La faute à Macron ?
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Ce serait donc la faute à Macron. Macron, le Deus ex machina, la réincarnation de Machiavel de nos temps postmodernes. Enfin, si l’on en croit un communiqué de Christian Jacob, président des LR qui en appelle, ce 18 mai, « au sens des responsabilités et à la cohésion » de son mouvement face « aux manœuvres et turpitudes d’Emmanuel Macron qui veut faire du Rassemblement national son seul et unique adversaire ».
« Turpitudes » : « conduite ignominieuse d’une personne ; action honteuse ou basse », nous dit le dictionnaire. Carrément ! Loin de nous l’idée de nous faire l’avocat d’Emmanuel Macron, mais il faut avouer que le mot est peut-être un peu fort pour définir ce qui s’appelle, finalement, faire de la politique. Après la farce autour de la participation sans participation de membres de La République en marche à la liste de Renaud Muselier aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, après l’investiture puis le retrait de cette investiture, suivi de la restitution de cette investiture, voici, ce 18 mai, la confirmation de cette investiture, malgré la présence de membres de la majorité présidentielle sur cette liste conduite par Renaud Muselier. Confirmation, mais avec une petite réprimande puisque Christian Jacob souligne « l’erreur d’analyse politique » du président sortant de PACA qui, selon lui, « a fait une faute et une erreur d’analyse politique en ne croyant pas en sa seule force et celle de sa famille politique, cédant ainsi aux manœuvre élyséennes ». Au fond, Renaud Muselier est une victime.
Faire porter toute la faute sur Emmanuel Macron est bien pratique. Vieille technique du bouc émissaire qui permet, d’ailleurs, de se dédouaner de ses propres turpitudes (je sais, le mot est fort…). Cela permet de cacher la profonde fracture d’un parti, lointain héritier d’un mouvement qui participa, jadis, au gouvernement de la France. La décision de la fédération LR des Alpes-Maritimes, présidée par Éric Ciotti, de retirer son investiture à la tête de liste en PACA n’est d’ailleurs pas anodine. Et il va être très difficile d’y voir la seule manœuvre du Machiavel de l’Élysée.
Mais plus que l’occultation de la fracture d’un parti, bien peu de choses, finalement, au regard de l’Histoire – après tout, les partis sont des organismes vivants qui naissent, croissent, se transforment et parfois meurent -, rejeter la faute sur le seul Emmanuel Macron permet de passer à côté de l’essentiel. Et qu’est l’essentiel, aujourd’hui, en matière de politique, sinon ce que nous voulons comme avenir pour notre pays ? Sommes-nous attachés à sa souveraineté, c’est-à-dire à son indépendance et sa liberté, ainsi qu’à son identité, ou bien considérons-nous qu’il faut sous-traiter la première à la Commission de Bruxelles et brader la seconde au musée des nostalgies ? Oui ou non : il n’y a pas de juste milieu. Le clivage est là et pas ailleurs. Et ce clivage, cette fracture passent à travers un parti qui pense que l’on peut faire du « en même temps » sur ces sujets essentiels. Or, les élections régionales ne sont pas des élections locales, comme on voudrait nous le faire croire. Y a-t-il, finalement, des élections locales quand tout, aujourd'hui, se tient et s’interconnecte ?
Emmanuel Macron n’est pour rien dans le drame que vivent actuellement les LR. Il ne tire pas les ficelles mais seulement les conséquences. Comme le feront aussi les électeurs, au final.
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