La fonction publique bientôt ouverte aux étrangers ?

passeport

« Sens du service public », ce collectif d'agents publics « soucieux », selon ses propres termes, « de moderniser l'administration pour rendre le meilleur service aux usagers sans laisser personne au bord de la route », ne manque pas d'idées. Alors que le Sénat doit examiner le projet de loi Immigration, il souhaite « réinterroger les conditions d'accès des étrangers non européens à la fonction publique », dans le cadre de l'article 3 relatif aux « métiers en tension ».

Pour être fonctionnaire, il faut avoir la nationalité française ou celle d’un État membre de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen. Dans le cas contraire, on ne peut être embauché que comme contractuel. Insuffisant, pour Sens du service public, qui estime que les étrangers « ne peuvent [...] bénéficier d'aucune perspective d'évolution de carrière, de salaire ou de mobilité professionnelle », sans compter « les difficultés que cette précarité induit quand il faut renouveler son titre de séjour ».

Cette proposition, voyez-vous, part d'une bonne intention. Alors que la fonction publique connaît une crise majeure d’attractivité, pourquoi se priver de compétences en excluant une partie de la population ? De plus, les services publics sont « un vecteur d’intégration républicaine » et traduisent « nos aspirations collectives à l’égalité en droit et en dignité ». Pourquoi priver les étrangers de ces droits ? Ne s'intégreraient-ils pas plus facilement ?

Cette exclusion de la fonction publique est donc une « hérésie » pour ce collectif, qui vient d'adresser aux parlementaires une contribution intitulée Pour une fonction publique à l'image de la société française (sic). Un titre instructif, qui est ensuite explicité. « À l'heure où le débat public fait l'impasse sur les bienfaits de l'immigration, il est urgent de lever les verrous de l'accès des étrangers à la fonction publique », peut-on lire dans le préambule. Le collectif précise que cette règle remonte à 1946 et qu'elle n'est « évidemment » plus en phase « avec l’ouverture internationale des États et la construction européenne ».

L'idée n'est pas nouvelle. En 2009, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE) avait déjà recommandé de supprimer les conditions de nationalité pour accéder à la fonction publique. « En instituant des discriminations entre Français et étrangers », précise le collectif, « le droit entretient l'idée selon laquelle il serait normal d'opérer des discriminations envers les étrangers », ajoutant que « tant que perdurera cette discrimination, la fonction publique ne pourra prétendre être représentative de la diversité de la société française ». Il doit d'ailleurs rencontrer le Défenseur des droits.

« La condition de nationalité a quasiment disparu dans le reste du secteur public », fait-il remarquer, citant plusieurs entreprises françaises aujourd'hui privatisées. Interrogé par Les Échos, l'entourage du ministre de la Fonction publique a simplement confirmé qu'une « extension statutaire n'est pas à l'étude », en rappelant que « l'embauche d'étrangers non européens est déjà possible en tant qu'agents contractuels ». Cette mise au point ressemble plus à un moratoire qu'à un refus catégorique : ce n'est pas le moment de soulever la question, mais on verra plus tard...

C'est ainsi que, progressivement, avec la complicité des gouvernements successifs, on ne fait plus de différence entre les Français et les étrangers, voire entre la France et les autres pays. Autrefois, on aurait parlé de trahison, aujourd'hui on parle d'ouverture et de progrès. Devra-t-on se résoudre à constater que « la France se meurt, la France est morte » ?

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Déjà que nous avons un président de La République complètement étranger aux problèmes et difficultés des Français…

  2. Je trouves cela inadmissible honte a la France. Pour nous plus de problème les étrangers pourront avoir accès a des renseignements comme ils veulent et des terroriste pourrons être dans nos administrations comme déjà je suis sur honte au gouvernement des passeports cartes d’identité et permis de conduire

  3. Faudra-t-il parler d’autres langues que le Français lorsque l’on s’adressera à une administration ? Lorsque l’on voit le niveau de connaissance de notre langue déjà par les Français de deux ou trois générations on peut légitimement s’interroger sur la communication entre fonctionnaires des services publiques et citoyens.

  4. Je n’en croyais pas mes yeux quand j’ai lu cet article ! La fonction publique métier en tension alors que Macron voulait en réduire le nombre en 2017 ? On nous prend vraiment pour des imbéciles ; quand ces initiatives mortifères pour notre nation vont-elles cesser ? Voici un autre exemple de l’entrisme d’atmosphère promu par les frères musulmans que notre Etat de droit complètement inadapté au contexte actuel et que nous, pauvres crétins, devons accepter. Ici, on évoque une règle de 1946 comme obsolète pour justifier cette initiative alors que dans certains cas on utilise des règles datant de 1789 comme d’actualité. C’est de la manipulation politique pour arriver à leurs fins, fins immigrationnistes, islamo-gauchistes, pro-européennes. Oui la France se meurt, oui on veut la mort de la France.

  5. Pourquoi voudriez-vous que l’on prenne soin des Français alors tous les gouvernements depuis Giscard n’ont eu de cesse de détruire la France dans tous les domaines et de la rabaisser au rang d’un pays en voie de récession et d’appauvrissement.

  6. Avec la largesse avec laquelle on distribue la nationalité je ne vois pas bien le besoin d’ouvrir aux purs étrangers les portes de fonctionnariat.

  7. Fonctionnaire: métier en tension! C’est sûr que la fonction publique manque de bras. L’étape suivante sera celle des élus du plus haut niveau qui manque déjà de cerveaux.

  8. Ce serait un scandale, une trahison. Pourquoi pas une armée d’étranger qui pourrait se retourner contre nous ou saboter le pays dans les administrations?

  9. Avec près de 6 millions de fonctionnaires l’emploi dans la fonction publique fait partie des « métiers en tension ? C’est une blague. À quand l’embauche des OQTF dans les administrations ? Bientôt, j’espère !!

  10. Parfaite décision en adéquation avec le progressisme après l’ouverture des frontières l’ouverture des administrations. Quand on sait les difficultés du recrutement de qualité, et de l’arrivée de fonctionnaires fanatiques religieux et où militants politiques de dictatures. Il est certain qu’après ça la France sera mieux géré.

  11. Mon cher Philippe , la France est morte , sacrifiée sur l’hôtel de la mondialisation heureuse. Pour son malheur et celui des  »souchiens »

  12. Au vu de l’état de la France actuellement, cette question est quasiment indécente. Les étrangers qui s’installent en France peuvent s’impliquer en se comportant dignement, en élevant correctement leurs enfants, en respectant nos lois et en nos coutumes. Nous avons déjà pas mal d’élus ayant une double nationalité et c’est choquant, d’autant plus que certains affichent ouvertement des idées qui n’ont rien à voir avec l’amour et le respect dûs à la France.

    Il

  13. Le détricotage de la Nation continue. Nous voyons déjà les problèmes liés à l’immigration aujourd’hui, j’imagine les difficultés en cas de conflit si les étrangers islamistes étaient dans l’armée, la police, les administrations. La gauche doit cesser son entreprise de démolition.

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