qui constitua les fondements de La France Libre.
D’ailleurs, lui-même, proche du comte de Paris
relevait de cette mouvance
Mais quel est donc la vrais définition du Gaullisme ?
Tout d’abord la souveraineté et pour ça il n’y a que les parties des droites extrêmes qui s’y attelle.
Le gaullisme ? C’est les Ciotti, Bellamy, etc. Les Pécresse, Bertrand, etc ne sont que des suppos de Macron, alias machiavel.
Seul De Gaulle pouvait parler du gaullisme qui consistait à être au-dessus des partis et à mettre la France en avant et à ne penser qu’à la France au détriment souvent du petit peuple, cependant il ne l’oubliait pas puisqu’il préconisait la formation continue pour s’élever dans l’échelle sociale, le partage d’une partie des bénéfices des entreprises. Etudiant je n’étais pas un inconditionnel du Général sans doute parce que je ne savais pas ce qui allait m’attendre dans les 60 années à venir.
« Si doux que soient les rêves, les réalités sont là, et suivant qu’on en tient compte ou non, la politique peut être un art assez fécond ou bien une vaine utopie »
« Le plus difficile est de rester réaliste quand on a un idéal, et de garder son idéal quand on voit les réalités »
C de Gaulle
Pauvre général. Il doit se retourner dans sa tombe chaque fois que l’un de ces paltoquets invoque son nom. Aucun, dans ce troupeau qui aurait été digne de lui cirer les pompes. De Gaulle n’appartient pas à ces politiciens lâches et déconnectés. De Gaulle appartient à la France et aux Français…
Merci, mon cher colonel, de cette magnifique piqûre de rappel. En effet chez les LR, le côté UDF l’emporte largement avec les résultats « brillants » que l’on connaît. En réalité par manque de volonté et de courage de ses derniers membres, le RPR est bien mort, tout court, et son succédané ne fut qu’un ersatz insipide mené par des « chapeaux à plumes » dont la France et les Français n’étaient que le cadet de leurs soucis, leurs « affaires » personnelles ayant largement la priorité.
» En réalité par manque de volonté et de courage de ses derniers membres, le RPR est bien mort ». En réalité, assassiné par Chirac lorsqu’il a dégommé Chaban, gaulliste historique, lui.
La 5ème république était taillée sur mesure, pour un homme qui se faisait une certaine idée de la France. Mais De Gaulle ne se faisait guère d’illusions sur la pérennité de son « oeuvre », une fois lui disparu. Il ne se faisait guère d’illusions sur la nature humaine. Concernant le personnel politique qui a suivi, à de rares exceptions près, il avait raison. Après le référendum de 1969, il a été fidèle à sa parole ; désavoué, il est parti. Maintenant, ils vont tous à la gamelle ! Et nous sommes condamnés à voter, non pas pour le meilleur, mais pour le moins pire !
Vous donnez une parfaite anlyse du personnage de Gaulle et de son oeuvre . Dès qu’il a tourné talon les choses ont repris leurs cours . Médiocrité , carriérisme, trahison de l’élite diplomée qui méprise le peuple . Quand l’élite était aux ordres du général cela fonctionnait bien dans l’intérêt général et son bien commun : la France !
Nous sommes désormais à la croisée des chemins,si le RN l’emporte, nous avons une petite chance de refaire surface mais il faudra certainement un peu plus de temps que prévu,dans le cas contraire, c’est le sort du Titanic qui nous attend, et on sait que dans ce genre de circonstances, quand il n’y a plus de canot de sauvetage, c’est chacun pour soi. Beau chaos, ruine, délinquance, insécurité etc…
Ne serait-il pas enfin temps de se poser la question sur “ l’héritage “ du gaullisme?….
Le gaullisme de droite? On se pince… Fait-il rappeler son alliance constante avec les communistes ou l’abandon de l’Algérie au terrorisme ?
Et vous vouliez en faire quoi de l’Algérie ?
Le seul intérêt de lui donner son indépendance, au prix de mille souffrances des malheureux pieds noirs, était d’éviter la submersion migratoire par des millions d’inintégrables.