La France souffre d’être dirigée par des communicants et non par des chefs !

Macron masqué

L’épidémie de Covid-19 révèle de façon criante l’absence de chefs à la tête du pays.

L’adage a déjà fait couler beaucoup d’encre depuis le début de la crise : « Gouverner, c’est prévoir. » La réaction du chef de l’État et des membres du gouvernement, lorsqu’on le leur a rappelé, s’est partagée entre déni et renvoi de l’accusation, façon « C’est çui qui l’dit qu’y est ». Ceux qui avaient effectivement vu venir avec inquiétude l’épidémie et ses tombereaux de cadavres n’ont eu aucun mal à remettre en lumière leurs prévisions de février, voire janvier 2020. Les médecins, en particulier, sont furieux.

Nous sommes dirigés par des gens qui, au lieu d’assumer leurs retards et leurs erreurs, nient, accusent ou se cachent derrière la parole des experts, qui ne sont que des conseillers, pour ne pas avoir à décider eux-mêmes. Le maintien des élections municipales ? Ce n’est pas la faute d’Emmanuel Macron, c’est celle des experts qui l’ont mal conseillé, des chefs de l’opposition qui l’ont acculé.

Toute l’action du gouvernement semble focalisée, non sur la résolution de la crise, mais sur l’image qui va en être perçue par les Français.

Au lieu de répondre à un problème concret et urgent par des mesures pragmatiques d’exception, il tergiverse et privilégie les coups de com’. Ainsi, de nombreux laboratoires vétérinaires se sont vu interdire de procéder aux tests dont manque la France parce qu’ils n’y sont pas habilités en temps ordinaire : « Les laboratoires départementaux ont toutes les compétences pour procéder à des tests Covid-19. Mais la loi ne leur permet pas de participer à l’effort national, même en ces circonstances exceptionnelles, ce qu’ils déplorent », rapporte Ouest France, ce 2 avril.

Le chef de l’État se montre aux caméras dans des hôpitaux débordés, dont il complique le travail par ses visites. On a mis en scène le montage d’un hôpital sous tentes de trente lits - certes il s'agissait de lits de réanimation lourdement équipés - tandis que l’Espagne, l’Angleterre et les États-Unis en installaient des milliers sous des hangars.

La communication, le maître mot de ce gouvernement aux abois, sème la confusion parce qu’elle n’est qu’une parole creuse au lieu de l’expression d’une action. Plutôt que de dire clairement où on en est et où on va, les dirigeants du pays mentent, jouent au ni oui ni non et au mot interdit (« confinement »), emploient des expressions démesurées pour se donner de l’étoffe, tel ce mot ridicule de « guerre » pour qualifier une crise sanitaire.

Ça ne marche pas. Le « en même temps » déconcerte sans rassurer. Les mots exprimés sans affect ne touchent pas. La mondialisation de l’information contredit la parole officielle. La France souffre d’être dirigée par des communicants et non par des chefs.

Quel meilleur exemple que la prétendue inutilité des masques ? Marina Carrère d’Encausse vient de déclarer, au micro d’Europe 1, que c’était un mensonge, comme d’autres médecins le clamaient déjà. « Pour une bonne cause », excuse-t-elle, pour éviter une ruée sur les pharmacies.

On aurait pu admettre qu’il n’y en avait pas assez, expliquer ce qu’est un masque anti-projections et à quoi il sert, diffuser des modèles pour que chacun les fabrique et faciliter l’approvisionnement des matériaux nécessaires. Il sera difficile, maintenant, d’inverser la croyance. Le scandale éclate, trop tard. La contagion s’est répandue entre-temps.

La France est actuellement sauvée par les chefs, les vrais, qui suppléent en urgence à la défaillance de la tête de l’État. Les chefs d’entreprise et d’atelier, les patrons de grands groupes, les chefs de services hospitaliers, les présidents d’associations, les meneurs naturels mettent en place spontanément, à leur niveau, les actions qui permettent d’approvisionner, de fabriquer, d’équiper, d’inventer, de fédérer, d’organiser et de susciter les initiatives individuelles.

Par pitié pour la France, que l’on n’élise plus des communicants mais des chefs.

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