La France à l’heure du Vatican : sale temps pour les anticléricaux à front bas

Les médias vibrent pour l'actualité romaine, sans le moindre égard pour les militants anti-statues et anti-calvaires...
Pope Francis gestures at the end of the weekly audience in Saint Peter's Square at the Vatican

Dans les foyers français, la mort du pape et l’élection de son successeur occupent les conversations. Les médias du monde entier le savent et traitent abondamment le sujet. Impossible de passer à côté : le pape est certes le chef du plus petit État du monde, mais il est surtout le chef spirituel de 1,4 milliard de catholiques répartis dans le monde. Excusez du peu. Et puis, il y a ce scénario qu’on croirait pensé par Hollywood s’il n’était si ancien : les obsèques, l’élection, les traditions multiséculaires, la chapelle Sixtine, les papabile, les conservateurs, les réformistes. Le suspense va se prolonger jusqu'à la bénédiction du nouveau pape urbi et orbi et peut-être au-delà. Un séquençage de film à suspense, pas seulement pour les fidèles réguliers des églises. C’est le moment de penser à ceux qui s’opposent pied à pied, tout au long de l’année, à la moindre manifestation de ce catholicisme qui fait l'identité de la France et de l'Occident, qu'on le veuille ou non.

Fausse polémique des drapeaux en berne

Ainsi, ça grince forcément dans le logiciel islamo-compatible de LFI. Pas de chance : la succession à la tête de l'Église intéresse davantage qu'une logorrhée d'Hugo Chávez. « Je ne suis pas d'accord avec les drapeaux en berne, clame Mathilde Panot. La République n'a pas à rendre hommage au chef de l'Église catholique » (vous êtes 84 % à approuver la mise en berne des drapeaux). Sauf que le pape est aussi un chef d’État et que la France a mis ses drapeaux en berne à la mort de la reine d’Angleterre, par exemple. Plus maligne, Clémence Guetté (députée LFI aussi) a envoyé, sur les réseaux sociaux, une opération de récupération aussi fine qu’une corde à nœuds : « Il aura alerté sur l'imminence de la catastrophe climatique, dit-elle. Il a dit sa honte de l'insensibilité et la cruauté de nos sociétés face aux morts en Méditerranée et aux massacres à Gaza. Il a dit son dégoût d'un système capitaliste qui broie et détruit les hommes et l'amour qu'ils se portent. » On sent l'influence des cathos de gauche. Clémence Guetté n’insistera pas sur les positions très fermes du pape sur l’avortement…

Mais surtout, dans cette déferlante médiatique sur les enjeux chrétiens, on songe aux anticléricaux virulents qui consacrent à ce combat pas très actuel l’essentiel de leurs forces, dans les loges ou… à la libre-pensée. Certains chiffres ont de quoi décourager les plus enragés. Comme ce sondage CSA commandé par CNews, Europe 1 et Le JDD et paru le 20 avril, selon lequel 77 % des Français pensent que la France est un pays de culture et de tradition catholiques. Trois sur quatre se rendent à cette évidence que nos laïcards, avec l'appui de toute la gauche, se donnent tant de mal à nier. Tout ça pour ça ?

Cette proportion encore importante est cependant en retrait rapide : voilà un an, en 2023, les Français étaient 84 % à admettre leurs racines chrétiennes ; 7 points perdus en un an. On peut supposer les effets de la poussée d’un islam conquérant, plus que l’influence de la libre-pensée. Et pourtant, voilà des années que ces militants au procès facile tombent sur toutes les manifestations de catholicisme les plus anodines avec une implacable méthode et un recours systématique aux tribunaux.

Les libres-penseurs à la manœuvre

La libre-pensée s’était dressée contre la statue de saint Michel, aux Sables-d’Olonne. Comme le rappelait Clémence de Longraye dans BV, la même libre-pensée, pourtant très conciliante avec l’islam, s’était attaquée, devant le tribunal administratif, à une statue de la Vierge sur l’île de Ré, à la croix de saint Jean-Paul II à Ploërmel, aux crèches de Noël qui défigurent, selon elle, les mairies pendant l’Avent, aux subventions aux écoles privées catholiques ou encore à la participation d’élus à des fêtes religieuses traditionnelles. Souvent avec succès. Les grands combattants de la libre-pensée ont aussi entrepris de débaptiser un groupe scolaire public, à Toulouse, qui porte le nom du fameux cardinal Saliège, pourtant compagnon de la Libération et Juste parmi les nations ! Une priorité dans la France contemporaine… Soucieux de ne pas laisser les tribunaux inoccupés, la libre-pensée a encore demandé le démantèlement, en 2018, de deux statues à Cogolin (Var), d’un calvaire à Plorec-sur-Arguenon (Côtes-d’Armor, 2020), d’un autre à Cré-sur-Loir (Sarthe, 2020), d’une Vierge à Publier (Haute-Savoie, 2011-2017).

Les mêmes se sont offert une campagne de « débaptisation », poussant à demander la suppression des noms des baptisés des registres paroissiaux. Résultat : alors que l’affaire Bétharram occupe tous les médias mainstream, la France vient d'enregistrer un record de baptêmes, les correspondants de tous les grands médias campent au Vatican, l'engouement est palpable, les audiences sont au rendez-vous, les Français en redemandent… À désespérer, on vous dit. Dur dur, d’être un anticlérical obtus, par les temps qui courent.

Picture of Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

Un commentaire

  1. Oui, c’est vraiment dur de vivre dans un pays pourtant laïc ou des milliers de communes portent le nom d’un Saint ou d’une Sainte, où la plupart des jours fériés se rapportent à des fêtes chrétiennes, ou les calendriers ignorent les Mohamed, les Karim, les Mouloud et autres Nacer …

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

La France est championne… des demandes d’asile
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois