La « gaillarde » Valérie Pécresse fait sa rentrée politique à Brive

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"Si nous ne savons pas additionner toutes les chapelles, nous ne construirons pas la grande cathédrale de la droite et du centre que beaucoup de nos électeurs attendent de notre part." Ainsi parlait le prophète Christian Estrosi. Il avait fait spécialement le déplacement en Corrèze, samedi, pour soutenir Valérie Pécresse, nouvelle roue de secours de ce concept oxymorique qu’est la « droite et le centre » et que l’on croyait remisé au garage depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

Quelques remarques sur cette rentrée politique de Valérie Pécresse à Brive-la-Gaillarde. Pourquoi la Corrèze, d’abord ? Évidemment, cette rentrée ne pouvait se faire à Jarnac, cité mitterrandienne de Charente, mais avouons qu’il y avait de l’idée tout de même : scier les pattes de Wauquiez la veille de son ascension du mont Mezenc, "je trouve Madame mauvaise copine", comme chantait Brel sur les remparts de Varsovie ! Donc, la Corrèze, pourquoi pas. Et puis, c’est une terre chiraquienne. Chirac, aujourd’hui, est entré vivant dans la mythologie de ceux que l’on regrette une fois qu’ils ont quitté les affaires. Et c’est vrai que Valérie Pécresse fut une proche de l’ancien Président qui l’appela dans son équipe dès 1997. La Corrèze, c’est aussi une terre hollandaise. Le point commun entre les deux hommes ? L’immobilisme, peut-être. Alors, toujours Brel, "je trouve que Madame est gonflée", en prétendant incarner un renouveau de la politique.

On vous épargnera le discours de la présidente de la région Île-de-France : un enfilage de lieux communs, notamment sur ce refus d’opposer les gens des villes au gens des campagnes. Une sorte de version moderne de la fable de La Fontaine - le génie en moins. En appelant aux mannes de son mentor, elle déclare : "La pensée de Chirac est d’actualité, il a théorisé qu’il ne pouvait pas y avoir de fracture entre l’urbain et le rural." Pas faux, quand on pense que Chirac fut en même temps député de Corrèze et maire de Paris. Une vision cependant tronquée de ce que devient notre société, sous les coups de la mondialisation : il y a des Français très pauvres dans les grandes métropoles et à leur périphérie immédiate, et il y a sans doute des gens très riches qui vivent loin des grands centres urbains. La réelle fracture est, en fait, entre ceux qui profitent de la mondialisation et ceux qui la subissent. On n’a rien entendu de cela dans le discours de Mme Pécresse. Un enfilage de lieux communs, aussi, sur ce rejet dédaigneux des populismes. Pas bien, le populisme. Beurk ! Nous, nous sommes des gens sérieux, polis, bien élevés, destinés depuis toujours à gouverner. Du reste, Mme Pécresse a gouverné : elle fut ministre de Nicolas Sarkozy. On connaît la suite…

En fait, à écouter ce discours et ceux qui accompagnaient Valérie Pécresse dans cette escapade campagnarde, on a comme la curieuse impression qu’ils n’ont rien compris ou ne veulent pas comprendre. Que Macron a aspiré le centre pour accomplir la politique libérale que l’on n’a jamais osé faire à « droite ». Et, donc, que la cathédrale estrosinienne – dont le style néo-baroque paraît pour le moins très incertain - a pris un sacré coup dans ses chapelles latérales de gauche. Que - plus important - les mouvements de fond qui se développent en Europe, notamment en Italie, autour de la défense de notre civilisation européenne dépassent largement les petites combines électorales héritées des pères Queuille et Chirac.

Nice-Brive : la diagonale du vide ou du fou ? Les deux, peut-être. Bel effort, en tout cas, notons-le, de Christian Estrosi qui a fait le déplacement. Fin de l’idylle avec Macron ou haine indéfectible pour Wauquiez ? Les deux, peut-être, aussi.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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