La gauche pleure sur la France périphérique mais ne jure que par Médine

Medine_Sevran

C'est l'une des données politiques majeures de ces dix dernières années, lisible dans les cartes électorales des deux dernières présidentielles et théorisée par un Christophe Guilluy ou un Jérôme Sainte-Marie : la France rurale et périphérique est devenue un bastion du vote Le Pen. Cette nouvelle géographie électorale a relégué la gauche NUPES dans les métropoles et les banlieues à forte population d'origine étrangère. C'était vrai à la présidentielle et aux législatives de 2022 puisque, comme le rappelle Lucas Jakubowicz sur Twitter, le 6 août, « 30 % des députés NUPES sont élus en Île-de-France (40 % LFI) et que plus de la moitié des députés EELV sont dans le centre des grandes métropoles ».

Il y avait là un sujet de réflexion tout trouvé pour les universités d'été de la NUPES. Et Libé ne pouvait pas ne pas mettre ses propres neurones au service de cette nouvelle quête du Graal à gauche : « Comment gagner la campagne ». Et - surprise ! - la gauche passe aux aveux.

D'abord, on sait aussi que cette concentration de la gauche sur ces deux électorats urbains n'est pas un hasard mais le fruit de l'application de la fameuse stratégie Terra Nova, piquée au PS. Et Manuel Bompard n'hésite pas à reconnaître, malgré sa langue de bois, que c'est électoralement payant : « Sur le fond, c’est absolument faux mais électoralement, même si ce n’est pas le fruit d’une stratégie, c’est vrai. » Mais payant jusqu'à un certain point : cela permet de rafler 150 sièges, mais ni d'être qualifié pour le second tour à la présidentielle, ni d'avoir le groupe parlementaire d'opposition le plus nombreux. Là, c'est le RN qui gagne.

Ensuite, la gauche met le doigt sur les abcès idéologiques qui la rendent repoussante pour la France rurale et périphérique. C'est Philippe Brun qui s'y colle. Seul élu NUPES d'un département conquis par le RN (l’Eure), il sait de quoi il retourne : « Les discours anti-police et anti-autorité ne sont pas bien perçus. Ce qui braque, c’est ce rapport aux institutions. Même si ce n’est pas le cas, on donne l’impression qu’on est du côté de la délinquance. »

Avec une telle lucidité, on aurait pu s'attendre à un aggiornamento, un recentrage. En cet été 2023, c'est tout le contraire : la gauche ne jure que par Médine, à qui EELV et LFI déroulent le tapis rouge pour leurs universités d'été, et la haine anti-police après les émeutes bat son plein chaque fois qu'un leader insoumis s'exprime.

Aveuglement idéologique ? Ou machiavélisme terranovien ? Les deux. Mais le calcul est clair : les métropoles et les banlieues constituent un réservoir considérable de voix pour la présidentielle et de circonscriptions que se partagent seules la gauche et Renaissance. On comprend que les stratèges insoumis parient sur ce gisement tout en versant des larmes de crocodile sur ces pauvres ruraux et périphériques séduits par le RN.

Mais en disant cela, on pointe aussi le défi symétrique qui attend le RN pour pouvoir gagner : l'évolution des cartes de 2017 à 2022 a montré que sa forte progression s'effectuait précisément dans la France rurale et périphérique, mais qu'il avait du mal à mordre vraiment dans l'électorat des métropoles, bastions NUPES et Renaissance. Or, pas de victoire possible, même avec une progression identique forte hors des métropoles, sans capter aussi une part conséquente de l'électorat urbain.

Le dernier mot, tout de même, à Sandrine Rousseau, à qui il arrive aussi d'avoir des éclairs de génie : « Ce qui fait le succès de Marine Le Pen, c’est qu’elle a un vrai respect des gens, elle leur donne une forme de fierté. » On ne saurait mieux dire sur la gauche.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Ce n’est pas gentil de faire boire Sandrine, voyez ce que ça donne : Elle se met à balancer des vérités qui fâchent. In vino véritas…

  2. Pour une fois Mme Sandrine Rousseau, j’emploie le Mme car je respecte les gens même si leurs propos sont loin de mes idées, a une lueur de lucidité.

  3. Il faux être « de gauche-des-villes », ça fait plus « bon chic bon genre, collier de perles, foulard Hermès ».
    C’est impératif pour le CV, le laissez-passer nécessaire pour être accepté, reçu !
    Puants jusqu’aux extrémités.

  4. La conclusion idoine de Sandrine Rousseau est d’une limpidité absolue (pour une fois) . La gauche a depuis belle lurette perdu tout son électorat du monde rural, du travail, elle ne puise dans ses électeurs que les ressortissants des banlieues à grand coup de propagande anti française , et ses représentants siègent dans le « Temple de la Démocratie » (à savoir l’Assemblée Nationale) quelle funeste antithèse de notre patrie .

  5. Nous les ploucs des campagnes, n’avons qu’un droit : payer et payer encore, pour ces.islamos gochos bobos, déconnectés de la vraie vie. Payer pour ces pseudo artistes qui vomissent la France et sa belle culture judeo chrétienne. Payer pour ces politicards déconnectés et hyper protégés dans leurs palais dorés, etc. Et pendant ce temps, plus de services publics pour ces contribuables spoliés : par ex. 32 élèves par classe à 3 niveaux contre maxi 15 élèves chez les banlieusards ! Pourquoi ? Certains gosses seraient-ils tellement plus bête que d’autres ou alors discrimination injustifiée ? Pas, ou plutôt plus du tout, de transports en commun pourquoi ! Les commerces services médicaux services publics, établissements scolaire, etc, seraient-ils plus proche en milieu rural ? Ou tout simplement des politicards décideurs décérébrés tellement privilégiés qu’ils n’ont aucune notion de la vraie vie ?

  6. « le défi symétrique qui attend le RN pour pouvoir gagner » = arriver à contrer la fraude électorale.

  7. Lfi élu par ses protégés des banlieues « sensibles » et plus subventionnées qu’une MJC et nos bobo écolos qui élisent des perchés d’EELV… les ouvriers et habitants de nos belles campagnes en ont soupé des discours fumeux et creux … ils payent l’idéologie de la gauche depuis 1981 et voient ce que la France est devenue …

  8. Une solution: retirer la carte d’électeur (trice) à ceux et celles qui ne rapportent rien dans les caisses du pays.

  9. de toute façon sans alliances des droites ( sans les LR pro-macron et les centristes ) le RN sera toujours second !!

    • Piège sémantique : ni le RN ni Les Patriotes ni LR ni Reconquête et Cie ne sont « à droite ». C’est une étiquette artificielle collée par les socialistes pour les discréditer. Et ça fait 50 ans que ça marche, car « ceux d’en face » sont de tels benêts qu’ils ont accepté cette étiquette perdante à tous les coups. – – – – – – – La droite est individualiste et la gauche est collectiviste. De façon excessive, la droite est élitiste (= E. Macron), et la gauche est totalitariste (= communisme, fascisme – qui a toujours été à gauche). – – – – – – – Le vrai clivage actuellement : patriotes-démocrates / mondialistes-totalitaires.

    • Vous avez raison. Et d’ailleurs avant 1981 Mitterrand l’avait compris : il fit cette réflexion : [ De Gaulle est au pouvoir, nous en avons pour 20 ans – il faut s’allier avec les communistes, ce qu’il fait avec G. Marchais avec le programme commun ….on connait la suite, une fois élu il a rompu ce pacte et souvenez vous :

      Georges Marchais en vacances en Corse, en lisant le journal la trahison de Mitt’ …… Liliane on fait les valises on rentre en France !!!

  10. M. Sirgeant, s’agissant des idiots particulièrement utiles à la macronie, merci de ne pas omettre d’accoler des guillemets au mot « insoumis » …

  11. Oh que non monsieur ce n’est pas une impression , vous donnez vraiment raison aux délinquants et vous les soutenez , ce n’est un secret pour personne . Je vous rassure la Macronie vous soutient . Même notre Sandrine Rousseau commence a y voir clair , incroyable .

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois