La France et Castaner mis en échec par les Black Blocs ?

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Une fois de plus, la déferlante Black Blocs était attendue, annoncée, programmée. Comme un défi au pouvoir. Une fois de plus, elle aura déferlé sans que rien ne semble pouvoir l'arrêter. Mais cette fois-ci, ce n'était pas aux gilets jaunes mais aux marcheurs pour le climat d'être infiltrés. Une fois de plus, les déclarations de Castaner, façon « Nous ne laisserons pas Paris livré aux casseurs », et bla-bla-bla, et bla-bla-bla, aurons été de ridicules rodomontades.

Tout juste a-t-on pu, samedi, en limiter les nuisances. Mais tout de même : 7.500 policiers déployés, des plans d'action mis en œuvre, de gros moyens en matériel engagés, préfecture, Intérieur, direction de la police, de la gendarmerie et tout le toutim, tout cela ne suffirait pas à contenir quelques centaines de jeunes ? Des jeunes qui se délectent de narguer ainsi le pouvoir, à la face du monde entier - c'est devenu, d'ailleurs, leur principale motivation, bien avant la révolte ou l'insurrection. Comme c'était le cas, également, des supporters algériens en juillet. Pourtant, on a vu au G7 que les exactions des Black Blocs pouvaient parfaitement être annihilées, pour peu qu'on s'en donne les moyens.

Mais quand il s'agit de protéger les gens ordinaires, les commerçants, restaurateurs, cafetiers, kiosquiers, là, on semble montrer moins de zèle. Aujourd'hui, la vraie colère est de leur côté. Quand on connaît la difficulté quotidienne à faire vivre un commerce, on sait ce que l'agitation permanente leur coûte en termes de chiffre d'affaires. On imagine aussi l'impact en termes de tourisme, vu l'image terriblement dégradée de la France à l'étranger. Cela fait presque un an que l'on débat en vain, au sein des ministères et sur les plateaux télé. Pendant ce temps, les samedis - sans compter les jours de victoires sportives de certains pays - deviennent une angoisse pour les Parisiens, et l'impuissance du pouvoir est de plus en plus patente.

On a le sentiment que les Black Blocs ont été instrumentalisés par le pouvoir pour discréditer les gilets jaunes. Et se parer des vertus du « parti de l'ordre ». En fait d'ordre, la chienlit devient l'ordinaire, quelque chose de régulier, une variable de nos existences, en quelque sorte. Il serait donc temps que le gouvernement s'inquiète réellement de la vie de nombreux Parisiens, consignés à domicile presque chaque samedi depuis un an, et qu'il s'inquiète de la réputation de la France, gaussée aux quatre coins du monde, et remette ce pays debout. Mais en est-il capable ? Faites travailler vos mémoires : avez-vous déjà vécu une année pareille ? Mai 68 n'avait duré qu'un mois. Quel autre pays occidental a jamais connu une situation pareille ?

L'exception française, aujourd'hui, c'est la pagaille, l'insécurité, le désordre. Il serait temps que chacun s'aperçoive, surtout parmi les électeurs de droite qui l'ont perçu un temps comme « le parti de l'ordre », que ce pouvoir est en fait le parti de l'impuissance, de l'anarchie quotidienne, de la violence banalisée. Et qu'il en tire les conséquences dans les urnes.

Olivier Piacentini
Olivier Piacentini
Ecrivain, politologue

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