La facture salée d’Autolib’, dernier cadeau d’Hidalgo aux Franciliens

La Justice a rendu son verdict : il faut payer au groupe Bolloré 75,5 millions d’euros d’indemnités qui lui sont dues.
@Francisco Gonzalez-Wikimedia Commons
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« Changeons le système, pas le climat. » C’était le slogan écolo inscrit sur le capot des petites voitures grises, ces électriques en libre-service qui devaient nous changer la vie : les Autolib’.

Lancé en 2011 par Bertrand Delanoë, qui se vantait d’inaugurer là « une première mondiale », le service Autolib’ s’est arrêté à Paris le 31 juillet 2018, la mairie de Paris rompant le contrat qui la liait au groupe Bolloré jusqu’en 2023. Comme il faut un coupable, on l’a accusé de mauvaise gestion, n’ayant « pas trouvé son modèle économique dans la capitale », disait pudiquement l’entourage d’Anne Hidalgo. Comme nous l’écrivions alors ici, « avec un déficit cumulé de 300 millions d’euros, dont 233 revenaient aux communes au terme du contrat », la facture allait être salée. Sept ans plus tard, la Justice vient de trancher : les communes vont devoir payer. Et cher.

Le vandalisme m’a tuer

Pas question, pour les écolos parisiens, de se remettre en question. Pas question de s’interroger sur ces autres fiascos nommés Vélib’, le héros malchanceux du « vélo-partage », et la très éphémère Zity, petite voiture verte de Renault Mobilize, elle aussi en « auto-partage ». Fin de la plaisanterie le 15 janvier 2024. Comme l’écrit alors Le Parisien, « face à un nombre croissant d'incivilités, mais aussi de manque de maintenance, la start-up Zity vient d'annoncer qu'elle quittait la capitale ». Et d’expliquer, alors : taux de dégradation de 72 % supérieur aux autres villes, mauvaise qualité du service et absence de maintenance. Comme pour les Autolib’ et les Vélib’, en somme.

Pour celles qui pouvaient encore rouler, les Autolib’ ont fini dans la zone industrielle de Romorantin-Lanthenay, sur le parking des anciennes usines Matra Automobile, espérant trouver à la campagne une seconde vie plus paisible.

Mais aujourd’hui, il faut régler les dettes, et ce sont les banlieusards qui vont s’y coller. Au terme de sept années de procédure, la Justice a rendu son verdict le 21 février dernier : il faut payer au groupe Bolloré les 75,5 millions d’euros d’indemnités qui lui sont dues. Sommes à répartir entre les communes adhérentes du syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM), rebaptisé aujourd’hui Agence métropolitaine des mobilités partagées.

Déjà endettées par le cataclysme des émeutes de 2023, les communes prises à la gorge

Sachant que le couperet tomberait, le syndicat avait déjà provisionné, entre 2019 et 2023, une partie des sommes, mais il reste 43 millions à trouver avant le 25 avril 2025. Les sommes sont colossales, pour des communes dont les finances sont parfois durablement plombées par le coût des émeutes de 2023, et le recours entrepris devant le Conseil d’État ne sera de toute façon pas suspensif, nous dit Le Parisien.

On lit ainsi que la facture sera soit réglée intégralement aujourd’hui, soit échelonnée sur cinq ans avec des intérêts complémentaires. La dette, fonction du nombre de stations Autolib’ qui avaient été installées sur la commune, s’élève au moins à 38.640 euros par station. En tête, Nanterre : 1,275 millions d’euros, 2,6 millions pour le territoire de Grand Paris Seine Ouest (GPSO, huit villes) ; en Seine-Saint-Denis, Drancy doit verser 548.000 euros, Saint-Ouen 463.000, Saint-Denis 126.000, Bagnolet 253.000. Dans le Val-de-Marne, c’est 380.000 euros pour Alfortville, 210.000 à Fontenay-sous-Bois et 800.000 pour Créteil…

Manuel Aeschlimann, actuel maire LR d’Asnières, ne décolère pas : « La facture d’Autolib’ est le dernier cadeau que nous a laissé la municipalité socialiste », dit-il au Parisien. Il n’était pas aux manettes lorsque la commune a adhéré au syndicat d’autopartage. Créé, au départ, autour d’une quinzaine de collectivités, celui-ci a été rapidement étendu à 412 communes, cela, d’une manière qui n’a pas manqué d’alerter la Cour des comptes.

Dans son rapport de 2019 – au lendemain de la mort d’Autolib’ –, celle-ci dénonçait « la gouvernance dominée par la mairie de Paris », le « périmètre d’adhésion et d’intervention étendu sans tenir compte des services rendus ni de l’évolution institutionnelle en Île-de-France », de même que « des règles de fonctionnement confuses » et, au bout du compte, « un établissement public à la nature incertaine ».

Non contente d’entraver la circulation des Franciliens sur le périphérique et de vouloir leur interdire de pénétrer dans Paris intra-muros, Anne Hidalgo leur laisse, comme aux Parisiens eux-mêmes, une dette abyssale en guise de cadeau d’adieu.

Picture of Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Le dossier Autolib est depuis longtemps considéré comme une super boule puante dont aucun élu francilien ne veut entendre parler. A commencer par Paul Simondon. L autre volet reste le scandale de la concession des points de recharge parisiens (ex Autolib + Belib). Cette concession de monopole a été offerte
    à Total … Il n y a donc plus de concurrence sur la recharge dans la rue. Le prix est astronomique. Cela coûte plus cher de rouler en électrique plutôt qu en essence. Une aberration écologique ! Comme pour Autolib, la mairie reste sourde à toute remarque laissant les usagers livrés à eux-mêmes. Problème, les usagers sont aussi les contributeurs contribuables. L arrivée de Rémy Frerot ne changera rien au problème. L omerta Total.

  2. Une mesure bien à l’image d’Anne Hidalgo, de son équipe et de la gauche en général…
    De vagues idées woke et une catastrophe économique.
    Je ne comprends pas pourquoi les parisiens s’obstinent à voter pour un Delanoë et récidivent avec plusieurs mandats pour la Hidalgo… Sont vraiment masos, bien fait pour leur bouche !

  3. Et si les parisiens n’avait que ce qu’ils méritent, comme d’ailleurs toute les communes gérées par une gauche hors sol et des écolos hystériques.

  4. D’habitude on peut affirmer que les parisiens ont voté pour eux, Delanoë et Hidalgo. Le problème est qu’une partie des électeurs ne payent pas d’impôt, donc ça ne va pas changer. Pour les autres, j’espère qu’ils préfèrent payer de plus en plus d’impôts, en particulier la taxe d’habitation, plutôt que de revenir à la réalité en éjectant ces idéologues qui se fichent des gens.

  5. il me tarde les élections municipales , il pourrait y avoir un beau dégagisme de la gauche , enfin si les français ne sont pas masochistes !

  6. En terme de gaspillage d’argent public, la concurrence entre Anne et Ségolène est sévère. Le podium socialiste est une récompense très convoitée.

  7. Belle revanche pour Bolloré, et surtout bravo aux électeurs qui ont promu des « progressistes » dans ces villes, petite leçon aux électeurs, quand on plante des orties on récolte des orties et pas des tomates, alors débrouillez vous désormais.

  8. il est temps qu’elle dégage cette gaucho qui détruit notre ville lumière qui est devenus un cloaque immonde, voila ce que sont capables de faire les gauchos et les verts qui sont élus dans ces villes et communes.

  9. Comme souvent les mairies préfèrent mettre énormément d ‘argent dans leurs service de « communication » que dans leur service « juridique » pour bien border les contrats.. et en conclusion..75 millions à payer à Bolloré.. ensuite ces mêmes édiles politiques viennent crier Haro sur le baudet ( Bolloré) .. alors que a l’instar de Musk.. qui leur ont fait des ponts d’or ( velib)

  10. Saluons la justice qui sur ce coup là n’a pas failli . Quand aux dégâts des émeutes qu’ils fassent rembourser les familles de ceux qui ont tout saccagé .

  11. Chers amis socialistes et verts, le groupe Bolloré vous dit merci de bien vouloir passer à la caisse. Si vous désirez vous entêter à mettre à disposition de votre population des voitures électriques nous vous conseillons une concurrent très sérieux TESLA.

    • Après avoir endetter leur ville , elles ne veulent surtout pas en assurer la gestion de la dette , laissant cela a leur successeur ; c’est une habitude chez les gens de gauche voir leur marque de fabrique, « je dépense a tout va mais ne veux pas en assurer la responsabilité ».

  12. La dette laissée aux communes socialistes par leur municipalité , sera à n’en pas douter le champ du cygne de ses ignares en gestion . Sinon au cas ou les électeurs ne leurs redonnent crédit en 2026 un suicide collectif , à l’image de la France macronienne . Dépenser de l’argent  » magique  » que l’on a pas est bien un précepte de gauche .

    • Ce fiasco n’a RIEN d’une erreur de gestion. Ce fiasco, c’est celui d’une illusion socialo-écologiste de croire que des voitures en libre service pourraient être mieux traitées que des pissotières.

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