La France humiliée : dix mesures de rétorsion possibles contre l’Algérie

TEBBOUNE

Vieux débat que celui des mesures de rétorsion visant à décourager les poussées belliqueuses du pouvoir algérien à l’égard de la France. La tension est montée de plusieurs crans, ces derniers mois, depuis la réaffirmation, le 29 octobre 2024, par la France de sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Le 16 novembre, l’Algérie procède à l’arrestation de Boualem Sansal à l'aéroport d'Alger. Le 9 janvier, on apprend le refoulement, par les autorités algériennes, de l’influenceur algérien Doualemn, dont l’expulsion avait été décidée après une série de harangues et de menaces contre la France, notamment auprès de ses 138.000 abonnés sur le réseau social TikTok. Le 10 janvier, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, déclare à la presse : « On a atteint avec l’Algérie un seuil extrêmement inquiétant. L’Algérie cherche à humilier la France. » Quelles mesures de rétorsion la France pourrait-elle prendre ? Pour que la France cesse d'accepter les humiliations, comme le fait son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, pas moins de huit pistes se dégagent.

1re piste : rétablir les visas pour la nomenklatura algérienne

Annoncée le 12 janvier par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, l’idée consisterait à supprimer l'accord franco-algérien de 2013, « un accord gouvernemental qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien [de] venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement […] ça me paraît plus intelligent, plus efficace et ça peut se faire très rapidement », explique le garde des Sceaux Darmanin, précisant que la mesure ne toucherait pas « les 10 % de nos compatriotes qui ont des liens de sang, de sol, de culture, y compris les pieds-noirs ». Les grands pénalisés, dans cette histoire, seraient en effet les dignitaires algériens, qui apprécient beaucoup de pouvoir venir se soigner... en France.

2e piste : interdire nos aéroports à Air Algérie

L’idée est proposée par l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, lors d’un entretien accordé au Figaro : « Si la compagnie transporte des passagers qui ne peuvent pas descendre, interdisons Air Algérie. Eux, en rétorsion, interdiront Air France, mais qui des deux parties sera piégée ? » À elle seule, la liaison Paris-Alger transporte plus d'un million de passagers par an.

3e piste : imposer aux Algériens des autorisations de circuler

Xavier Driencourt rappelle, par ailleurs, que « les diplomates français, lorsqu’ils veulent quitter leur ville - Alger, Oran ou Annaba -, doivent demander une autorisation à la police locale huit jours à l’avance et, même, être escortés. C’est d’ailleurs pour ça que personne de l’ambassade ne peut aller au domicile de Boualem Sansal à Boumerdès, à 40 kilomètres d’Alger. Je ne sais pas si M. Retailleau nous écoute, mais je lui suggérerais, dès lundi - et ça ne relève que de lui -, de décider que les gens de l’ambassade et du consulat d’Algérie à Paris ne pourront désormais se déplacer en France sans autorisation. » Ce type de mesure s’appliquant aussi aux ecclésiastiques, comme l’archevêque d’Alger, Xavier Driencourt propose donc, non sans une pointe d’humour, de dire « au recteur de la mosquée de Paris qu’il ne peut plus se déplacer en France sans autorisation. C’est dans leur intérêt, pour leur sécurité, pour qu’ils ne croisent pas des Français qui seraient les relents du colonialisme comme ils le formulent là-bas, et même pour qu’ils ne me croisent pas. »

4e piste : réduire le nombre des visas aux Algériens

Le 10 janvier devant la presse, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, laisse entendre que la France pourrait réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens. « On leur donne des visas, mais eux ne donnent pas assez de laissez-passer consulaires. » Donnant-donnant, donc. Un rapport de la Direction générale des étrangers en France (ministère de l’Intérieur) précise qu’en 2023, le nombre de titres de séjour accordés à des ressortissants algériens était de 646.462.

5e piste : dénoncer l'accord de 1968

Déjà révisé trois fois depuis sa signature au sortir de la guerre d’Algérie, l'accord de 1968 facilite le séjour et l'emploi des ressortissants algériens en France, garantissant une plus grande liberté d’installation en cas de projet commercial ou artisanal (pas d’obligation de démonstration de la viabilité du projet, par exemple). Mais aussi l’obtention d’une carte de séjour de dix ans après seulement un an de résidence, contre trois pour les autres étrangers hors Union européenne. Et, enfin, l’obtention immédiate d’une carte de séjour pour les conjoints après l’entrée en France avec un visa de court séjour, alors qu’un visa de long séjour est nécessaire pour les autres étrangers hors Union européenne. Stop. Retour au cadre commun.

6e piste : diminuer l’aide au développement

Le 10 janvier sur LCI, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot indique que « l'aide au développement [constitue l’un des] leviers » à la disposition de la France. En 2022, la France a versé 131,79 millions d'euros au titre de l'aide au développement en Algérie, montant en constante augmentation sur les dernières années. Étant donné les budgets concernés, une telle mesure serait toutefois plus symbolique que réellement pénalisante pour le pouvoir algérien.

7e piste : augmenter les droits de douane

Nous entrons là dans un des très nombreux domaines dans lesquels la France est tributaire du bon vouloir de Bruxelles. Une augmentation des droits de douane sur les produits algériens ne peut être mise en place sans l’aval de l’Union européenne.

8e piste : boycotter les énergies algériennes

La France passe actuellement par l’Algérie pour 8 % de ses approvisionnements en gaz et 10 % de ses approvisionnements en pétrole. Un boycott pourrait s’envisager, mais à une condition et avec un risque. La condition, c’est que la doctrine française actuelle vis-à-vis des énergies russes, décidée depuis la guerre en Ukraine, s’assouplisse. Chose peut-être envisageable si une négociation russo-ukrainienne se met rapidement en place. Le risque (relatif, cela dit), il est pour les entreprises françaises installées en Algérie. Il y en aurait 450, employant 40.000 personnes, dont des filiales de Danone, Nestlé Waters, Groupe Avril, Natixis, BNP Paribas, Aventis, Sanofi et surtout TotalEnergies.

9e piste : bloquer les transferts de fonds vers l'Algérie

Selon la Banque mondiale, en 2022, les Algériens installés à l’étranger, parmi lesquels les Algériens installés en France, ont transféré 1,8 milliard de dollars vers l'Algérie, notamment via les services de Western Union.

10e piste : confisquer les avoirs français des apparatchiks algériens

La procédure, expérimentée avec une rapidité et une efficacité record contre les avoirs russes, pourrait être appliquée efficacement contre les dirigeants algériens, peu avares de reproches envers la France mais riches de nombreux biens, de ce côté de la Méditerranée.

Quelle que soit la piste envisagée, il faut avant tout une volonté politique, ce que le contexte actuel ne favorise guère.

Vos commentaires

120 commentaires

  1. Il est certains que derrière l’action du gouvernement Algérien envers la France , ce cache le kondukator Russe ,puisque depuis 1954 l’ex URSS puis la Fédération de Russie ont des accords avec l’Algérie .
    Depuis le soutient de la France envers l’Ukraine , la Russie utilise les pays Africains qui ont des accords avec la France pour nous nuire.
    La France ne doit plus soutenir Financièrement (Franc CFA), ni industriellement les pays du continent Africain qui obéissent ou qui soutienne la Russie Du Kondukator.

  2. Une suggestion: activer notre service de renseignement financier; TRACFIN : il est habilité au secret-défense et fait partie de la « communauté du renseignement », inclus les services étrangers. De surcroît, il a beaucoup investi dans les serveurs informatiques, pour stocker et traiter les données financières.

  3. Beau catalogue qui fait plaisir à lire…pour autant je serais fort étonné qu’une seule de ces mesures soient prises…J’attends d’ailleurs avec impatience le résultat de l’enquête diligentee par S.Knafo sur  » les relations France Algerie,qu’elle doit publier le 5 février..
    D’ailleurs qu’elle prenne soin d’elle … ce qu’elle fait est admirable,mais risqué…

  4. Ca devrait déjà être fait. Il ne suffit pas d’en parler, il faut appliquer d’urgence ces 10 mesures de rétorsion en les SUPPRIMANT carrément et non pas en les réduisant. Ca fait tout de même 62 ans que nous les entretenons comme des gamins immatures, c’est à dire depuis qu’ils ont obtenu l’indépendance en 1962 avec des privilèges royaux qui ruinent notre économie et qui leur permettent d’aller et venir en France comme dans un moulin.

  5. Pourquoi écrire « diminuer l’aide au développement ». En vertu de quoi l’Algérie a besoin de la France pour se développer avec les richesses pétrolière et naturelles de ce pays, sans compter tout ce que notre pays a dépensé pendant des dizaines d’années pour développer l’agriculture, les réseaux routiers, les aéroports et les ports. C’est plutôt ce pays qui devrait nous reverser de l’argent en compensation des richesses qu’il tire de tout ce que nous avons fait pour lui. Il serait bon que nous affirmions nos décisions dans l’UE, seule difficulté à affronter pour que ces mesures soient réellement appliquées.

  6. Évidement de bonnes mesures, si certaines sont aisées d’autre plus difficiles, le problème c’est que d’après quelques renseignements que je peu avoir c’est que l’ensemble de la population algérienne ne vas pas dans le sens de leur gouvernement.

  7. Il parait qu’il y a encore beaucoup (?) d’Algériens plus que centenaires qui touchent encore en Algérie leur pension de retraite payée par nous. Et aussi d’autres avantages sociaux de notre si généreux pays, avec l’argent des contribuables bien sûr. Pourquoi n’en parle-t-on plus ?
    La couardise de nos politiciens ne fait-elle pas le lit du RN ? Un Trump Président chez nous, ça changerait pas mal de choses il me semble …

  8. Bien sûr il y a nombreux moyens.
    De ce fait vous les avez bien nommés.
    Ce n’est pas depuis quelques semaines que ce gouvernement multiplie les humiliations.
    Qu’on arrête de parler.
    On passe à l’action.
    Mais je doute fort de la fermeté de la France.
    Et le président algérien le sait.

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